La Croix-Rouge française a eu l’immense honneur de recevoir Robert Badinter, Sénateur des Hauts-de-Seine et ancien Garde des Sceaux, à l’occasion d’une journée spéciale prison, organisée le 21 avril au siège de l’association, à Paris.

Des échanges très riches ont eu lieu entre le Sénateur du Nord, Jean-René Lecerf, Rapporteur de la loi pénitentiaire votée en novembre 2009, le président de la Croix-Rouge française, Jean-François Mattei, et les bénévoles référents prison qui étaient présents.

Intervenir auprès des personnes détenues rencontre encore de l’incompréhension dans notre société. Pourquoi venir en aide à des personnes qui ont commis un crime ou un délit alors que tant de personnes honnêtes ont besoin de soutien ? Parce que « toute personne privée de liberté a été jugée ou le sera par l’institution judiciaire. Ce n’est pas à la Croix-Rouge de juger ces hommes. Notre rôle est d’apaiser les souffrances, de préserver leur humanité et leur dignité, en toutes circonstances », a rappelé le Président Mattei dans son discours d’ouverture de la journée prison-justice.

« Même en prison, la vie peut prendre un sens »

Le ton est donné. Comment humaniser la vie en milieu carcéral ? Comment faire en sorte que le temps de la détention ne soit pas un temps mort mais un temps utile ? La présence de bénévoles de la Croix-Rouge française en milieu carcéral est encore peu connue et reconnue. Cela est dû, en partie, au fait que nos actions sont encore relativement récentes. Depuis 2001, cependant, le nombre de référents prison n’a cessé de croître – ils sont plus d’une centaine aujourd’hui, présents dans près d’un établissement sur deux – et les actions menées de se développer. Comme l’a souligné avec force le Professeur Mattei, « notre action en direction des personnes détenues ou placées sous main de justice sera l’un des axes forts de notre politique dans les cinq années à venir. C’est l’un de nos nouveaux champs de bataille ».

Ce n’est pas le Sénateur du Nord, Jean-René Lecerf, qui contredira ses propos. Ce combat, il le mène lui aussi avec ferveur. Rapporteur de la loi pénitentiaire de novembre 2009 (pas encore entrée totalement en vigueur), il s’est fixé deux objectifs essentiels : « faire en sorte que la prison devienne l’exception et non la règle » et « bouleverser les conditions de détention, en mettant l’accent en particulier sur la réinsertion, l’accès au travail et le droit à une rémunération ». Son projet de revenu minimum carcéral n’a toutefois pas été retenu. Mais Jean-René Lecerf garde espoir :« cette nouvelle loi pénitentiaire a permis de poser des jalons. Il faudra ensuite aller plus loin ».

A l’heure actuelle, les associations font partie des rares acteurs extérieurs à pouvoir pénétrer dans ce monde clos qu’est la prison. La Croix-Rouge française pose elle aussi ses jalons et son engagement se renforce d’année en année. Beaucoup de choses ont été accomplies depuis les premiers colis de Noël ! Les bénévoles forment des personnes détenues et du personnel surveillant aux gestes qui sauvent, assurent l’accueil des familles en attente de parloir dans des structures spécialement adaptées, aident les plus démunis à s’acheter des produits de première nécessité, accueillent des personnes condamnées à un Travail d’intérêt général (TIG) ; sont à l’écoute des personnes détenues à travers une ligne de téléphonie sociale anonyme, confidentielle et gratuite, accessible dans tous les établissements pénitentiaires, etc.

Toutes ces actions vont dans le sens de la réinsertion. « Car n’oublions pas que toute personne détenue est appelée à sortir de prison un jour ou l’autre. Ces personnes sont, comme tout un chacun, des êtres en devenir », rappelle le président de la Croix-Rouge française.