80 médecins spécialisés ont effectué leur examen de médecine de catastrophe dans l’enceinte du siège de la Croix-Rouge française, ce 12 mai 2016. Un exercice d’une ampleur exceptionnelle qui a impliqué la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, le Samu, plusieurs Associations Agréées de Sécurité Civile ainsi que les forces de l’ordre. Il s’agissait, en effet, de mettre les candidats en condition d’attentats multiples.

Le scénario de l'exercice de médecine

Le scénario, élaboré par le SAMU 75, était plus que réaliste : trois attentats survenant à quelques minutes d’intervalle. Deux fusillades éclatent simultanément sur des terrasses et dans une salle de spectacle, tandis qu’une attaque terroriste se produit dans des bureaux. Les forces du GIGN pénètrent en premier sur les lieux, sécurisent la zone, avant de donner leur feu vert aux organisations de secours. Le nombre de victimes est considérable. 

Près de 650 personnes ont été mobilisées pour l’exercice dans l’enceinte de la Croix-Rouge française : médecins du SAMU, sapeurs-pompiers, Fédération française des sauveteurs secouristes, Ordre de Malte, Croix-Rouge française, du côté des secours. Côté forces de l’ordre, Brigade de recherche et d’Intervention (BRI), RAID et GIGN. 

Pour rajouter au réalisme de la situation, environ 200 salariés et étudiants du siège de la Croix-Rouge ainsi que des bénévoles ont endossé le rôle de plastrons, autrement dit de victimes ou de personnes impliquées. Un centre d’accueil des impliqués a été installé afin d’assurer un soutien psychologique aux personnes traumatisées, choquées, et aux proches des victimes. Ce dispositif est entièrement intégré à l’organisation des secours, d’autant plus dans des circonstances aussi choquantes que des attentats. Il s’adresse à la fois aux témoins qu’aux personnes directement affectées.

Les opérations étaient coordonnées par des postes de commandement opérationnels mobiles. Comme dans la réalité, un commandement des opérations de secours est assuré par la Brigade des sapeurs-pompiers, en binôme avec un directeur des secours médicaux. Pour les besoins de l’exercice, un commandant des opérations de secours (COS) et un directeur des services médicaux (DSM) sont constitués sur chacun des sites. 

Hormis l’évaluation pédagogique et certificative pour les 80 médecins, il était question, pour tous les intervenants, de mettre en place une organisation des secours identique à une situation réelle et de mettre à l’épreuve en quelque sorte la coordination inter-associative. 

Côté Croix-Rouge française, la coordination des secours se déroulait au centre opérationnel. Objectif : organiser les opérations à l’échelle de l’Ile-de-France et tester les procédures sur des attentats multi-sites dans le cadre du plan ARAMIS – plan spécifique attentats -, en impliquant toutes les directions départementales concernées, comme ce fut le cas en 2015 lors des attentats contre Charlie hebdo en janvier, puis le 13 novembre. 

L’après-midi, le centre opérationnel a travaillé avec l’équipe de Rhône-Alpes sur le cas d’un double attentat à Lyon, afin de tester la gestion de l’urgence à distance. De nombreux secouristes de la Croix-Rouge française sont venus de province. Pour eux, l’exercice revêtait une importance particulière. Moins rôdés à la culture de l’urgence que leurs homologues franciliens, ils sont désormais amenés à se former et se préparer eux aussi aux nouvelles menaces. Le risque d’attentats ne pèse pas, en effet, que sur la capitale. Dans le cadre de son plan de préparation aux nouvelles menaces, la Croix-Rouge française est en train de dupliquer le plan ARAMIS aux 14 grandes métropoles du territoire. A terme, ce plan attentats devra être intégré dans tous les plans d’urgence départementaux. 

En marge de l’exercice proprement dit, trois sessions de formation aux gestes qui sauvent ont été organisées, permettant à 36 personnes d’être sensibilisées au module spécifique attentat. Un module de deux heures centré sur cinq gestes-clés : Alerter les secours, masser, défibriller, poser un garrot et traiter les hémorragies. 

« La spécificité de cet exercice, c’est ce contexte d’attentat et de sur-attentat. Le sur-événement, c’est l’hypothèse la plus dure, car une partie des intervenants sera blessée et donc dans l’incapacité d’accomplir sa mission. On doit donc se préparer à ce type d’éventualité, à être plus efficaces. » Professeur Carli, médecin chef du SAMU de Paris

            « La Croix-Rouge française procède régulièrement à des exercices de simulation de catastrophe. C’est indispensable pour coordonner nos actions avec les autres acteurs du secours. L’urgence ne s’improvise pas, elle doit être coordonnée. [] L’actualité de 2015 nous contraint évidemment à nous adapter à ce nouveau contexte, aux nouvelles menaces. C’est d’ailleurs tout le sens de la présence des secouristes venus de province en ce 12 mai. » Professeur Jean-Jacques Eledjam, président national de la Croix-Rouge française

Photos réalisées par la communication de Paris, des Hauts-de-Seine, Christophe Hüe et Nicolas Beaumont.