Depuis octobre 2012, la Maison d’accueil spécialisé (MAS) Guynemer, située à La Queue-lèz-Yvelines, accueille un chien d’accompagnement social qui lui a été remis par l’association HANDI’CHIENS. Une expérience qui contribue à l’épanouissement des résidents en situation de polyhandicap.

Comme chaque matin, Laurine Dollé, éducatrice spécialisée et responsable d’unité à la MAS Guynemer, se rend sur son lieu de travail, accompagnée de Gobi. Dès que les pattes touffues du Golden Retriever franchissent la porte d’entrée, le même rituel s’impose : le bonjour du personnel administratif, puis la visite des cinq unités de vie. Sur son passage, Gobi sème des sourires et des exclamations ; il embellit le quotidien des résidents. Des aquariums puis une cage à lapins ont d’abord été installés au sein de l’établissement.

Le personnel avait le souhait de développer cette approche par l’animal. Les résidents bénéficient d’un accueil de jour ou de l’internat en MAS parce que leur autonomie nécessite un environnement adapté. S’occuper d’un chien contribue ainsi à transformer leur quotidien, à faire d’eux des acteurs.

Parcours de chien 

A l’âge de deux mois, Gobi a passé un premier casting auprès de l’association HANDI’CHIENS qui l’a ensuite placé dans une famille d’accueil bénévole. Cette dernière lui a offert une

 pré-éducation durant 16 mois dans l’objectif de le sociabiliser. A ce stade, sa destinée de chien d’accompagnement social n’était pas encore tracée. C’est seulement après six mois d’éducation au centre HANDI’CHIENS d’Alençon - au cours desquels les chiens apprennent 52 commandes (« coucher », « assis »…) - que les qualités de Gobi comme chien d’accompagnement social ont été confirmées. Il se laisse manipuler facilement et réagit avec calme lorsqu’il a du monde autour de lui. La MAS a alors dû lui trouver un référent car sans référent, le chien perd ses repères. Laurine Dollé a accepté ce rôle et fédéré toute l’équipe de la MAS autour du projet. 

Faciliter la rencontre au-delà du handicap 

L’obéissance du chien est primordiale pour tisser une relation de confiance avec les résidents. Ils expérimentent jour après jour leur autorité sur Gobi, sous l’œil bienveillant du personnel accompagnant. « Cela les valorise », explique Laurine Dollé. Progressivement, des rituels se mettent en place avec Gobi pour permettre aux usagers de prendre des responsabilités. L’association HANDI’CHIENS reste propriétaire de l’animal et peut décider de le retirer si sa santé est mise en danger. Il faut donc que l’institution surveille le poids et la santé globale de l’animal. Aurélien, un résident permanent, s’en charge avec brio. Les usagers participent à cette entreprise en y trouvant un épanouissement personnel ainsi qu’un développement moteur et sensoriel. 

Le chien n’est pas une solution magique mais c’est un moyen avéré de stimulation orale et motrice. Les résidents font des efforts de motricité : le promener dans le jardin de la MAS les encourage à marcher, par exemple ; le brosser leur demande d’exercer leurs membres supérieurs ; lui donner des ordres - s’asseoir, se coucher ou avancer - stimule la parole et les oblige à verbaliser. « Tout ce qui vient nous aider à les rencontrer est extrêmement précieux », confie le directeur de l’établissement, Jean-Michel Cuisinier.

Gobi répond également aux besoins d’affection et de réconfort des résidents. « Ce n’est pas parce qu’ils n’expriment pas qu’ils ne ressentent rien », explique Laurine Dollé. Leur joie s’incarne dans un sourire, des yeux qui brillent. Nul besoin de mots.

Laurine Dollé fait profiter chaque unité de vie de la présence de Gobi. Elle promène également le chien hors les murs. Intrigués, les riverains s’arrêtent et parlent parfois avec eux. Le chien est alors un vecteur de rencontres et de socialisation.

Sophie DUVEAU