La Croix-Rouge française est le seul opérateur de maraudes dans le département des Vosges. Chaque semaine, une vingtaine de bénévoles sillonnent les rues d’Epinal et Saint Dié. Le dispositif a été intensifié en raison de la pandémie du COVID-19. Si celle-ci n’a pas eu d’impact sur le nombre de personnes à la rue, elle révèle des fragilités et de nouvelles formes de précarité qu’il faut prendre en compte pour anticiper le sans abrisme.

Portrait-témoignage de Samuel Harault, coordinateur départemental du Samu social.

Par Géraldine Drot

Porter un autre regard sur la rue. Ce pourrait être la devise de Samuel Harault. Après une carrière de travailleur social, il est engagé en novembre 2019 par la délégation régionale Grand-Est de la Croix-Rouge française, sur le département des Vosges comme coordinateur départemental du Samu social. Un poste de salarié, assez rare, créé sous l’impulsion des pouvoirs locaux. Ces derniers souhaitent voir les actions sociales mieux coordonnées sur le territoire et professionnaliser les maraudes, en particulier. Le profil de Samuel Harault est parfait pour la mission. « Grâce à mon expérience de travailleur social, j’ai une bonne connaissance des dispositifs d’accompagnement social, des différents partenaires avec lesquels nous travaillons. Mon rôle consiste à remonter les besoins et les informations avec la préfecture, le SIAO, le 115, les différentes administrations qui apprécient ce regard du terrain qu’ils n’ont pas. Je fais le lien également avec les professionnels de l’hébergement, de la santé, de l’alimentation, etc. Le volet communication représente une part importante de ma mission », explique le coordinateur.

Il s’appuie également sur son expérience pour préparer et organiser les maraudes, que ce soit au niveau de la logistique, la gestion des équipes détachées sur le terrain, le recrutement, la formation des bénévoles. Samuel Harault tient à être présent lui aussi sur le terrain. « Le contact, l’approche des personnes à la rue, ça s’apprend », dit-il. Depuis le début de la crise du COVID-19, il se réjouit d’ailleurs d’accueillir chaque semaine de nouveaux bénévoles. « Il s’agit de personnes de profils très différents, sensibilisées à la situation des personnes à la rue ou en difficulté et souhaitant se rendre utiles. La crise du COVID-19 a sans aucun doute provoqué une prise de conscience chez beaucoup de gens », constate-t-il. En revanche, le nombre de personnes à la rue n’a pas véritablement augmenté. L’inquiétude vient plutôt de l’augmentation de personnes en logement, dont la situation est instable et qui risquent de basculer à tout moment. « Ces personnes sollicitent désormais la Croix-Rouge française, pour des besoins alimentaires, des problèmes de santé liés à des addictions notamment, et surtout, un grand besoin de parler et d’être écouté. Nous constatons une grande détresse sociale et morale, liée à la solitude, aux difficultés du quotidien. Notre rôle est donc de veiller à anticiper le basculement vers la rue. » Samuel Harault et son équipe ont ainsi mis en place récemment un dispositif d’orientation vers les soins à Epinal et Saint-Dié. Une veille sanitaire est également organisée par le centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) de la Croisée. En outre, une réflexion est menée pour développer des maraudes sanitaires, voire médicalisées, toujours en lien avec la préfecture, la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), l’Agence régionale de santé (ARS) et les acteurs médicaux du département des Vosges.

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