Du 21 octobre au 18 novembre 2019, les enfants hospitalisés au sein de l’Hôpital Croix-Rouge de Margency (95) dévoilent leurs créations originales au Château de Versailles : des perruques coiffées de matériel médical ! Sous la houlette de l’artiste Caroline Desnoëttes, poches, tubes, gélules et autres tubes de perfusion ont été détournés de leur usage initial pour réaliser cette exposition baptisée « Escales à Versailles – Coiffé / Décoiffé »

Lundi 21 octobre, une dizaine d’enfants soignés à l’Hôpital Croix-Rouge de Margency ont gaiement déambulé à travers le monument historique pour présenter leurs perruques. La Comtesse Chimio de la Thérapie, Le Baron du Sérum, La Vicomtesse du Branchement Veineux ou encore le Prince du Nébuliseur se sont ainsi donnés rendez-vous au bosquet de la Girandole, dans le parc du château de Versailles, pour faire admirer leurs jolies coiffes et leurs sourires sur des portraits grandeur nature.

Un travail minutieux pour une journée d’exception

Cette journée est l’aboutissement de plus de huit mois de travail en atelier au sein de l’hôpital, sous l’égide de la plasticienne Caroline Desnoëttes. Tous les mercredis, l’artiste a accompagné 150 jeunes patients des services d’onco-hématologie et de pédiatrie spécialisée, dans la réalisation de perruques avec du matériel médical recyclé (gélules, gants de caoutchouc, blouses, masques, fioles ou tubes de transfusion, etc.). En parallèle de leurs créations, les enfants ont découvert la vie à la cour du Roi Soleil et l’univers de la mode du XVIIè siècle grâce à des visites du château et des médiations au sein de l’hôpital. Coiffée de leurs étonnantes parures, une vingtaine d’entre eux s’est ensuite rendue l’été dernier dans des lieux emblématiques du château, tels que les Grands Appartements, la Galerie des Glaces ou encore les jardins du Roi-Soleil, pour une séance de prise de vue menée par le photographe Fabrice Gaboriau. Ainsi, durant près d’un mois, les visiteurs du château de Versailles auront l’honneur de contempler les 30 clichés de ces enfants, reines et rois d’un jour.

Inscrit dans le cadre du programme régional « Culture et Santé » soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et l’Agence régionale de santé (ARS), ce projet ambitionne d’aider ces jeunes patients à aborder culturellement et artistiquement la problématique de la perte des cheveux. « Il était important pour nous de pouvoir mener les enfants au bout de leur démarche avec la mise en valeur de leur travail. Ce projet thérapeutique et pédagogique est également l’occasion, pour la Croix-Rouge française, de faire-valoir ses activités sanitaires, mais aussi de faire reconnaître l’excellence du travail mené quotidiennement par les équipes de l’Hôpital de Margency. Nous sommes très fiers de notre partenariat avec le château de Versailles qui est véritablement porteuse de sens », affirme Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.

L’art-thérapie à la cour de Versailles

Lovés dans les bras de leurs soignants, les petits écarquillent les yeux devant leurs portraits imprimés en grand format disposés dans les jardins ainsi que dans le catalogue de l’exposition.  « C’est très gratifiant pour eux, ils sont tellement heureux de se voir dans un livre, coiffés de leurs perruques originales ! Je les sens émus et fiers », sourit Marie-Carole, infirmière au sein du service de pédiatrie spécialisée. « Cette expérience leur apporte énormément, rebondit Catherine, psychologue de l’hôpital Margency. La perte des cheveux engendrée par les séances de chimiothérapie est ici abordée avec humour. S’amuser avec des perruques et du matériel de soin permet à ces enfants d’approcher la transformation de leur corps de manière non médicale, non verbale, pour mieux la surmonter.

Au loin, l’artiste Caroline Desnoëttes et les plus grands échangent, complices, sur cette journée riche en émotions. « J’ai été impressionnée par la manière dont ils ont pris possession du matériel médical : comment ces objets douloureux sont devenus sous leurs petits doigts des objets d’attention, de joie et de création. Cette réalisation leur a permis de parler de leur maladie avec humour et légèreté », s’exclame-t-elle. Pari réussi !

« Il y avait la fontaine du parc juste pour moi ! »

« J’aime bien dessiner, inventer et bricoler. C’était drôle de jouer avec du matériel d’hôpital et de le voir différemment », s’enthousiasme Yuvis, 14 ans. Même regard pétillant chez Laëtitia, 10 ans, qui remonte l’allée d’un pas décidé pour montrer son portrait et sa perruque constituée de tubulures violettes. « Ce qui m’a plu, c’est qu’il y avait la fontaine du parc juste pour moi, et les touristes me prenaient en photo. J’étais super fière !

L’initiative réjouit les enfants et émeut les parents. « Je suis particulièrement touchée par la perruque coiffée de poches de Stomie. Durant ses 4 premiers mois de traitement au Mali, mon fils n’avait pas cette poche et c’était très dur pour lui, sa peau était fortement abîmée… Aujourd’hui, il est soigné avec et c’est un véritable soulagement », lance Samoye Coulibaly, maman de Gaoussou Cherif Haidara, 18 mois. La maman de Yuvis ne cache pas non plus son plaisir « J’ai beaucoup participé à la création de ces perruques. J’étais à fond et aujourd’hui je suis heureuse d’être là, de voir enfin le résultat ! Et puis sortir de l’hôpital nous a permis de passer du temps normal avec nos enfants, loin de l’univers médical… »

Exposition « Escales à Versailles – Coiffé / Décoiffé » - Château de Versailles / bosquet de la Girandole, du 21 octobre au 18 novembre 2019

Caroline Desnoëttes et les enfants de Margency : une (belle) histoire d’art

En 2018 déjà, l’artiste plasticienne Caroline Desnoëttes et les jeunes patients de l’hôpital Margency de la Croix-Rouge française ont associé leurs talents pour mettre en place un projet d’envergure au sein du Musée Rodin, à Paris. Après plusieurs mois de travail en atelier, les petits artistes ont réalisé une exposition éphémère baptisée « Rodin & Moi ». A travers la photo, le dessin, le modelage ou encore l’assemblage avec du matériel médical, les enfants ont offert au public une expérience de création forte, saluée par Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture et Agnès Buzyn, ministre de la Santé.