Premières victimes de la crise sanitaire, les personnes fragiles et isolées ont plus que jamais besoin d’être écoutées et orientées vers des professionnels de leur département. Dans les Alpes-Maritimes, la Cellule territoriale d’appui à l’isolement (CTAI) gérée par la Croix-Rouge française, a mis en place un véritable écosystème autour des personnes touchées par le coronavirus. Margaret Thomas et Fiona Livolsi, coordinatrices de cette cellule, reviennent sur leur engagement.

Nelly Deflisque

Écouter, identifier et orienter 

« Le dispositif que nous mettons en place permet de s’assurer de l’effectivité de l’isolement des personnes positives au Covid-19 ou de leurs cas contacts », explique Fiona Livolsi, coordinatrice de la CTAI maralpine. La jeune femme de 27 ans, également secouriste bénévole Croix-Rouge depuis 2013, est pleinement déterminée à agir pour lutter contre la propagation de l’épidémie. « Notre travail quotidien consiste à briser la chaîne des contaminations en apportant une réponse à la stratégie "tester, alerter et protéger" du gouvernement. Ici, nous assurons le volet protection de ce triptyque ! ».

Depuis janvier 2021, Margaret Thomas et Fiona Livolsi encadrent ainsi une équipe de sept opérateurs âgés de 19 à 60 ans, sur la plateforme d’appels de la CTAI des Alpes-Maritimes. Chaque jour, de 8h à 19h la semaine et de 9h à 18h le week-end, ces opérateurs prennent contact avec un panel de personnes identifiées par la Sécurité sociale. « Qu’il s’agisse d’un problème d’hébergement, d’un besoin médical, de soutien psychologique, ou encore d’aide à domicile, les bénéficiaires nous confient leur problématique et nous mobilisons notre réseau de partenaires pour les aider à traverser au mieux cette période d’isolement. »

Une toile de partenaires réactifs

Soutenue par la préfecture des Alpes-Maritimes, la CTAI maralpine bénéficie d’un réseau de partenaires étendu sur l’ensemble du département. « Nous avons par exemple un hôtel sur Nice géré par l’association Secourisme Pour Tous, qui accueille des personnes testées positives au Covid-19 et des cas contacts ne pouvant s’isoler correctement à leur domicile, un réseau de pharmacies qui effectuent des livraisons de médicaments à domicile ou encore une équipe de psychologues qui prend en charge les personnes fragilisées », énumère Margaret Thomas. « En tant que coordinatrices, notre rôle est d’être le point d’appui de nos opérateurs pour les aider à identifier les partenaires les plus pertinents face à des problématiques complexes d’isolement. Cela a notamment été rendu possible grâce au tissu associatif réactif de notre territoire ».

« De nombreuses solutions de solidarité simples émergent »

Si la mobilisation des partenaires est essentielle, le premier réflexe de la CTAI reste avant tout de trouver une solution au sein de l’entourage proche de la personne. « Avant de proposer une intervention extérieure, nous prenons le temps d’enquêter auprès du bénéficiaire pour identifier qui pourrait l’aider à s’isoler dans son entourage. Par exemple, un voisin qui déposerait des courses sur le palier, des membres de la famille qui s’occuperaient des enfants… Quand on creuse, de nombreuses solutions de solidarité très simples émergent », assure Margaret Thomas.

Une implication humaine avant tout

Pour autant, la maladie peut venir révéler un traumatisme plus ancien, plus profond. « La CTAI a récemment pris en charge une personne âgée touchée par le coronavirus et qui se livrait peu sur sa situation personnelle. Au fil des discussions, elle a fini par nous parler de la perte de sa maison dans la tempête Alex qui a frappé les Alpes-Maritimes en octobre dernier. Ce choc récent ajouté aux symptômes dua Covid-19 et de son isolement ont achevé de la fragiliser psychologiquement. »

Heureusement, le lien de confiance créé entre l’appelant et l’écoutant mène bien souvent à l’apaisement. « C’était d’une écoute active dont cette personne avait réellement besoin. L’accompagnement assuré par les opérateurs de la CTAI dans la traversée de cette épreuve est une belle satisfaction pour toute notre équipe. »

« Cet engagement quotidien nous soude »

Satisfaction et fierté sont des sentiments partagés par les deux coordinatrices. « Au lancement de la CTAI, nous avions beaucoup de choses à construire tous ensemble. Ce travail réalisé et cet engagement quotidien nous soudent et nous remplissent de fierté ! », indique Fiona. Pour Margaret, 34 ans, bénévole Croix-Rouge depuis 2016, cette expérience humaine et professionnelle lui permet de garder le cap (et le moral) en cette période délicate : « Cela m’apporte énormément d’être actrice, à mon niveau, dans la lutte contre le coronavirus. C’est une satisfaction personnelle mais aussi professionnelle car cette expérience dans la CTAI est devenue en quelques mois la plus belle ligne sur mon CV ! ».