Près de 400 secouristes ont été déployés sur les attentats de Paris et du Stade de France le 13 novembre dernier et sur la prise d’assaut des forces de l’ordre qui a suivi quelques jours plus tard à Saint-Denis, le 18 novembre. Jamais encore la Croix-Rouge française n’était intervenue dans une telle configuration.

Après l’urgence, l’état de choc général, la souffrance partagée pour tous ceux qui ont été frappés par les attentats de novembre dernier à Paris et Saint-Denis, quelles leçons tirer de ces événements côté organisation des secours ? A La Croix-Rouge française, une vaste réflexion est menée avec les principaux acteurs concernés, sur le plan ARAMIS (dispositif attentat). Objectifs : rendre plus efficaces encore les secours et renforcer la sécurité des intervenants sur le terrain.

Le point avec Augustin, chef de la cellule de coordination d’Ile-de-France sur les attentats du 13 novembre.

Avec le recul, que dire de l’organisation des secours dans les premières minutes qui ont suivi les attentats du 13 novembre dernier ?

La Croix-Rouge française est intervenue sur les différents sites des attaques en un temps record et là où on l’attendait. Nous pouvons donc nous féliciter de l’organisation mise en place et de la très forte mobilisation des secouristes en Ile-de-France. La coordination des opérations s’est faite à partir du centre opérationnel de la Croix-Rouge française, en lien avec la cellule de coordination régionale d’Ile-de-France, elle-même composée de représentants décisionnaires des départements concernés.

Ce dispositif mis en place dans le cadre du plan ARAMIS (dispositif spécial attentats) a montré son efficacité. Nous avons ainsi bénéficié de nombreux renforts régionaux sur le terrain des opérations, en termes de ressources humaines et de moyens, et, en parallèle, nous avons disposé d’une réserve de secouristes « à l’arrière », rassemblés sur trois points de regroupements situés en bordure de Paris et prêts à intervenir sur les sites des attaques ou en cas d’autres attentats. 

La Croix-Rouge française est un acteur de secours incontournable et historique sur tout type de catastrophe, y compris lors d’attentats. Cependant, était-il possible de se préparer à ce type d’attaques armées ?

Le scénario du vendredi 13 novembre est totalement inédit. Personne en France n’est coutumier des armes ! Aucune organisation de secours en France n’était préparée à intervenir dans le cadre de fusillades en pleine rue, à plusieurs endroits en même temps et faisant autant de victimes. D’ordinaire, - comme ce fut le cas notamment après l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015 - les secours interviennent dans un contexte de sécurité assuré par les forces de l’ordre. Le 13 novembre, ils se sont retrouvés exposés, comme tout le reste de la population. La question de leur sécurité nous a taraudés tout au long des événements et encore plus aujourd’hui. En effet, ces attaques ont mis en avant la nécessité de renforcer davantage encore la protection des secouristes. Nous devons tirer les enseignements de cette tragédie et réfléchir à de nouvelles procédures. »

L’état d’urgence est maintenu en France. La Croix-Rouge française reste-t-elle mobilisée ?

Les délégations départementales franciliennes ne sont plus à proprement parler en pré-alerte mais en situation de vigilance. Néanmoins, nous savons d’ores et déjà que certains dispositifs prévus sur de grands événements médiatiques vont être renforcés, à commencer par la COP 21 et sans doute sur l’Euro 2016…