Angoulême (Charente) est le quatrième site, à mettre en place un établissement d’un nouveau genre, le SPASAD. Réunir soins médicaux et aides à domicile pour une meilleure qualité de services et prise en charge de personnes âgées et/ou handicapées.

Se laver, s’habiller… autant de moments intimes que des accidents de la vie ou des maladies graves ne permettent plus de faire seul. David, aide-soignant de 37 ans, est là pour faciliter ces gestes du quotidien et il sait y faire. Sa patiente du jour, Marie-Claude Macoin, apprécie. Agée de 61 ans, elle est atteinte de polykystose rénale entraînant des dialyses trois fois par semaine. D’abord soignée par le centre de soins infirmiers (CSI) de la Croix-Rouge locale, elle reçoit désormais la visite, plusieurs fois par semaine, d’aides soignants réunis dans un SSIAD (Services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées de plus de 60 ans) qui ont pris le relais depuis le 12 avril dernier, date de la création de ce tout nouveau service. Car, après des piqûres, Marie-Claude a besoin d’aide pour prendre sa douche. C’est bien pour apporter une réponse adaptée aux bénéficiaires que les différentes structures que sont le centre de soins infirmiers, le SAD (service d’aides à domicile pour personnes âgées et handicapées), en place lui depuis les années 80, et le SSIAD se sont rassemblés au sein d’un même établissement. L’ensemble a pour nom SPASAD, soit Service polyvalent d’aides et de soins à domicile. Pour mieux travailler ensemble, les trois structures ont emménagé dans un local flambant neuf au cœur de Soyaux, ville limitrophe d’Angoulême située en zone urbaine sensible.

D’un service à l’autre

Cette opération de regroupement ne doit rien au hasard. « C’est une réponse aux orientations nationales de la Croix-Rouge de développer les activités d’aides et de soins à domicile afin, soit de ramener les personnes à l’autonomie, soit de retarder la dépendance, le tout en les accompagnant, pas en se substituant à elles », explique ainsi Philippe Gonnard, directeur opérationnel du SPASAD de Soyaux qui, à terme, comptera 50 salariés et près de 500 bénéficiaires. D’ores et déjà, le CSI comptabilise environ 300 patients (interventions à domicile et permanences), le SAD une centaine et le SSIAD a négocié le financement par les pouvoirs publics de 70 places sur Angoulême, Cognac et leurs cantons.

Marie-Claude Macoin bénéficie de ce service remboursé à 100% par la sécurité sociale. « Ca m’aide beaucoup et ça me fait de la compagnie en même temps. Et puis la toilette, c’est la dignité de l’être humain. S’il n’y avait pas de gens comme ça, on serait mal », confie cette battante, dont la vie est digne d’un roman de Zola. Entre la fumée de cigarette qu’elle avale toute petite dans le bar tabac de ses parents et les nombreux produits toxiques inhalés durant ses années de labeur à l’usine, Marie-Claude ne manque pas d’évoquer les antécédents qui ne font qu’aggraver sa maladie en phase terminale. David, qui a fini de procéder aux soins du jour, l’écoute : « Outre les soins techniques, avoir une oreille attentive, c’est important, confie-t-il. Il faut sentir les personnes et adapter son discours à chacune d’elle. Madame Macoin, par exemple, a besoin de parler. Du coup, on a créé une complicité rapidement, et on rigole bien ensemble ».

Ces échanges, cette intimité, sont aussi facilités par la prodigation de soins à domicile, la raison d’être du Spasad. Florence Hamon, coordinatrice locale du SSIAD et du CSI, confirme : « Nous prenons le relais par rapport aux hôpitaux pour limiter la durée des séjours hospitaliers et pour assurer la continuité des soins ». Et d’ajouter : « dans le cas de Mme Macoin, si on n’intervenait pas, elle ne prendrait plus sa douche. Et puis, on lui rend des services en plus. L’autre jour, elle a appelé pour que l’aide-soignant lui apporte un pack d’eau, par exemple ». Si d’autres besoins devaient se faire jour – en termes d’aides ménagères notamment - le Spasad serait en mesure d’y répondre. « Nous évaluons et réévaluons la situation des personnes accompagnées régulièrement. Cela nous permet de revoir le plan d’aide de façon réactive en passant d’un service à l’autre ; c’est l’une des clés de la réussite du dispositif », commente Philippe Gonnard.

Projets d’avenir

Dispositif qui nécessite par ailleurs une réelle stratégie de développement… Car Philippe Gonnard a des projets plein la tête pour asseoir le Spasad sur son territoire et accroître le nombre de bénéficiaires. « L’aide et le soin à domicile, il ne faut pas le cacher, c’est un marché. Pour y faire notre place, nous devons être volontariste auprès des prospects que sont les médecins, les hôpitaux, les pharmacies, etc. La Croix-Rouge française a, de plus, des arguments de taille de par sa notoriété, estime le directeur, et son expertise ». Il espère d’ailleurs devenir un interlocuteur privilégié de la ville de Soyaux en matière de politique gérontologique. Et Catherine Merle, responsable de secteur du SAD, de conclure : « Concernant l’aide à domicile, la Croix-Rouge a su se moderniser et s’adapter. Grâce au Spasad, nous allons toucher plus de monde, être davantage connus et faire grossir le service, le tout pour mieux aider les bénéficiaires ».

Anne Dhoquois