Après le Maroc en 2009, le camp de jeunes "Atlantis" a cette année posé ses valises en Provence. Découvrez les raisons de ce rassemblement de bénévoles issus des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge des deux rives de la Méditerranée.

C’est pour ces jeunes bénévoles l’occasion de partager les expériences, de renforcer le dialogue interculturel, de débattre des enjeux communs à l’espace méditerranéen...et d’acquérir les outils dont ils ont besoin pour être des acteurs de changement dans leurs communautés…Une bastide dans la verdure. Le chant des cigales. Le mistral. Ambiance provençale pour la sixième édition du camp de jeunes Atlantis qui s’est tenue à Grans dans les Bouches-du-Rhône du 24 au 31 juillet 2010.

Une cinquantaine de jeunes bénévoles issus de 18 sociétés nationales des deux rives de la Méditerranée y ont participé, avec en commun leur bonne humeur, une énergie débordante et une même envie : échanger et glaner de nouvelles idées pour développer des projets innovants dans leurs délégations et sociétés nationales.

Insertion sociale

Au programme cette année : la lutte contre l’exclusion sociale, le réchauffement climatique, les migrations et… la jeunesse. «Ces thèmes ont émergé à la Conférence méditerranéenne [réunissant tous les trois ans les Croix-Rouge/Croissant-Rouge de la Méditerranée] qui s’est tenue à Dubrovnik en mars et ils font partie de la Stratégie 2020 de la Fédération internationale de la Croix-Rouge », précise Roberta Fusacchia, chargée de la jeunesse au Centre pour la coopération en Méditerranée (CCM), la structure qui a organisé Atlantis VI en partenariat avec la Croix-Rouge française et qui assure le suivi de la Conférence. « Cette année, un accent particulier est mis sur l’inclusion sociale et la lutte contre la pauvreté, explique-t-elle. Car toute la Méditerranée est confrontée à ces difficultés».

Les participants laissent éclater leur satisfaction.

Anthi-Danai, jeune Grecque débordante de vie, rêve déjà de nouveaux programmes au sein de sa Croix-Rouge nationale «pour accompagner les demandeurs d’emploi ou pour améliorer l’accueil des migrants, à l’instar de ce qui se fait en Espagne». Ahmed, bénévole à Tunis, avoue quant à lui avoir découvert à Grans «l’ampleur des dangers liés au changement climatique» et élabore déjà des actions à mettre en œuvre, de retour dans son pays.

Acteurs du changement

Sur plus de trois millions de volontaires dans les sociétés nationales méditerranéennes, 70% sont des jeunes. «Ils sont un pilier de notre mouvement et sont aussi des vecteurs de changement de comportement dans leurs communautés», insiste Roberta Fusacchia. «L’objectif des ateliers d’Atlantis, par exemple sur le leadership ou les principes et valeurs de la fédération, est de leur donner les outils dont ils ont besoin pour être des acteurs de solidarité et de changement».

Mais attention, pas de cours magistraux à Atlantis. «Le principe est l’éducation par les pairs, via des partages d’expériences et des ateliers interactifs, dynamiques et ludiques», rappelle Caroline Soubie, responsable du service jeunesse à la direction du bénévolat et de la jeunesse à la Croix-Rouge française.

Et en effet, les échanges entre les participants sont souvent interrompus par des éclats de rire. «Les jeunes sont heureux d’être là, d’apprendre des autres et d’avoir la possibilité d’engager un dialogue interculturel», se félicite Caroline Soubie. Une découverte des autres cultures dont ils semblent ne jamais se rassasier. Un soir, à la nuit tombée, la bastide se transforme en une place de marché : échange joyeux de tee-shirts et de casquettes, partage d’activités jeunesse entre sociétés nationales, présentation de spécialités culinaires, démonstration de sirtaki ou de danse arabe.

Un autre jour, c’est la délégation de Salon-de-Provence qui emmène les jeunes visiter les calanques de Cassis et la ville d’Aix-en-Provence.

Mounir, jeune secouriste à Salon-de-Provence, qui a accompagné les participants une bonne partie de la semaine, n’en est toujours pas revenu : «On vient de pays différents mais on a l’impression de se connaître depuis des années. On appartient au même mouvement. On partage la même envie, les mêmes valeurs, le même sourire, le même emblème. C’est magique.»

Témoignages

Mohammed Abu Mosabeh

Palestine, 29 ans«A Gaza, je suis responsable des volontaires et coordinateur de l’unité de gestion des catastrophes. Je suis venu pour rencontrer les jeunes d’autres pays, rompre l’isolement et découvrir de nouvelles pratiques. Je repars avec plein d’idées, par exemple mettre en place des camps de jeunesse comme celui-ci pour fédérer les jeunes, ou bien œuvrer pour donner plus de place aux filles dans ma société nationale».

Marie-Esther Rouffet

France, 22 ans«Je suis responsable départementale jeunesse dans la Marne. Atlantis c’est l’échange interculturel, la possibilité de découvrir d’autres points de vue, mais aussi des apprentissages qui vont m’aider au quotidien. L’atelier YABC par exemple, m’a rappelé l’importance de l’écoute active, de la communication et de l’empathie. Certains exercices vont m’aider à améliorer ma pratique et celle des jeunes avec qui je travaille».

Elise Abdallah

Liban, 23 ans«Partager les expériences permet de découvrir d’autres façons de travailler, de nouveaux outils, comme le jeu Terra Game pour sensibiliser les communautés à la protection de l’environnement. J’ai aussi été très intéressée par le module sur les principes et valeurs. Au Liban, j’anime un programme sur le droit humanitaire. Je vais pouvoir y intégrer certaines activités apprises ici».

Srdjan Rajak

Bosnie-Herzégovine, 21 ans«C’est fantastique d’être ici, de se faire de nouveaux amis et d’apprendre. L’atelier sur le Leadership était très intéressant. On est tous responsables d’équipes ou appelés à l’être. C’est important de savoir communiquer, d’avoir confiance dans l’autre et de savoir partager les responsabilités».