La Croix-Rouge française a été sollicitée par les services de l’Etat comme d’autres organisations humanitaires pour accueillir et offrir des solutions d’accueil dignes aux réfugiés syriens en provenance d’Allemagne. A Champagne-sur-Seine, 90 personnes sont actuellement accueillies et hébergées et vont se voir proposer des aides adaptées à leur situation. Les explications d’Olivier Dupuy, délégué national de la filière lutte contre les exclusions à la direction de l’action sociale.

Quel rôle a joué la Croix-Rouge française dans l’accueil des réfugiés en provenance de Munich, début septembre ? 

La mission d’accueil qui a été confiée à la Croix-Rouge française s’articule autour des actions suivantes, qui seront menées à la fois par des bénévoles et des salariés :

  • La participation des bénévoles à l’acheminement des réfugiés depuis Munich ;

  • L’accueil des réfugiés dans les structures d’hébergement digne le temps nécessaire (2 mois au minimum) à l’octroi d’une protection internationale. Cet accueil comprend la satisfaction des besoins immédiats des personnes en termes d’aides matérielles (alimentaire ou vestimentaire), ainsi qu’une première visite médicale.

  • Un accompagnement social leur permettant d’accéder à leurs droits (Couverture Maladie, prestations sociales etc…). La Croix-Rouge française s’efforce de les aider à construire un projet de vie durable sur le territoire.

Très concrètement, quelles actions spécifiques sont ou vont être menées à Champagne-sur-Seine dans les jours, les semaines qui viennent ?

Concernant les réfugiés accueillis à Champagne-sur-Seine en particulier, un cahier des charges a été élaboré par la cellule opérationnelle mise en place au siège de la Croix-Rouge française début septembre et la délégation départementale du 77 afin de définir quels moyens et quels types d’accompagnement nous étions en mesure de proposer à ces personnes, si elles étaient amenées à rester à moyen terme dans le centre. Il a été convenu   de déployer dans l’urgence des activités périscolaires à destination des enfants pour les occuper et les préparer à leur rentrée scolaire. Des salariés sont mobilisés sur cette mission d’animation. Dans les jours et les semaines qui viennent, une évaluation sera conduite par le pôle de rétablissement des Liens Familiaux (RLF) pour répondre au besoin de réfugiés qui auraient perdu le contact avec leurs proches. Par ailleurs, les salariés de la Croix-Rouge française informeront les personnes hébergées sur les démarches administratives liées à la procédure d’asile et ce jusqu’à obtention de la protection. Les personnes accueillies seront également accompagnées dans l’apprentissage du français, la recherche d’un logement, d’une formation ou d’un emploi, etc. Une réflexion est justement en cours sur la question de l’insertion professionnelle de ces personnes. En effet, cette problématique est centrale pour leur permettre d’accéder à des conditions de vie dignes sur notre territoire. Plusieurs entreprises françaises nous ont d’ores et déjà proposé leur soutien financier pour les accompagner dans des formations professionnelles.

Plus globalement, notre priorité est de pouvoir apporter des conditions d’accueil et d’accompagnement dignes à ces personnes en détresse. Il ne s’agit pas seulement de proposer une mise à l’abri mais de pouvoir leur offrir des perspectives d’avenir, comme nous le faisons pour toutes les personnes vulnérables que nous accompagnons au quotidien. C’est ce que nous appelons dans notre jargon « accompagner des parcours de vie ». Cela peut passer par de la formation, du soutien psychologique, des aides matérielles et financières, l’accès aux droits, à un logement, à un emploi, etc. Autrement dit, au retour à l’autonomie.    

On sait pertinemment que cette crise est loin d’être terminée. Comment la Croix-Rouge française anticipe-t-elle d’éventuels futurs afflux de réfugiés sur le territoire ?

En effet, nous devons nous préparer et nous organiser pour accueillir et accompagner davantage de réfugiés, car la situation dans leurs pays d’origine va durer, et que les principaux pays limitrophes (Liban, Turquie, Jordanie,…) reçoivent déjà un nombre très important de réfugiés. Pour ce faire, nous sommes en train d’élaborer une stratégie nationale, en lien avec les présidents des délégations départementales et régionales. Nous sommes en train d’établir une cartographie et un état des lieux des dispositifs d’accueil Croix-Rouge française existants, dédiés à l’accueil des demandeurs d’asile ou de droit commun – CADA, HUDA, CHU, CHRS, etc. – pour évaluer nos capacités d’accueil et étudier comment renforcer ces actions. Nous  constatons par ailleurs que nombre de structures CRF qui accueillent déjà des réfugiés dans le cadre de nos actions sociales (FLE, vestiaires, aides matérielles,…) seraient en mesure d’accueillir davantage de réfugiés. Cependant cette actualité incite le réseau Croix-Rouge française à renforcer ses activités et de réfléchir à des dispositifs innovants et plus adaptés aux besoins des réfugiés. La sensibilisation du réseau nous prépare à être en mesure de répondre à des situations d’urgence telles vécues actuellement nos voisins européens, en Grèce ou en Italie. 

De nombreux migrants continuent d’affluer vers Europe. Le Mouvement international Croix-Rouge est-il mobilisé ?

Le Mouvement international Croix-Rouge est mobilisé sur toute la route migratoire, que ce soit dans les pays d’origine des réfugiés au Moyen-Orient – le Liban, la Jordanie, l’Irak – (cf. article « Solidarité internationale auprès des réfugiés ») ou aux portes de l’Europe. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) vient d’ailleurs de lancer un appel d’urgence pour renforcer les actions de la Croix-Rouge hellénique, débordée par l’afflux de réfugiés syriens, afghans et pakistanais arrivant de Turquie et souhaitant rejoindre l’Europe. La Croix-Rouge française, la Croix-Rouge norvégienne et la Croix-Rouge espagnole ont répondu à cet appel et préparent l’envoi d’équipes urgentistes dans cette région.

Le Mouvement est très préoccupé par la situation actuelle et par le sort des réfugiés. Les Sociétés Nationales doivent renforcer leur collaboration et travailler main dans la main afin de porter une réponse commune et humaine à cette question des migrations internationales.

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