Dans le Gard, le 115 est annualisé depuis le 1er janvier 2008. Autrement dit, le numéro de l’urgence sociale fonctionne hiver comme été, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il est directement rattaché aux bénévoles du Samu social, géré par la Croix-Rouge française.

Evolution de la demande et du profil des personnes prises en charge

Chaque jour, le 115 reçoit 200 appels dans le département. Depuis sa première maraude en novembre 2002, Maryse Roussillon, aujourd’hui référente des bénévoles du Samu social du Gard, constate l’augmentation de la demande d’une année sur l’autre ainsi qu’une évolution de la population dans la rue: "Parmi ceux que l'on voit régulièrement, on voit apparaître des personnes qui ont une activité professionnelle, des jeunes en situation de rupture familiale et même des mineurs, des personnes manifestant des troubles psychiatriques non traités, ou souffrant de conduites addictives."

Maryse est convaincue du rôle clé de la maraude : "Même si l’on ne parvient pas à sortir des personnes de la rue, il est important d’être là pour eux, qu’il y ait ce contact. Nous sommes là pour créer du lien, avec l’espoir qu’il y aura un jour une issue". L’écoute, le dialogue, l’accueil. Trois éléments essentiels qui constituent les piliers du Samu social.

Un pôle social complet pour une prise en charge globale

Pour répondre à l'urgence sociale, la délégation départementale du Gard a créé un pôle à la fois efficace et complet, permettant la prise en charge globale des personnes, de l’exclusion à la réinsertion, au sein de chacun de ses établissements. Elle gère plusieurs structures, chacune destinée à une population particulière et répondant à des besoins ciblés.

Un centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS).

Les résidents, dont 20 % ont une activité, peuvent y demeurer plusieurs semaines ou plusieurs mois, le temps de retrouver un logement, un travail, des repères. Le centre compte de plus en plus de femmes seules ou avec enfants et de jeunes en situation de rupture familiale. Le rôle des éducateurs spécialisés et des assistants sociaux est de les aiguiller vers des formations et de les aider dans leurs démarches, personnelles ou administratives.

Un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA).

En plus d’octroyer un logement autonome à la personne en attente d’un statut de réfugié, le CADA favorise les démarches administratives pour l’obtention de ses droits, propose l’apprentissage du français, une aide dans la recherche d’un emploi. Fatouma, 19 ans, originaire de Côte d’Ivoire et arrivée en France il y a deux ans pour échapper aux violences perpétrées dans son pays, témoigne : "Ici, il n’y a pas de discrimination. L’assistante me donne des conseils précieux et j’ai repris confiance en moi".

Une antenne de premier accueil médicalisé (APAM).

Elle permet aux personnes qui viennent de la rue d'avoir accès à des soins qu'ils n'auraient pas sans ce lieu d'accueil, soit parce qu’ils refusent le système traditionnel, soit parce qu’ils en sont bannis. Une douzaine d’infirmières, de médecins et de spécialistes assurent des permanences à titre bénévole.

Un centre d'accueil de nuit.

Il a été créé en novembre 2007 pour compléter les structures existantes. Les personnes n’ayant pu obtenir un lit, peuvent y prendre un repas et passer la nuit au chaud, assis autour de la grande table familiale. « Il s’agit d’une solution de pis-aller, explique Olivier Dupuy, responsable du pôle social, pour combler le manque de places en hébergement d’urgence.

Un observatoire de la précarité

C’est dans le but d’adapter les dispositifs à des besoins toujours nouveaux que la délégation départementale du Gard a créé un observatoire de la précarité en novembre dernier. Grâce à un questionnaire établissant le profil des personnes accueillies dans chacune des structures du département ou rencontrées par l’équipe du Samu social, la délégation réalise un rapport chaque mois.

"L’observatoire a une fonction de vigilance essentielle, souligne Olivier Dupuy. Cet outil permet de repérer les mouvements de population en situation de précarité, d’observer le parcours de chaque personne recensée, d’évaluer les difficultés, les raisons pour lesquelles la personne retombe dans la rue… L’objectif est bien sûr d’adapter les réponses et les dispositifs d’accueil à leurs besoins."

L’analyse de ces statistiques va en quelque sorte permettre d’établir la vérité sur la population des exclus. Une première synthèse de toutes ces données sera transmise à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), avant d’être transmise au niveau du gouvernement.

Géraldine Drot