Le 27 janvier 2011, la Croix-Rouge française organise à Nancy, sous la présidence du Professeur Jean-François Mattei, une journée nationale sur le thème « Fragilité de l’enfant et de l’adolescent dans une société en mutation ». Entretien avec Danièle Sommelet, Professeur émérite de pédiatrie, à l’initiative du projet.

Ce rendez-vous a pour ambition de poser les bases d’une réflexion interdisciplinaire sur la prise en charge de l’enfant et de l’adolescent en situation de vulnérabilité.

Pouvez-vous nous dire comment est née l’idée de cette Journée nationale ?

Membre de la Commission régionale de la Santé et de l’autonomie (ARS de Lorraine), je suis également depuis 2008 présidente de la délégation départementale Croix-Rouge de Meurthe et Moselle. Dès mon arrivée au sein de l’association, j’ai eu envie de proposer un projet capable de réunir tous les acteurs du domaine sanitaire et médico-social. La mise en place de cette Journée nationale, qui permet d’ouvrir la Croix-Rouge française sur l’extérieur, est un gage de confiance et le signe d’une vraie collaboration entre les instances nationales et décentralisées de l’association.

Quels en sont les enjeux ?

Ce grand rendez-vous va permettre de rassembler plus de 300 professionnels - médecins, infirmiers, représentants de milieux associatifs, travailleurs sociaux… - et de les faire échanger sur des problèmes de santé publique touchant l’enfant et l’adolescent. Nous voulons attirer leur attention sur l’importance qu’il y a de considérer l’enfant comme un être en développement, qui dépend de facteurs à la fois génétiques et environnementaux mais aussi socio-familiaux, dans une société qui a beaucoup évolué. Or ces mutations, associées à une prise en charge inadaptée, peuvent conduire à un état de mal-être à l’âge adulte…

Je crois que dans ce domaine, la Croix-Rouge peut contribuer à certains changements. Depuis sa création, l’association fait de l’attention portée aux plus fragiles sa priorité. La vulnérabilité naturelle de l’enfant, qui peut se trouver aggravée par la maladie, le handicap, la précarité ou encore des changements familiaux, en fait donc une priorité absolue. Surtout lorsqu’on sait qu’aujourd’hui en France, il existe 2 millions d’enfants pauvres !

Quels seront les thèmes abordés ?

En plus des séances plénières et des temps de discussion, la journée sera rythmée par six ateliers qui aborderont tour à tour le rôle essentiel des parents, la promotion de la santé, la précarité, la maltraitance et la protection de l’enfance en danger, la délinquance et la violence, enfin les enfants et adolescents migrants.

Au vu de votre expérience, quelles sont selon vous les actions prioritaires à engager ?

Les objectifs majeurs sont les suivants :

  • respecter les droits de l’enfant définis par la Convention internationale ratifiée par la France en 2000,

  • assurer la promotion de sa santé physique et mentale dans un environnement socio-familial adapté à son développement, afin d’assurer son bien-être, de la naissance à 18 ans, puis à l’âge adulte.

Ceci repose sur une politique globale de santé de l’enfant, rassemblant l’ensemble des professionnels conscients de la fragilité de l’enfant et de la nécessité du maintien d’un lien social.