« Nous, les relais communautaires, nous connaissons les gens, nous sommes proches d’eux. Et avec nous, le message passe ! », affirme Nadège.

Avec son binôme, Elodie, elle sillonne les quartiers de Brazzaville pour sensibiliser les femmes en âge de devenir mamans : « Faites-vous dépister, on peut vous aider à stopper la transmission du VIH/sida à votre futur enfant ! », leur disent-elles.

La transmission du virus de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou durant l’allaitement, joue un rôle important dans la propagation de la maladie, alors que le monde médical sait empêcher cette transmission.  Oui, mais les femmes séropositives qui ignorent leur état ne bénéficieront jamais de ces dispositifs. D’où la nécessité de sensibiliser les communautés.

C’est ce rôle que la Croix-Rouge française a confié à des membres des communautés touchées ; des femmes comme Nadège et Elodie, travaillant pour des associations de la société civile congolaises, choisies et « coachées », organisent des séances de sensibilisation et des groupes de parole pour informer, désamorcer les peurs, et motiver les femmes à se faire dépister.

« C’est fondamental, explique Jérémie Sibeoni, chef de la délégation Croix-Rouge française au Congo Brazzaville, car en l’absence de prise en charge adaptée, plus de la moitié des enfants infectés par le VIH meurent avant l’âge de 2 ans, et environ 10 % seulement atteindront leur dixième année ».

Dans un pays marqué par un accès limité aux services de santé, l’approche dite de la santé communautaire est au fondement de l’un des plus larges programmes de la Croix-Rouge française à l’international. Ce programme, qui se déploie au Congo Brazzaville grâce à des subventions du Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le Paludisme, émane de deux constats : « la pratique du dépistage est trop peu développée pour que les stratégies de prévention et de traitement soient efficaces. Ce sont donc ces relais communautaires qui sont les plus à mêmes d’amener les malades qui s’ignorent vers le dépistage et la prise en charge, » explique Nazaire Bakalia, chef du projet au sein de la délégation.

Depuis 2011, le projet permet, via la sélection et l’encadrement d’associations congolaises, d’apporter un soutien psychologique à plus d’un millier d’enfants atteints du VIH, et, depuis 2014, de sensibiliser des centaines de femmes en âge de procréer, ainsi que des populations particulièrement vulnérables à l’infection comme la population carcérale, les professionnelles du sexe et les homosexuels.

Depuis juillet 2016, le dispositif a encore été renforcé, avec la sensibilisation des jeunes de 15 à 24 ans et avec des actions à destination des personnes atteintes de tuberculose.

Le travail des relais communautaires vient donc compléter l’action historique de la Croix-Rouge française au Congo. Les actions de sensibilisation doivent permettre d’amener des milliers de personnes vers le dépistage, première étape du traitement et de la réduction des transmissions.

« Les antirétroviraux s’ils sont pris correctement réduisent significativement le risque de transmission. Dépister le plus grand nombre et en particulier des populations les plus à risque, pour les amener vers le traitement, c’est un enjeu pour la santé des malades mais aussi pour toute la société ! » 

PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE DES ENFANTS VIVANT AVEC LE VIH

Si le volet sensibilisation du projet vise à lutter contre la propagation de la maladie, un second volet porte sur la qualité de vie des patients : le soutien psychologique, destiné à plus de mille enfants et adolescents atteints du VIH. Au-delà des difficultés psychologiques liées à la maladie, la vie des enfants séropositifs au Congo est marquée par la peur et le rejet suscités par le VIH/Sida. Des entretiens avec des psychologues, des groupes de parole, des ateliers d’expression, des sorties thérapeutiques, des visites à domicile leur sont ainsi proposés pour les aider à faire face à des difficultés comme la stigmatisation, ou encore le poids du secret. 

Reportage de Nora Royer