A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida ce jeudi 1er décembre, et durant une semaine, l’association Aides et la délégation Croix-Rouge du 4ème arrondissement de Paris ont installé deux bus de prévention au centre de Paris.

Objectif : accueillir, écouter et échanger avec chacun sur les outils de prévention existants, et proposer un dépistage rapide, en 30 minutes, à des personnes qui ne se tournent pas toujours vers le dépistage traditionnel.

Mardi 29 novembre, 17 heures.

Les volontaires de l’association Aides et les bénévoles de la Croix-Rouge du 4ème arrondissement de Paris ajustent les dernières banderoles et les espaces d’accueil avant l’arrivée des bénéficiaires. Jusqu’au 4 décembre, deux bus de prévention stationneront rue de la Verrerie, à quelques mètres de l’Hôtel de Ville, afin de proposer un dépistage rapide du VIH/Sida et une palette d’outils de prévention à ceux qui le souhaitent.

L’association Aides, soutenue également cette semaine par le SNEG - syndicat national des entreprises gaies - avait déjà organisé une opération de ce type en juin dernier dans le 3ème arrondissement, mais c’est la première fois que la Croix-Rouge française s’associe à l’évènement. Et ce n’est pas anodin. « Nous nous sommes aperçus, à l’issue de nos maraudes sur le terrain que nous étions peu à même de parler sexualité, prévention des risques ou toxicomanie, explique Xavier Fleuranceau, président de la délégation de la Croix-Rouge du 4ème arrondissement. Aides, de son côté, n’est pas spécialiste des questions de précarité ou ne peut répondre à certaines demandes. Nous nous sommes donc rejoints afin de mutualiser nos efforts et de partager nos compétences, dans le respect de nos principes respectifs. »

Réduire le temps de stress

Pendant toute la durée de l’opération, les bénévoles de la Croix-Rouge du 4ème arrondissement accueillent et proposent un soutien psychologique aux visiteurs, tandis que les volontaires de l’association Aides, ayant suivi une formation préalable, réalisent un dépistage rapide. « Si le VIH continue de sévir, explique Dominick Descharles, chargé de mission chez Aides, c’est en grande partie parce que de nombreuses personnes – 50 000 en France selon une estimation - ignorent qu’elles sont porteuses du virus. Il était par conséquent nécessaire de proposer une nouvelle offre de dépistage afin d’aller vers ces personnes. »

Grâce au dépistage rapide, utilisé officiellement en France depuis un an seulement, de grands progrès peuvent être accomplis, tant en matière de prévention que d’accompagnement dans un parcours de soins. « Nous emmenons le test là où se trouvent les personnes, ajoute Dominick Descharles, et pouvons les orienter dans les meilleures conditions. » En outre, l’aspect démédicalisé du processus en rassure plus d’un. « Il n’est pas toujours facile de détailler sa vie privée à une ‘blouse blanche’, précise Robert Szumigalski, volontaire à Aides.

L’aspect convivial de ce type d’opération encourage de nombreuses personnes à franchir le pas. » Le dépistage rapide n’exclut pas le sérieux de la démarche : un entretien préparatoire est systématiquement mené, afin d’être certain que le bénéficiaire est bien conscient de la démarche qu’il entreprend, et les résultats sont donnés et commentés avec lui. Enfin, la rapidité du processus ne peut qu’aider les bénéficiaires. « Le fait de diminuer le temps d’attente entre le test et les résultats permet de réduire le temps de stress », souligne un jeune homme de 28 ans venu se faire dépister. Un autre apprécie l’aspect chaleureux et accueillant qui règne sur les lieux : « on se sent bien entouré et accompagné, ce qui n’a rien à voir avec le fait d’aller dans un laboratoire avec sa prescription ».

Un partage de compétences à poursuivre

Soutenir, épauler, font partie des motivations qui ont conduit la délégation du 4ème arrondissement de Paris à s’associer à cette opération. « Ce partenariat est né de l’expérience terrain de ce quartier, précise Philippe Le Gall, responsable départemental des actions sociales.Avec une intervention commune nous avons la possibilité d’apporter un bénéfice supplémentaire incontestable. » Une alliance qui pourrait donc perdurer et pourquoi pas s’étendre à d’autres arrondissements. « Des maraudes ‘mixtes’ pourraient être envisagées dans ce quartier, confirme Xavier Fleuranceau.

Les bénévoles Croix-Rouge poursuivraient leur travail sur les questions psychologiques et sociales, accompagnés par des volontaires Aides pour répondre aux interrogations sur la sexualité ou les pratiques à risques. » « Ce n’est pas parce que ces personnes vivent dans la rue qu’elles n’ont pas de sexualité, ajoute Philippe Le Gall. Elles sont déjà assez exclues comme cela dans ce type de situation. »

Anne-Lucie ACAR