Une classe de 4ème du collège Saint-Sulpice à Paris a inauguré ce programme de sensibilisation aux valeurs humanitaires et à l’engagement solidaire. Un franc succès !

A 14 heures, les 30 collégiens prennent place dans un joyeux brouhaha autour des tables réaménagées pour permettre de former 4 équipes. L’équipe de la Croix-Rouge française est prête : le rétroprojecteur est en place et sur le bureau du professeur s’alignent - une fois n’est pas coutume - des bonbons, des autocollants et une pile de brochures « Moi, acteur humanitaire », version actualisée d’un programme initié en 2009 sous le nom de « Mobilisez votre pouvoir d’humanité ! ».

Le programme composé de deux parties de 50 minutes chacune, - entrecoupé d’une « récré », bien sûr ! - poursuit un double objectif : sensibiliser les 12-15 ans aux valeurs humanitaires et susciter leur engagement dans des projets solidaires. 

Qu’ils aient les coudes sagement posés sur la table ou qu’ils soient affalés sur leur chaise, bras croisés, les 30 collégiens écoutent tous attentivement. Capucine, volontaire en service civique dans un établissement de soutien aux mineurs étrangers isolés, co-anime la session avec une belle énergie au côté d’Emmanuel de Montvalon, coordinateur de ce projet qui forme l’un des volets de l’offre éducative de la Croix-Rouge, et de Neïla, bénévole d’un jour. D’emblée, Capucine pose 4 règles du jeu liminaires d’une voix tonique : « Il n’y a pas de mauvaises réponses, pas de jugement, on lève la main et…on écoute les autres ! » Les enfants doivent d’abord citer des situations injustes, puis les affecter à des contextes : précarité, exclusion, isolement, santé, catastrophe, guerre, etc. L’émulation entre les quatre équipes de collégiens prend vite le pas sur la timidité des premiers instants. Sans-abri, enfants-soldats, pénurie d’eau ou de nourriture, attentat, harcèlements physique ou moral…la liste écrite à la craie par Capucine sur le tableau, s’étoffe tandis qu’Emmanuel incite les élèves à préciser leurs idées et les conduit à citer des acteurs qui luttent contre ces injustices et les actions qu’ils mènent. Une transition pour expliquer les valeurs fondatrices de la Croix-Rouge. Des concepts et des mots que ces enfants de 12 à 13 ans ne connaissent pas forcément : respect de l’être humain, solidarité et inclusion, esprit de paix et de non-violence, non-jugement, fournissent autant de matière à réflexion avant de passer à la projection d’un film, attendu avec impatience : « L’histoire d’une idée » retrace la création de la Croix-Rouge par Henri Dunant et son évolution au fil des années. Les personnages en pâte à modeler donnent à l’ensemble l’aspect d’un conte qui atténue la cruauté de la fameuse bataille de Solferino. Dans la pénombre de la classe, dont on a tiré les rideaux, le silence est complet. Un quizz par équipe viendra valider ce que les élèves viennent d’apprendre. L’équipe des Rubis rouge est surexcitée - Elle terminera ex-aequo avec celle des Miami Heat.

Paul, membre de l’équipe des LEPL (acronyme de leurs prénoms) a adoré cette première partie : «  ça montre des injustices auxquelles je n’aurais pas pensé. Je ne savais pas que ça existait, même ! », avoue-t’il timidement. Inès, petit visage aux yeux vifs, a aimé le film : « J’ai appris plein de choses même si je connaissais déjà la Croix-Rouge », dit-elle fièrement.

Après la récréation, les élèves devront se mettre dans la peau d’un acteur humanitaire. Pour les y aider, 4 gilets de la Croix-Rouge sont distribués : 1 par équipe. Les participants doivent ensuite réfléchir à deux cas concrets : un militaire blessé accusé de crimes de guerre est amené dans un camp de la Croix-Rouge. Faut-il le soigner ? La question donne lieu à de vifs débats. Si dans l’ensemble, les enfants ont intégré la règle de la neutralité et de la non-discrimination, certains comme Anne campent sur leurs positions : « Moi, je ne soigne pas quelqu’un qui a fait des choses horribles ! » Le second cas pose la question des priorités. Les enfants sont à la tête d’un stock de produits d’hygiène dans leur antenne locale, en France.  Un tremblement de terre dans un pays lointain survient. Que faut-il faire du stock ? La moitié des participants veut le conserver pour les besoins locaux au profit des personnes sans-abris, l’autre moitié envisage de l’acheminer. A Emmanuel , Capucine et Neïla ensuite d’affiner les pistes de réflexions sur les besoins précis, sur les difficultés logistiques, etc. Autant de paramètres à prendre en compte avant de décider et d’agir.

C’est sur ces cas puis l’incitation à créer des projets solidaires que se termine cette animation. Une initiative très soutenue par Madame Ozout, la directrice de ce collège « Elle permet d’ouvrir les élèves à autre chose qu’à eux-mêmes, de souligner des inégalités et de prouver que tout le monde peut être acteur. Il faut savoir que la moitié de nos inscrits, ici, sont dyslexiques, et qu’ils se sentent souvent eux-mêmes exclus. Grâce à cette animation, ils vont réfléchir à un projet interclasses, que nous accompagnerons. D’ores et déjà, nous avons programmé une réunion avec les enseignants pour opérer une synthèse des idées » commente-t-elle. Et des idées, il y en a ! Stéphanie Lafont, conseillère principale d’éducation, qui est à l’initiative de cette collaboration entre la Croix-Rouge française et le collège Saint-Sulpice, le confirme : « Des élèves sont venus me voir pour me dire combien ils avaient apprécié cette intervention et qu’ils aimeraient mettre en œuvre des projets. Ils sont très réceptifs. Ce programme les enrichit parce qu’il les confronte à ce qui se passe autour d’eux. C’est un complément de culture générale qui correspond très bien aux valeurs que nous portons dans notre établissement », conclut-elle.

Marie Grézard