Créée par les Nations unies en 1993, la Journée mondiale de l'eau se déroule chaque année le 22 mars, avec un objectif : mettre l’accent sur l’importance fondamentale de l’accès à l’eau salubre, partout dans le monde. En France, les populations vivant dans des campements informels, des bidonvilles ou des squats en sont très souvent privées, alors même que l’épidémie de Covid-19 appelle à des règles d’hygiène strictes. C’est notamment pour répondre à ce besoin que la Croix-Rouge du Rhône (69) a mis en place en juin 2020 le dispositif d’intervention en campements informels, en collaboration avec des acteurs institutionnels et associatifs1. Trois questions à Celse Iradukunda, coordinatrice de ce dispositif.

Dans quel contexte le dispositif d’intervention en campements informels a-t-il été créé ?

Ce dispositif a été mis en place par la Croix-Rouge du Rhône en juin 2020, quelques semaines après la fin du premier confinement et en pleine crise sanitaire, pour répondre aux besoins constatés sur le terrain par les équipes de l’association. En effet, durant le premier confinement, les bénévoles de la Croix-Rouge sont intervenus régulièrement dans les squats, bidonvilles et campements informels du département afin d’apporter des colis alimentaires et des produits d’hygiène aux habitants, de réaliser des maraudes sanitaires. Sur certains sites, la problématique d'eau potable faisait partie des principaux problèmes soulevés, au-delà d'un logement digne ou de besoins alimentaires. Etant bénévole pour ces distributions, j’ai entendu à plusieurs reprises que c’était ce qui manquait le plus. Un jour, suite à un don, nous sommes arrivés dans un squat avec une camionnette remplie de palettes de bouteilles d’eau. A la façon dont les gens se sont saisi des packs, nous avons mesuré l’ampleur du problème. Le dispositif d’intervention en campements informels a donc été créé pour apporter des solutions concrètes et répondre aux besoins de base des personnes en grande exclusion.

Quels sont les trois grands axes de ce dispositif et dans combien de lieux intervenez-vous ?

En fonction des besoins, nous intervenons dans une dizaine de lieux (campements informels, bidonvilles et squats) qui se trouvent sur les communes de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Feyzin et Lyon. Le nombre de personnes rencontrées fluctue car, par définition, ce sont des personnes en situation précaire, souvent en mouvement. Ceci dit, on distribue près de 1000 colis alimentaires par semaine, ce qui donne une idée. Nos interventions s’articulent autour de trois grands axes : répondre aux besoins de base des populations (nourriture, hygiène, orientation vers les vestiboutiques pour le textile, travail en lien avec l’hôpital et avec d’autres acteurs, comme Médecins du Monde, pour les questions de santé) ; contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie ; et, troisième axe, proposer un accompagnement social pour faire le lien avec les services de droit commun (information, orientation, accompagnement physique si nécessaire, présence d’une assistante sociale, etc.).

Le deuxième axe du dispositif - améliorer les conditions de vie des personnes – est en grande partie lié à la question de l’accès à l’eau. Pouvez-vous le détailler ?

Sur certains sites, l’une des actions importantes à réaliser pour l’amélioration des conditions de vie est avant tout d’installer des points d’eau, des sanitaires et des toilettes. En lien avec nos partenaires, après un diagnostic, nous avons récemment mené un projet WASH (eau, assainissement et hygiène) dans un bidonville où il n’y avait qu’un seul point d’eau : il y a désormais deux douches et quatre toilettes. Notre objectif est donc d’installer des équipements là où il n’y en a pas, tout en sensibilisant les habitants au bon usage de ces installations. Ainsi, nous proposons de la médiation sur la lutte contre le gaspillage de l’eau, sur l’hygiène et l’assainissement, ou encore sur l’entretien des installations. Avoir accès à l’eau salubre est indispensable, pour des questions de santé publique, d’hygiène, de dignité. Quand les personnes arrivent à se débrouiller avec un petit abri sur leur tête, le minimum est d’installer des sanitaires pour, à défaut d’un environnement vraiment décent, atténuer un peu leur souffrance, leur permettre de se laver et se désaltérer, éviter la propagation de maladies. Ensuite, il faut faire en sorte que ces équipements soient correctement utilisés, que les bons gestes puissent s’installer dans le temps… Encore plus en période d’épidémie.

1 Le dispositif d’intervention en campements informels associe notamment la Croix-Rouge française, la ville de Villeurbanne, la Métropole de Lyon et l’Eau du Grand Lyon.

La Croix-Rouge française participe à la campagne « L’eau est un droit ! »

Lancée en novembre 2019, la campagne de plaidoyer « L’eau est un droit » rassemble une trentaine d’associations françaises qui s’engagent pour promouvoir un accès durable à l’eau potable et à l’assainissement, tout en préservant les ressources naturelles en eau. Dans ce contexte, la Croix-Rouge française a signé le Manifest'eau, qui présente les engagements clés pour des droits à l’eau et à l’assainissement effectifs, et envoyé des courriers aux élus français pour leur rappeler que l'eau est un droit pour tous. De plus, la Croix-Rouge française a participé au groupe de travail sur la révision de l’article 16 de la Directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, dite « directive relative à l’eau potable », et contribué à l’élaboration de la note « Plaidoyer directive eau ».

> Pour en savoir plus : https://leauestundroit.fr/