L’état de catastrophe naturelle a été reconnu ce mercredi dans 32 communes des Alpes-Maritimes par le conseil des ministres. Un décret très attendu par les sinistrés. Quatre jours après les intempéries extrêmement violentes qui ont frappé le Sud-Est, tout le monde s’active à effacer les traces de cette catastrophe, mais il va falloir beaucoup de temps et d’énergie pour y parvenir.

Les images sont choquantes. Des voitures, des mobiles homes encastrés, des pans de murs effondrés, des arbres arrachés, des traces de boue partout… Dans les maisons, tout ou presque est bon à jeter. Des quantités de sacs poubelle et de gravats jonchent les rues au fur et à mesure que les opérations de déblaiement et de nettoyage progressent.

C’est un véritable cataclysme qui s’est produit dans la région. « Les vagues de boue ont été d’une extrême violence, confirme Marika Roman, la présidente de l’unité locale de la Croix-Rouge d’Antibes-Golfe Juan-Vallauris, durant la nuit du 3 au 4, après le déluge, les gens se sont retrouvés dans la rue, complètement hagards. Nous avons eu le sentiment d’avoir subi des bombardements », témoigne-t-elle. Trois médecins de la Croix-Rouge d’Antibes ont passé la nuit aux côtés de personnes souffrant de graves problèmes de santé, partant à la recherche de médicaments que certaines avaient perdus dans les inondations ; de l'insuline, des traitements extrêmement lourds, indispensables. » Elle et son équipe (une vingtaine de bénévoles mobilisés chaque jour) restent sur le terrain non-stop, participant aux opérations « coup de main coup de cœur » avec la population et assurent les urgences signalées par les mairies et les services sociaux. Mardi soir encore, il a fallu distribuer des sacs de couchage et des couvertures à des habitants totalement démunis.

La Croix-Rouge monégasque est sur place depuis lundi après-midi, après avoir proposé son aide spontanément. Une dizaine de bénévoles appuyés par trois véhicules, des karchers, des groupes électrogènes, des produits et du matériel de nettoyage, abat un travail titanesque.

« Un spectacle d’une tristesse infinie »

Quatre jours après les événements, la population craque moralement. Après s’être réfugiée dans l’action, elle réalise à présent l’ampleur de la tâche et la perte de ses biens. Philippe Breton, cadre technique national opérationnel (CTNO), venu soutenir la délégation départementale des Alpes-Maritimes, confirme : « Les jours passant, les émotions surgissent.  Parler avec les gens, les soutenir psychologiquement, est aussi important que le coup de balai ». Lorsque des personnes fragiles sont identifiées, les bénévoles de la Croix-Rouge les signale à la cellule d’urgence médico psychologique (CUMP) pour une prise en charge médicale. Dans chaque commune sinistrée,  « le spectacle est d’une tristesse infinie », affirme Chantal Verhaeghe, présidente départementale de la délégation des Alpes-Maritimes. Partout les opérations de nettoyage battent leur plein. Beaucoup de gens ont attendu avec impatience le passage des experts pour être certains d’être indemnisés.

A présent, les choses s’accélèrent. A Biot, notamment, la tâche est immense. De nombreux bénévoles spontanés prêtent main-forte aux personnes sinistrées, encadrés systématiquement par un membre de la Croix-Rouge. Parallèlement, d’autres équipes de bénévoles poursuivent les évaluations. Au fil de leurs déplacements, ils découvrent encore des sites inondés et s’assurent qu’aucune personne ne s’y trouve. «  La multiplicité des sites touchés est impressionnante, explique Philippe Breton qui a sillonné tout le département. Le long des rivières qui ont débordé, des entreprises, des maisons, des voitures ont été emportées. Le même spectacle se déroule sur des kilomètres. » En moyenne, cinquante bénévoles de la Croix-Rouge française sont mobilisés sur le terrain chaque jour. Mais il faudra encore beaucoup d’énergie et de mobilisation avant de retrouver un semblant de normalité dans le paysage.

Géraldine Drot