La Croix-Rouge française remettra, à l’occasion de la COP 25 qui s’est ouverte lundi 2 décembre 2019 à Madrid, un rapport sur les conséquences des changements climatiques sur la santé, une problématique sur laquelle l’association est fortement engagée.

Faisant suite à la conférence mondiale qu’elle a organisée à Cannes en avril 2019, la Croix-Rouge française publie « Soigner une humanité à +2°C », un document dans lequel elle aborde les conséquences des changements climatiques sous l’angle de l’adaptation. Fruit des réflexions et du travail collaboratif des 500 experts internationaux et acteurs de terrain présents lors de cette première COP humanitaire, ce document appelle chacun à prendre ses responsabilités.

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8 défis mais une seule terre !

Le rapport se concentre sur 8 thématiques qui sont autant de défis à relever pour les humanitaires :

  • Réduire les risques sanitaires liés aux catastrophes : construire la résilience sanitaire des populations face aux catastrophes et à leurs conséquences

  • S’adapter aux vagues de chaleur en milieu urbain : préparer les métropoles à répondre aux besoins actuels et à venir

  • Prévenir les risques épidémiques : coupler l’approche communautaire et le renforcement du système de santé

  • Répondre aux besoins en santé mentale et en soutien psychosocial : intégrer la dimension psychlogique aux différentes phases de réponse (prévention, préparation, urgence et relèvement)

  • Lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition : sensibiliser et former sur la nutrition, l’hygiène, l’assainissement, la santé maternelle et infantile

  • Répondre aux enjeux sanitaires des mouvements de populations aggravés par le climat : intégrer les migrants aux systèmes de soins pour détecter rapidement les potentielles maladies et favoriser une prise en charge précoce

  • Prévenir les besoins en santé liés aux effets combinés du conflit et du climat : intégrer la dimension des changements climatiques au cadre d’intervention des institutions et des humanitaires

  • Protéger les écosystèmes pour promouvoir la santé : sensibiliser et impliquer les communautés dans la préservation et la réparation des services écosystémiques

Au-delà des constats posés et des problématiques identifiées, ce document dresse également un éventail de solutions, à travers des exemples de bonnes pratiques :  systèmes d’alerte précoce, solutions vertes dans les villes, identification biométrique des patients, premiers secours et santé à base communautaire, ou encore outils de prévention et de traitement des épidémies... sont autant de réponses déjà mises en place et qui fonctionnent.

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9 recommandations pour mettre en place des réponses nouvelles et adaptées

Aujourd’hui, la Croix-Rouge française veut aller plus loin en recommandant à tous d’appréhender comme un tout la santé humaine, animale et des écosystèmes, de lier à la fois atténuation et adaptation, de se préparer à être prêts en se formant, en développant la recherche, en créant des outils innovants mais aussi en s’appuyant sur les savoir-faire des communautés, en renforçant le lien social, en réduisant son impact environnemental, etc.

Notre association veut également demander aux bailleurs de mieux financer les programmes d’adaptation et notamment ceux en lien avec la santé.

Enfin, elle demande aux États, comme son fondateur Henry Dunant l’avait fait en son temps avec le droit international humanitaire, la reconnaissance d’un droit à un environnement sain et sûr.

Son engagement se traduit par la définition d’un ensemble de recommandations, appelant à :

  • Renforcer nos connaissances : développer la recherche multidisciplinaire et s’appuyer sur les sciences pour mieux appréhender les changements climatiques, leurs effets directs et indirects sur la santé et proposer des réponses appropriées et innovantes.

  • Appréhender la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes comme un tout : une seule planète, une seule santé. 

  • Au nom du principe d’humanité, reconnaître juridiquement et sur le plan international le droit à un environnement sain et sûr.

  • Développer une diplomatie climatique collective, basée sur la preuve et le témoignage, pour porter la voix des plus vulnérables face aux changements climatiques.

  • Construire la résilience des communautés par une approche multidisciplinaire qui s’appuie sur la culture et les savoir-faire de chaque communauté et le renforcement du lien social et intergénérationnel :  l’interdépendance des conséquences des changements climatiques nécessite une approche globale, participative et solidaire.

  • Promouvoir l’éducation et réduire les inégalités pour diminuer les vulnérabilités aux changements climatiques, l’ignorance et la précarité étant des facteurs multiplicateurs des risques et des conséquences.

  • Accroître et rendre plus efficace le financement des programmes d’adaptation sur le long terme, pour construire une résilience solide et pérenne en augmentant la part des financements dédiée à l’adaptation et en développant les financements basés sur les prévisions.

  • Chacun doit prendre sa part : réduire l’impact sur l’environnement de nos actions humanitaires et de nos activités en général.

  •  Promouvoir des modèles de développement plus justes et plus respectueux des écosystèmes et des personnes dans toutes leurs dimensions : la crise climatique est aussi l’opportunité de repenser nos modes d’organisation économique et sociale.

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Chiffres clés

  • Plus de 45% des impacts climatiques pourraient être évités et plus de 50 milliards de dollars économisés en préservant ou restaurant la nature. (Plos One, 2018)

  • Chaque année, en moyenne, les catastrophes dites naturelles touchent 199 millions de personnes, causent 67 000 décès et font plonger 26 millions de personnes dans la pauvreté. (IDMC, 2018)

  • Aux États-Unis et au Mexique, l’augmentation des températures moyennes de 1°C provoque une augmentation du taux de suicide respectivement de 0,7% et 2,1%. (The Conversation, 2018)

  • Le nombre de personnes souffrant de malnutrition ou d’insécurité alimentaire a atteint plus de 800 millions en 2017, en partie à cause des changements climatiques. (FAO, 2018)

  • L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que depuis 2008, environ 21,5 millions de personnes ont été déplacées de force par les risques d’apparition soudaine d’aléas liés aux intempéries tels que des inondations, des tempêtes, des incendies de forêt, des températures extrêmes. (HCR, 2018)

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Consulter la stratégie 2030 de la Fédération International de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.