Le 18 novembre 2014 a marqué l’ouverture opérationnelle du centre de traitement Ebola (CTE) de Macenta, l'un des principaux foyers de l’épidémie, situé en Guinée forestière. Construit par MSF, qui a également formé une partie du personnel, le centre est désormais géré par la Croix-Rouge française, à la demande du gouvernement français, pour une durée minimale de neuf mois. Doté d’une capacité de soixante lits, il va permettre de soulager les autres centres du pays, totalement saturés, et accroître encore la lutte contre la propagation du virus dans la région.

Inauguré le 14 novembre en présence de la Secrétaire d'État au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin (cf. photo), le CTE de Macenta est entré en service ce mercredi 19 novembre. La première équipe médicale, constituée de quinze délégués de la Croix-Rouge française et de réservistes de l’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) dépendant du ministère de la Santé, a rejoint le site il y a quelques jours, après une immersion dans d’autres centres de Guinée depuis le 1er novembre. 

Qu’est-ce qu’un CTE ?

Le CTE est destiné à la prise en charge des patients atteints par le virus Ebola. Une trentaine de lits sont disponibles dans un premier temps, avant une très probable extension à cinquante ou soixante lits. Le centre a été conçu de manière à prendre en charge les malades et cas suspects, en périphérie de la ville. Bien qu’il n’existe pas de traitement contre la maladie à virus Ebola, les chances de survie des patients augmentent néanmoins grâce à cette prise en charge symptomatique qui se traduit par un processus de réhydratation et de gestion de la douleur, agrémenté si besoin d’un soutien psycho social, proposé également aux familles. Le CTE a également pour vocation d’isoler les malades, afin d’empêcher le virus de se propager. Cet isolement n’interdit pas les visites des proches, mais aucun contact direct n’est autorisé. Le CTE est constitué d’une zone à haut risque réservée aux patients et au personnel soignant, et d’une zone à risque modéré. Le site comprend principalement deux grandes tentes pour accueillir les patients et les personnes suspectées d’être contaminées sur lesquels des tests seront effectués. On trouve également une pharmacie, un laboratoire, une morgue, des centres de gestion des déchets plus ou moins contaminés, des zones de nettoyage et de séchage des combinaisons.

La prise en charge des patients au sein du CTE débute par l’accueil des malades dans une zone de tri dans laquelle un médecin est chargé d’assurer un diagnostic différentiel des patients qui s’y présentent. Si les signes cliniques montrent une probabilité de contamination à Ebola, le patient est dirigé vers une zone protégée où il bénéficiera d’un diagnostic rapide et définitif. En cas de diagnostic positif du patient à Ebola, il est dirigé dans la zone réservée aux cas confirmés afin de recevoir des soins adaptés. Lorsqu’un décès survient, les volontaires de la Croix-Rouge guinéenne prennent en charge le corps du patient afin de mettre en œuvre un enterrement sécurisé. 

Des conditions de travail très exigeantes

Le personnel du CTE est soumis à des règles très strictes. Le port d’une combinaison complète est obligatoire dès l’entrée dans la zone à haut risque. En raison des conditions de travail et de protection difficiles et exigeantes, les durées de déploiement des équipes seront limitées à huit semaines maximum. Plus de 150 équipiers seront mobilisés, à raison de 35 personnes en permanence sur place - le CTE fonctionnant 24 heures sur 24. En plus des volontaires de la Croix-Rouge française figurent soixante-dix volontaires de la Croix-Rouge guinéenne, 250 employés nationaux, des réservistes de l’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) dépendant du ministère de la Santé et des volontaires guinéens.

Perspectives

Le CTE de Macenta accueillera prochainement dans son dispositif un laboratoire géré par l’Institut Pasteur pour la réalisation de diagnostics rapides, ainsi qu’une initiative pilotée par l’INSERM visant, à terme, l’accès à de nouveaux traitements, en plus des traitements symptomatiques (selon les protocoles thérapeutiques en cours). En outre, la Croix-Rouge française pilotera une étude permettant de valider le test de dépistage rapide mis au point par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). 

En plus de la gestion du CTE de Macenta, le ministère de la santé guinéen, par l’intermédiaire de la France, a demandé à la Croix-Rouge française de soutenir le centre de transit de Forécariah, près de la capitale, Conakry. Celui-ci pourrait être transformé en centre de traitement, selon l’évolution de l’épidémie.

Ces actions, financées en partie par les autorités françaises, au travers de l’Agence Française de développement (AFD), s’intègrent dans un plan d’action global pour lutter contre l’épidémie Ebola**.** Au traitement clinique de la maladie, s’ajoutent également :

  • la sensibilisation des populations à la maladie (mode de transmission, comportements protecteurs, gestion des personnes suspectées),

  • la désinfection des bâtiments contaminés (maisons, écoles, latrines),

  • la distribution de chlore/savon,

  • la gestion des personnes décédées (en CTE et dans les communautés),

  • les enterrements dignes et sûrs,

  • le suivi des cas contacts.

*A noter que le réseau électrique et le réseau d’eau ont été mis en place avec le soutien des techniciens d’Electriciens Sans Frontières, de Veolia et de la Croix-Rouge française.

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