Léogâne, ville de 200000 habitants, à l’ouest de Port-au-Prince, fait partie des villes qui ont été littéralement ravagées par le séisme en Haïti. Sur place depuis une semaine, une équipe de réponse aux urgences de la Croix-Rouge française distribue chaque jour des articles de première nécessité aux familles les plus démunies.

6h

Au camp de base de la Croix-Rouge à Léogâne, sur les ruines d’une ancienne école, trois équipes de Réponse à l’Urgence ont installé leurs tentes : les Espagnols spécialisés dans l’eau potable, les Autrichiens en latrines et les Français et Finlandais dans la distribution d’articles de première nécessité.

Les 4 Français Eric, Franck, Mélanie, Arturo, et leurs collègues finlandais Hanski et Jussi sont déjà sur le pied de guerre…

6h30

Arturo et Jussi partent avec huit volontaires haïtiens recenser les besoins sur un camp de fortune qui s’est monté en face de l’hôtel de ville de Léogâne. Ils distribuent des tickets aux familles les plus vulnérables sélectionnées pour recevoir l’aide. La mission doit se faire rapidement… Car plus les jours passent et plus les distributions de tickets sont tendues.

« Les gens des autres secteurs de la ville viennent pour en réclamer… La tension peut rapidement monter, il faut expliquer clairement que nous allons distribuer à tout le monde, mais pas en même temps. Nous faisons un gros travail de sensibilisation avec les volontaires et les leaders de communautés… », explique Arturo. « Quand la tension monte ou qu’une foule se masse et empêche la distribution, nous nous retirons en expliquant que nous ne reviendrons que dans le calme… Jusqu’à présent, ça marche, les gens comprennent…

Sur cette zone, c’est quelque 750 foyers qui seront finalement recensés.

7h

Franck part quant à lui sur la zone de Durfor, où, la veille, l’équipe d’Arturo et Hanski ont distribué des tickets à 430 familles. Déjà la veille, Franck était allé vérifier que les membres de cette communauté avaient bien sécurisé le site de distribution, une propriété privée qui se prête à l’arrivée de trois camions remplis d’articles. Franck retrouve la vingtaine de volontaires haïtiens qui vont participer à la distribution.

Cela fait déjà quatre distributions qu’ils assurent ensemble et la machine commence à être bien huilée…

8h20

Après quelques petits ennuis mécaniques, c’est au tour d’Eric, Mélanie et Jussi de monter dans les camions, chargés la veille du nombre d’articles nécessaires pour les 430 familles identifiées.

A l’arrivée, la foule est déjà massée, mais les volontaires ont canalisé les récipiendaires en deux files : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre… Les badauds sont priés de s’écarter.

8h45

Les camions sont ouverts, la table d’enregistrement est prête, les volontaires sont en poste, le portail s’ouvre sur les 5 premières personnes qui sont invitées à entrer… « Pour éviter d’être débordés, nous faisons passer les gens 5 par 5, une fois les hommes, une fois les femmes », explique Franck, coordinateur de l’équipe. « Le fait de disposer d’un portail est aussi très important pour canaliser le flux ».

A regarder sur le chemin, plusieurs centaines de personnes se sont massées aux alentours.

Jusqu’à 11h

Le bal de la distribution se déroule et le rythme s’accélère au fur et à mesure que les volontaires trouvent la cadence au cul des camions.

Pour les bénéficiaires, le parcours est le suivant : présentation du ticket et enregistrement auprès de Mélanie et son équipe, arrivée au premier camion pour recevoir 2 couvertures et un kit hygiène, au deuxième camion un set de cuisine et un jerrican, enfin au troisième camion 2 bâches en plastique et 2 moustiquaires, puis la sortie…

Les volontaires haïtiens marqués de la Croix-Rouge, qui sont des travailleurs journaliers, déballent les articles, les groupent en veillant à bien respecter le nombre distribué par personne, les donnent aux bénéficiaires pendant que d’autres aident à porter le tout jusqu’à la sortie.

« Certaines personnes sont âgées, handicapées, il y a aussi des femmes avec nourrissons, ou enceinte… Il faut les aider à porter tout ça. A la sortie, d’autres membres de la famille sont là pour les aider », explique Franck.

10h45

La distribution est terminée. Tous les articles ont été distribués …

« C’est maintenant qu’il faut être vigilant, car il faut expliquer à ceux qui n’ont rien reçu que nous reviendrons un autre jour et que nous n’oublierons personne », commente Franck. Les camions sont fermés, tout le monde remonte dans les véhicules et c’est parti… la distribution s’est déroulée dans le calme…

Mais à quelque dizaine de mètres de là, c’est le barrage. Des pancartes ont été dressées au milieu du chemin et la voiture de tête dans laquelle se trouve Mélanie est contrainte de s’arrêter. Des habitants du village voisin sont mécontents et veulent aussi recevoir quelque chose ! « Nous allons revenir, ne vous inquiétez pas, nous comprenons vos besoins, mais nous ne pouvons pas distribuer à tout le monde en un jour.. » explique calmement Mélanie, qui parle un peu créole pour avoir vécu en Haïti quelques années auparavant. Les gens se calment et ouvrent la voie… « C’est vraiment très important d’expliquer ce que nous faisons, ils le comprennent parfaitement », commente la jeune femme.

11h30

Rentrée au camp de base, toute l’équipe « débriefe » et casse la croûte… Arturo et Hanski ont connu quelques difficultés avec la distribution des tickets mais recommencent dans l’après-midi. L’équipe de distribution analyse l’opération du matin et fait les comptes : 426 familles, soit plus de 2000 personnes, ont reçu les articles.

12h

Arturo et Jussi repartent illico pour évaluer les besoins en tentes d’un centre médical. Plus tard Arturo retrouve Jussi et ensemble continueront la distribution de tickets tout l’après-midi. Au final, pour plus de 700 familles !

13h

L’équipe de distribution s’apprête à repartir sur le site prévu pour le lendemain afin d’identifier un lieu adéquat et s’organiser avec la communauté. Il faut aussi payer les volontaires journaliers et les briefer pour la prochaine distribution… « Le fait qu’on travaille avec la communauté est un vrai gage de succès de telles distributions », commente Franck.

18h

Tout le monde est rentré au camp de base pour un dernier tour d’horizon des choses à faire pour le lendemain… Quand vient enfin le moment du repos du guerrier…

Et c’est ainsi tous les jours pour nos volontaires Croix-Rouge française, qui durant trois semaines pour la plupart d’entre eux, ont quitté famille et travail pour se rendre utile bénévolement. Jusqu’à ce que d’autres prennent le relais…

Laetitia Martin, déléguée info

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