Avec 734 dispositifs répartis dans tout le pays, la Croix-Rouge française est un acteur important de l’aide alimentaire. Depuis le début de la crise sanitaire, ses équipes constatent une forte augmentation des demandes et adaptent leur fonctionnement pour y répondre efficacement. Explications de Valérie Bettinger, responsable du pôle Aides matérielles et financières à la Croix-Rouge française.

Conséquences de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, les crises économique et sociale actuelles ont un impact considérable sur le quotidien de nombreux Français. Cela s’observe-t-il dans les dispositifs d’aide alimentaire de la Croix-Rouge française ? 

En effet, nous constatons une forte augmentation de la demande dans nos dispositifs, signe que la situation est préoccupante. Durant le premier confinement, la Croix-Rouge française a enregistré une augmentation de près de 40 % des demandes d’aide alimentaire. A partir de la fin juin, nous avons constaté un « tassement ».

Nous estimons actuellement qu’il y a une augmentation de 15 à 20 % des demandes par rapport à notre file active traditionnelle. Cependant, il est probable que celle-ci va de nouveau croître dans les prochaines semaines et dans les prochains mois.

90 % de nos structures d’aide alimentaire estiment accueillir de nouveaux publics. Il s’agit principalement de chômeurs, de travailleurs intérimaires ou de travailleurs pauvres, de personnes en situation de grande exclusion, d’étudiants, de travailleurs indépendants et de commerçants.

En réponse à cette situation, nous avons notamment débloqué une enveloppe conséquente pour soutenir les étudiants qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins essentiels avec des « petits boulots ».

A la Croix-Rouge française, l’aide alimentaire est proposée par des équipes majoritairement bénévoles, avec une ambition : répondre à la précarité alimentaire dans le respect de la dignité des personnes. Quelles sont les différentes aides possibles ?

Notre objectif est bien d’apporter une aide adaptée à la situation de chacun, y compris en temps de crise. L’activité alimentaire peut prendre différentes formes. Dans l'urgence cela peut être des paniers, des repas chauds, sandwichs, soupes… Hors contexte de crise, l’aide apportée aux personnes en situation de précarité/fragilité ponctuelle ou structurelle est effectuée au sein de nos 734 unités. Nous avons également des dispositifs itinérants (Croix Rouge sur Roues) pour les territoires plus isolés.

Les bénévoles veillent à fournir des paniers équilibrés au niveau nutritionnel au regard des habitudes alimentaires, de la composition du foyer et des approvisionnements disponibles. Des chèques d’accompagnement personnalisés utilisables en grandes surfaces peuvent être également remis en complément des paniers.

En fonction du dispositif, l’aide peut être gratuite, avec une participation symbolique ou représentant 10 % de la valeur du panier pour les épiceries sociales. 

Etant donné le contexte sanitaire, l’activité a dû s’adapter. Les unités d’aide alimentaire ont souvent mis en place un dispositif de rendez-vous pour mieux accueillir le public ou proposé un système de précommande / « drive ».

Parallèlement, un accompagnement social est-il possible ?

Généralement, les personnes sont orientées vers nos dispositifs par des travailleurs sociaux. Un accompagnement personnalisé est ensuite proposé par les bénévoles de la Croix-Rouge, en fonction des difficultés rencontrées, en complémentarité du travail social effectué par ailleurs. Des points d’étape sont régulièrement réalisés afin de suivre l’évolution de la situation du foyer.

Mais aujourd’hui, tout est un peu bousculé. Les nouveaux publics accueillis (commerçants, travailleurs intérimaires, étudiants, auto-entrepreneurs…) viennent pour la première fois, sans véritablement connaitre le dispositif. On les accueille, on répond aux demandes urgentes et on les oriente au mieux. La crise est loin d’être terminée et une partie de ces nouveaux publics risque d’avoir besoin de notre soutien sur le long terme. La situation va laisser des traces dans la société : le soutien psychologique des populations fragilisées sera donc renforcé dans nos structures. Nous devons être réactifs. Nous devons continuer à nous adapter pour apporter les meilleures réponses possibles.

Très beau reportage de France 3 Rhône-Alpes sur Dolorès, une nouvelle bénévole Croix-Rouge engagée sur l'aide alimentaire.

Propos recueillis par Anne-Lucie Acar -Crédit photo Nicolas Gallon

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