C’est le cyclone le plus long et le plus puissant jamais observé. Le « monstre » Freddy s’est abattu sur le Malawi le 12 mars, après avoir sévi à Madagascar et au Mozambique. Le Malawi, pays d’Afrique australe situé entre le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie, paie un lourd tribut humain. On redoute à présent une recrudescence du choléra et de la malaria. C’est pourquoi nous déployons une équipe médicale d’urgence pour trois mois.

Il n’y a pas une minute à perdre. Les besoins humanitaires sont immenses, selon l’ONU, et augmentent d’heure en heure au sud du Malawi. Des besoins en eau potable, en abris, en nourriture, en santé, en hygiène et assainissement. Dans les dix districts les plus durement touchés, plus de 500 000 personnes ont été déplacées et hébergées dans 577 camps. Leurs maisons ont été emportées par des glissements de terrain, les exploitations agricoles dévastées, le bétail tué… Une catastrophe absolue dans un pays pauvre qui souffrait déjà d’insécurité alimentaire et qui connaît depuis un an une épidémie de choléra de grande ampleur. « Nous devons réagir rapidement et veiller à ce que la population ait accès à de l'eau potable propre et saine, afin d'éviter que le choléra ne se propage de manière incontrôlée », explique le représentant de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) au Malawi. Les cas de malaria risquent également d’augmenter, en raison des eaux stagnantes laissées par les pluies diluviennes.

Nos urgentistes sur le terrain

L’appel à l’aide internationale du gouvernement du Malawi a été entendu et relayé par l’appel d’urgence de la FICR. D’un côté, la Croix-Rouge espagnole a été désignée pour diriger les opérations de traitement de l’eau, de l’autre, la Croix-Rouge française gère le volet santé.

Le jeudi 23 mars, une première équipe de réponse aux urgences constituée de personnel médical et d’un logisticien s’est envolée pour le sud du Malawi, où elle va installer deux cliniques mobiles. Elle a été rejointe une semaine après par une équipe médicale composée de deux médecins, trois infirmiers, un logisticien et un chef d’équipe.

Il faut à la fois apporter des soins de santé primaire, des soins maternels et infantiles, soigner les blessures, de nombreux cas d’infections respiratoires, les problèmes dermatologiques et d’hypertension. Les équipes se préparent également à prendre en charge les cas potentiels de choléra lors de leurs consultations pour les réhydrater le plus tôt possible, faute de quoi le bilan humain, déjà très lourd, viendra encore s’aggraver. Le cyclone a déjà fait 500 morts, 1 300 blessés et il reste des centaines de personnes disparues, selon un bilan toujours provisoire.

Freddy, cyclone de tous les records

Dans sa course folle qui aura duré 35 jours et avec une puissance jamais enregistrée dans la zone, le cyclone Freddy, qualifié de « monstre », a sévi au Mozambique et à Madagascar avant d’atteindre le Malawi. Nous restons mobilisés auprès de la Croix-Rouge malgache et du Mozambique via notre plateforme d’intervention régionale pour l’océan Indien (PIROI). Ses équipes ont été déployées en renfort pour la coordination de la réponse. Du matériel prépositionné dans les entrepôts de la PIROI et acheminé par la Croix-Rouge française avec le soutien du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères permet de répondre aux besoins immédiats : des outils de reconstruction de l’habitat, des kits d’hygiène et d’assainissement (savons, seaux, jerrycans), des biens de première nécessité et des articles d’hygiène menstruelle ont ainsi été distribués rapidement. C’est donc une réponse au niveau régional qui est apportée à ces trois pays, touchés simultanément par un phénomène naturel d’une ampleur sans précédent dans l’océan Indien.

Si le lien spécifique entre Freddy et le changement climatique n’est pas établi à l’heure actuelle, nous savons, sur la base des rapports successifs du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), les cyclones vont devenir plus intenses (catégories 4-5) et pluvieux, du fait du réchauffement de la température des océans. D’autres Freddy sont donc sans doute à redouter.

Géraldine Drot

À lire dans le même dossier