Cette journée du 27 janvier est dédiée à la mémoire des génocides et à la prévention des crimes contre l’humanité. Cette date est aussi, cette année, celle du 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz en 1945. Un important devoir de mémoire pour les victimes de la Shoah. Aux côtés du Ministère des prisonniers de guerre, déportés, rapatriés, la Croix-Rouge française a participé au rapatriement des survivants des persécutions nazies et des prisonniers de guerre français. (photo ci-dessus : évacuation des déportés de Buchenwald, 1945)

Le 1er septembre 1944, le Secrétariat d’Etat aux Prisonniers de Guerre devenait Ministère des Prisonniers de Guerre, Déportés, Rapatriés. Dès le 24 août 1944, au moment même de la libération de Paris, la Croix-Rouge française, de son côté, s’organisait déjà en vue d’un retour massif des captifs d’Allemagne et créait en son sein une délégation générale au rapatriement. Très vite, elle est associée à la Mission de rapatriement conduite par le Ministère, de la sortie des camps à l’accueil des rapatriés en France. 

Très tôt, la Croix-Rouge française sollicite auprès du SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force), dirigé par le général Eisenhower, une autorisation d’agir en Allemagne. Combien de déportés libérés par l’avancée des armées Alliées se débattent dans le chaos des ruines et des voies de communication détruites ! Cette autorisation tardant à venir, près de 80 postes de secours sont malgré tout répartis pour les secourir. Peu à peu, le rôle de ces postes consiste à ravitailler et soigner les rapatriés des convois de retour. 

Parallèlement, la Direction des conductrices ambulancières forme neuf groupes mobiles qui partiront en Allemagne, en Pologne et en Tchécoslovaquie. Equipées de 70 ambulances Austin données par la Croix-Rouge britannique, les conductrices et infirmières sont détachées auprès des armées américaine, britannique et française avec lesquelles elles vont découvrent l’horreur des camps de concentration.

Elles contribuent tout d’abord à évacuer les camps et à transporter prisonniers et déportés blessés et malades vers les hôpitaux les plus proches. De là, d’autres convoyeuses les véhiculent vers les sanatoriums installés par la Croix-Rouge française en Forêt Noire. Dans d’incessants allers retours, ces jeunes femmes prennent en charge les plus meurtris. Malgré l’horreur, l’angoisse, la tristesse aussi parfois de voir mourir ceux qu’elles convoient, toutes restent, jusqu’au bout : il faut ramener ces femmes et ces hommes à la vie. En quelques mois, elles auront rapatrié 60 200 personnes et parcouru près de 250 000 km.

Si la plupart peuvent encore supporter le transport en ambulance, il est nécessaire pour d’autres d’envisager le rapatriement aérien. En effet, dans le cadre du rapatriement aérien entrepris par les Alliés, la Croix-Rouge est chargée de la partie sanitaire. Ainsi, sur les aérodromes, les IPSA prennent le relais des conductrices et assurent les soins pendant le vol. Les avions atterrissent au Bourget et à Bron, puis repartent le lendemain. 

Enfin, pour faire face au flot de rapatriés qui, dès le mois de mars 1945, sont dirigés sur la région parisienne, des postes d’accueil sont dressés par les secouristes. Les gares, bien sûr, en sont les points les plus importants.Certaines, la gare d’Orsay en particulier, verront arriver jusqu’à 3000 personnes par jour durant plusieurs semaines. Infirmières et assistantes sociales sont aussi mobilisées dans les grands centres d’accueil, comme l’hôtel Lutétia à Paris. Il s’agit avant tout de nourrir, de soigner et de fournir un premier lieu d’hébergement, premier point de chute pour ces rapatriés souvent totalement désemparés. 

Ce sont ainsi 226 conductrices ambulancières, 1 000 infirmières, 2 400 secouristes qui durant toute l’année 1945 se sont consacrés au rapatriement et à l’accueil des prisonniers de guerre et des déportés en Allemagne. Mais la mission de la Croix-Rouge française auprès d’eux ne s’est pas arrêtée là, d’autres services de l’association ont maintenu une activité intense ou pris le relais. Son service de recherches et de rétablissement des liens familiaux poursuit son action entamée dès le début de la guerre, en lien avec le CICR. En outre, par le biais de sa Délégation générale en Allemagne, elle va gérer plus d’une vingtaine d’établissements de soin et de cure à destination des libérés jusque dans les années 1950.