Le Syndicat national des basketteurs a mis en place une formation aux premiers secours dispensée par les Centres régionaux de formation professionnelle (CRFP) de la Croix-Rouge française. Après une phase de tests avec 6 clubs, 34 au total pourraient être formés par la suite. Le 6 février dernier, Ingrid et Nicolas, deux formateurs de la Croix-Rouge, coachaient l’équipe de basket de Bourg-en-Bresse (pro B).

« Là on s’amuse un peu, c’est pas très difficile. Mais en situation, il y aurait plus de stress ! » Du haut de son mètre quatre-vingt huit, Seidou, 23 ans, meneur de jeu de l’équipe de Bourg-en-Bresse (pro B), a les pieds bien ancrés au sol, quand il n’est pas dans les airs. Il sait que ces gestes de premiers secours sont moins faciles à reproduire in situ qu’il n’y paraît. A l’instar de ses coéquipiers, Seidou semble pourtant détendu. Il faut dire que c’est leur deuxième demi-journée de formation, après celle de la semaine dernière ; deux demi-journées de 3h30 pour intégrer le module PSC 1 (Prévention et secours civique de niveau 1), que le syndicat finance. 

Si les deux heures d’entraînement qui ont précédé la formation les ont fatigués, leur concentration se lit néanmoins sur leur visage, preuve qu’Ingrid et Nicolas, les deux formateurs de la Croix-Rouge, ont toute leur attention.  « Les joueurs vivent vraiment la session. On met en place des scénarios, on les met dans des situations de stress, ils sont très réactifs ! », s’enthousiasme Ingrid. Réactifs et proactifs : le cours se veut participatif, et, comme sur le terrain, chacun doit mouiller sa chemise à un moment ou un autre. Et c’est de bon cœur qu’ils se prêtent aux exercices pratiques qu’on leur propose, car tous se sentent concernés.

Une formation pour célébrer et commémorer

La mise en place de cette formation n’est pas le fait du hasard. « Nous voulions mener une initiative solidaire pour les 25 ans du syndicat que l’on fête cette année », explique Eissa Dini, chargée de projet au Syndicat national des basketteurs professionnels (SNB). Solidaire, parce qu’au printemps dernier, Thierry Rupert, un joueur dijonnais, a fait un arrêt respiratoire sur le terrain, suivi d’un arrêt cardiaque. « Avant de tomber dans le coma, en juillet dernier, il avait souhaité parrainer cette initiative », poursuit Eissa.

« Il y a eu une prise de conscience avec ce qui est arrivé à Thierry, explique Jesse, 28 ans. Sur le terrain, ça peut arriver n’importe quand. Et puis, j’ai deux enfants, pour eux aussi c’est important que je connaisse les gestes qui sauvent ». 

Les premières formations dispensées en décembre et janvier 2013 dans trois clubs ont été plus que probantes et vont se poursuivre au printemps dans deux autres clubs, avant de s’étendre à toute la ligue, « si l’on trouve assez de financements », précise Eissa. Elle se félicite par ailleurs de l’accueil fait par les joueurs à cette formation. Certains avaient déjà quelques notions, mais loin d’être ennuyés par les piqûres de rappel d’Ingrid, ils sont particulièrement attentifs, à l’instar de David, 20 ans : « J’avais déjà pris des cours quand j’ai passé mon brevet d’Etat. Mais j’avais oublié pas mal de choses, notamment en ce qui concerne les gestes sur les nourrissons », admet-il. L’entraîneur partage cet avis : « Beaucoup de gestes ont évolué. Je suis très content de revoir tout ça ». C_onscient des risques liés au métier de sportif de haut niveau, il pense même « qu’on devrait apprendre ces gestes dès l’école »._

Pour Eissa Dini, l’initiative pourrait être reprise par les collectivités locales, ce qui permettrait d’assurer un financement équilibré : « On aimerait faire participer les mairies et former en même temps des basketteurs et des jeunes de centre sociaux, par exemple ». Et puis, « utiliser l’image des basketteurs pour promouvoir les gestes de premiers secours, c’est très positif  pour tout le monde ! »

Textes: Thomas Roure - Photos: J.L. Luyssen