Le sort du PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis) pour 2012 et 2013 devrait être scellé le 20 septembre lors du conseil des ministres européens de l’Agriculture, réuni à Bruxelles. Les quatre grandes associations françaises d’aide alimentaire prendront la parole la veille, lors d’une conférence de presse commune, pour tirer la sonnette d’alarme.

A l’échelle européenne, le PEAD permet depuis 25 ans d’apporter une aide alimentaire à 13 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. En France, il permet de subvenir aux besoins de 4 millions de personnes grâce à quatre associations : les Banques Alimentaires, les restos du Cœur, le Secours populaire et la Croix-Rouge française.

Si l’Union européenne ne trouve pas rapidement une solution pour compenser la perte de financement pour l’année 2012-2013, ce sont 130 millions de repas qui ne pourront pas être distribués.

Le couperet est tombé le 20 juin dernier, lorsque la Commission européenne a annoncé la diminution du budget de 75%, suite à un arrêt de la cour de justice européenne rendu en avril. Le programme passera donc de 480 millions d’euros à 113 millions d’euros. La part de la France sera amputée de 80% ; le montant disponible passera de 72 à 15 millions d’euros.

Les quatre associations concernées montent donc au créneau, le 19 septembre, pour tirer la sonnette d’alarme. Elles demandent l’adoption rapide par les ministres européens de l’Agriculture, d’une réforme du PEAD, qui pourrait sauver le système. A défaut, elles réclament la mise en place d’une mesure transitoire, au moins pour l’année prochaine, le temps d’imaginer le PEAD de demain. « Sinon, ce sera la mort du dispositif et un fiasco pour les associations qui ne pourront plus distribuer autant », redoute Didier Piard, directeur de l’Action sociale à la Croix-Rouge française. Olivier Berthe, le président des Restos du Cœur, parle, lui, d’une « catastrophe humanitaire en 2012-2013 »

Origine et fonctionnement du PEAD

Le PEAD a été créé en 1987 par Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne, sous l’impulsion de Coluche et du mouvement associatif français pour faire face au développement considérable de la misère en France et en Europe. Le PEAD permet de mettre à disposition des États membres qui le souhaitent des stocks de matières premières agricoles issues de la PAC (Politique agricole commune) pour venir en aide aux citoyens en situation de précarité. Depuis quelques années, ces stocks ont fortement diminué, conduisant la Commission européenne à mettre en œuvre des achats de produits sur le marché pour pouvoir continuer à subvenir à la demande. Au fil du temps, ces achats qui devaient être subsidiaires sont devenus majoritaires (2008-2009). Aujourd’hui, Sept pays européens, emmenés par l’Allemagne, considèrent que le système a dérivé et ne doit plus relever de la PAC ; ils demandent qu’il soit remplacé par des budgets sociaux gérés par chaque Etat. La récente décision de la Cour de justice européenne contraint la Commission européenne à appliquer le programme selon le règlement actuel sur la base des seuls stocks.

Cette situation rend urgente et incontournable une réforme du système !

Seul le Conseil des ministres européens peut acter cette réforme. C’est la raison pour laquelle la Croix-Rouge française et ses trois partenaires de l’aide alimentaire se mobilisent fortement.