Discours du Président de la Fédération, M. Juan M. Suarez del Toro Rivero, sur le besoin pour toutes les sociétés nationales Croix-Rouge et Croissant-Rouge de collaborer plus pour le bien de l'Afrique, 19 Octobre 2008.

C’est pour moi un immense plaisir et un grand honneur de pouvoir être avec vous ici à Johannesburg et de prendre part aux travaux de la 7e Conférence panafricaine qui débute aujourd’hui.

Je suis convaincu qu’à travers le dialogue et en faisant connaître nos expériences et nos inquiétudes, nous accomplirons un immense pas en avant dans l’action humanitaire en Afrique. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons agir ensemble pour l’Afrique.

Nous sommes réunis aujourd’hui à Johannesburg alors que les grands défis humanitaires qui ont été définis à la dernière Conférence internationale restent posés : le changement climatique et toutes ses conséquences, sur le plan humanitaire, pour les personnes vulnérables et pour l’avenir du monde ; la migration qui devient non seulement un besoin mais aussi, malheureusement, une tragédie pour les personnes qui, alors qu'elles fuient leur pays, se trouvent aux prises avec l’océan ou avec la discrimination et l’absence d’accès aux services.

La violence urbaine continue de nous rappeler que nous devons faire bien davantage dans ce domaine en travaillant auprès des communautés, en faisant connaître nos valeurs humanitaires et en encourageant le respect de l’autre, qui est peut-être différent.

Bien que les Sociétés nationales se soient employées avec succès à renforcer leurs programmes, le VIH et le sida restent d’immenses défis auxquels auquel nous devrons encore longtemps consacrer notre attention et nos ressources.

Mais en ce moment précis, une autre crise, aux conséquences graves nous inquiète tous profondément, que nous soyons du Nord ou du Sud. Je pense à la crise financière.

Dans le Nord, on s’attache à sauver les institutions financières, mais dans le Sud, les gens s’efforcent de préserver leurs moyens d’existence et de protéger leurs familles, déjà vulnérables.

La baisse du pouvoir d'achat dans le Nord pèsera sur le cycle de production dans le Sud et sera lourde de conséquences sur le plan humanitaire, car elle diminuera la capacité des personnes vulnérables à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches. Les répercussions de la crise pourraient se faire sentir longtemps, et même toucher les générations à venir dans les domaines de l'éducation et de la santé.

Dans ce contexte, la Conférence nous offre une occasion de mener un débat et de convenir de la marche à suivre.

Nous travaillerons sur les tendances humanitaires en Afrique et mènerons une réflexion, dans le cadre des différentes commissions, sur les communautés en action, le renforcement de la résilience des communautés et le financement de l'action communautaire. Nous parlerons aussi des moyens d’améliorer les partenariats et les alliances, ainsi que de promouvoir la sécurité routière.

La Conférence sera une occasion de convenir des éléments d'un partenariat efficace avec nos gouvernements et nos autres partenaires, comme l'indique son slogan « Agir ensemble pour l’Afrique ».

Je suis convaincu que les défis auxquels nous sommes tous confrontés ne peuvent être surmontés qu'à travers les partenariats et la coopération.

Les besoins humanitaires sont immenses et nous avons tous des forces et des compétences. Si nous les déployons ensemble, nous obtiendrons des résultats véritablement tangibles et nous contribuerons à la satisfaction des besoins.

Depuis que je suis Président de la Fédération internationale, je m’emploie, avec le Conseil de direction, à travailler en collaboration étroite avec les Sociétés nationales en accordant une attention particulière à l’Afrique. Nous apportons un soutien accru aux Sociétés nationales africaines pour qu’elles puissent surmonter les défis humanitaires qui se posent au continent et réaliser le potentiel de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans le domaine humanitaire, de façon à mettre à profit tous les avantages qu’offre leur réseau de volontaires.

Dans ce contexte, l’accent a été mis sur l’impérative nécessité de renforcer les capacités à long terme des communautés, qui doivent avoir la possibilité, notamment, de gérer leurs propres structures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et de mener des programmes de lutte contre le VIH sida et d’autres maladies.

Je vous invite instamment à mener une fois de plus une réflexion sur l’énorme potentiel d’action humanitaire dont disposent la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Nous devons optimiser toute notre expérience et toutes nos ressources, en assurant la participation de toutes et de chacune des cent quatre-vingt-six Sociétés nationales, pour garantir le droit de l’Afrique à la dignité et au bien-être.

À mon avis, si nous parvenons à optimiser la solidarité entre nos Sociétés nationales, nous pourrons surmonter les trois principaux enjeux que le Conseil de direction a définis au sujet de l’Afrique :

  • Contribuer à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier ceux qui touchent à la sécurité alimentaire et à la santé.

  • Essayer d’obtenir des « améliorations rapides » en matière de santé, en portant une attention particulière à la prévention du paludisme et de la rougeole.

  • Enfin, dernier point mais non le moindre, continuer à développer les services de santé et de lutte contre le VIH et le sida.

Conscient des difficultés que rencontrent de nombreux pays d’Afrique pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, le Conseil de direction a tenu en février 2007, à Addis-Abeba, une session extraordinaire pour mettre au point et impulser le Programme général pour l’Afrique.

L’objet de ce Programme est d’offrir un cadre pour mobiliser des ressources et accroître la portée, la qualité et les effets des Sociétés nationales africaines, en accord avec le Plan d’action d’Alger et l’Agenda mondial.

Je voudrais mentionner l'enquête " Croire en l’Afrique " que le Secrétariat de notre Fédération a fait réaliser récemment.

L’enquête portait sur les perceptions au sujet de l’Afrique et analysait les points de vue de ministres et de hauts responsables d'une dizaine de pays et d'institutions donateurs, sur la base d'articles sur l'Afrique publiés dans les médias ces deux dernières années. Et là viennent la surprise et les excellentes nouvelles : sur un total de 28 entretiens, 19 personnes ont fait part de leur optimisme quant à l'avenir de l'Afrique, sept n'avaient pas d'opinion et deux seulement ont manifesté leur pessimisme.

L'une des excellentes nouvelles est la réduction de quatre-vingt-onze pour cent (91 %) des décès liés à la rougeole en tout juste six ans. Ce succès phénoménal est une excellente illustration du partenariat dans ce domaine.

Autre excellente nouvelle : l'augmentation de vingt-trois pour cent (23 %) du taux d’utilisation des moustiquaires en Sierra Leone quand les volontaires se rendent dans les foyers.

Pour faire en sorte que des articles plus positifs soient écrits sur l’Afrique, la Fédération internationale va lancer, ici à Johannesburg, un concours « Bonnes nouvelles pour l’Afrique », qui s’adresse aux médias africains. Un groupe de communicateurs Croix-Rouge et Croissant-Rouge et de journalistes choisira les meilleurs articles. Les noms des lauréats seront annoncés durant notre Assemblée générale, l'an prochain à Nairobi.

Aujourd’hui à Johannesburg, permettez-moi de suggérer que nous commencions par analyser et intensifier les efforts que nous déployons pour atteindre les objectifs du Plan mondial proposé et que nous devons nous attacher à réaliser en faveur de l’Afrique.

Comme je l'ai déjà dit, et j'insiste, ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons améliorer et accroître notre efficacité humanitaire. Par conséquent, employons-nous à forger de nouveaux partenariats entre communautés et renforçons notre rôle d’auxiliaires des pouvoirs publics, pour le développement humain.

Nous pourrons améliorer les conditions d’existence des personnes vulnérables. Cet accomplissement doit être le fait de l’Afrique. Rien ne lui sera imposé.

Les Sociétés nationales des autres continents doivent soutenir le libre développement des communautés d’Afrique. Nous savons que la capacité reste un immense défi. J’ai déjà dit clairement que le renforcement des capacités de nos Sociétés nationales membres est ma principale priorité et celle du Conseil de direction.

Nous pouvons voir aujourd'hui que le renforcement accru des capacités, financé par le Fonds de renforcement des capacités, vise à assurer un soutien essentiel aux Sociétés nationales d'Afrique.

Nous devons aussi examiner des moyens nouveaux d’autonomiser les jeunes dans toute l’Afrique : comment aider les jeunes et les stimuler, comment les faire participer au mieux à l’action de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, comment enfin les motiver et les fidéliser à travers une gestion efficace des volontaires. Je pense que la réunion de la jeunesse tenue hier dans ce magnifique Centre contribuera aux efforts communs que nous faisons pour donner les moyens d'agir aux générations futures de volontaires et d'employés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Cette question revêt une importance vitale si nous voulons renforcer les capacités et veiller à ce que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge continuent de constituer un réseau de volontaires efficace, pertinent et dynamique dans les années à venir.

Les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont l'épine dorsale du plus vaste réseau humanitaire au monde, et c’est notre dévouement collectif qui a un impact décisif sur les conditions d’existence des personnes vulnérables.

Les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont le pouvoir de l’humanité et nous avons l’obligation de leur apporter notre soutien, de façon qu’ils puissent développer leur potentiel afin que les nations africaines soient mieux à même d’affronter les défis croissants dans un monde en constante mutation.

Je vous remercie.

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