La bombe découverte sur un chantier de Boulogne-Billancourt (92) a été désamorcée, dimanche 6 février. Les équipes de la délégation Croix-Rouge des Hauts-de-Seine ont assuré l’accueil, le transport et la prise en charge de 6000 habitants évacués aux côtés de la Protection civile.

La bombe dormait depuis près de 70 ans sur le site des anciennes usines Renault, depuis son largage par les alliés sur les chaînes du constructeur automobile, alors placé sous autorité allemande. Sa neutralisation, le 6 février 2011 à midi, a nécessité d’évacuer pendant cinq heures toutes les personnes résidant dans un périmètre de 400 mètres autour de l’engin de 500 kilos, dont 250 kilos de charge explosive. A la demande de la Préfecture des Hauts-de-Seine, la Croix-Rouge départementale a pris en charge les personnes souffrant de handicap, les personnes âgées et elle a accueilli les habitants qui le souhaitaient dans deux centres d’accueil d’impliqués (CAI).

Dès huit heures du matin, les 95 volontaires et cadres de la Croix-Rouge des Hauts-de-Seine se sont relayés pour aller, au volant d’une dizaine de véhicules, chercher chez elles les personnes les plus fragiles, notamment celles à mobilité réduite ou nécessitant un transport sous oxygène. L’objectif : s’assurer que tous les immeubles du quartier, bouclé et survolé par les forces de police, étaient évacués avant que les artificiers ne se mettent au travail. « Pour cette opération, les bénévoles de l’action sociale ont prêté main-forte aux secouristes du département», se félicite Martial Solagne, directeur de l’urgence et du secourisme de la délégation Croix-Rouge des Hauts-de-Seine. « Nous les avons sollicités car l’urgence va au-delà du secourisme et de la technicité qui y est liée, telle que le brancardage ou l’aide médicale. L’urgence est une mission transversale à la Croix-Rouge et tout le monde peut y apporter son savoir-faire et sa complémentarité ».

Pendant près de trois heures, les rotations – moins nombreuses que prévu, beaucoup d’habitants ayant pris leurs dispositions - se sont succédé. « L’équipe dont je faisais partie a procédé à une dizaine d’évacuations dans les immeubles, surtout avec des chaises roulantes», précise François Raoult, équipier secouriste. Très souvent, l’aide dépasse le simple transport de personnes alitées ou fragiles. « Un vieux monsieur nous a demandé de l’aider à éteindre son robinet de gaz, par exemple. On le sentait ravi de nous voir et de discuter avec nous », confie Julia Szuflak, volontaire Croix-Rouge depuis l’an dernier. D'autres avaient besoin d'être rassurés ou convaincus. « Nous nous sommes occupés d'une femme un peu perdue, qui refusait de quitter son appartement et qu’il a fallu patiemment convaincre », raconte Evelyne Garcia, responsable de la vestiboutique Croix-Rouge de Bagneux.Les personnes prises en charge par la Croix-Rouge, ainsi que celles dont s’est occupé la Protection civile, ont été reçues dans les deux centres d’accueil mis à disposition par la ville. Du café et des viennoiseries les y attendaient. Tous ont patienté jusqu’à ce que les démineurs annoncent la fin des opérations et autorisent le retour des personnes à leur domicile avec l’aide si besoin des bénévoles.

« En tant que partenaire naturel des pouvoirs publics, nous nous devions d’être aux côtés des Boulonnais dans un cas d’urgence comme celui-ci et de faire en sorte que ce moment, stressant, soit le moins pénible possible », insiste Martial Solagne. Le pari est a été relevé. Mais il n’est pas encore tout à fait fini. Car il reste, selon lui, aux cadres du département à « évaluer la façon dont les opérations ont été menées et à identifier les éventuels dysfonctionnements, afin de perfectionner les pratiques et le déploiement des matériels et des personnes lors de futures missions d’urgence ». En matière d’opérations d’urgence, rien ne peut être laissé au hasard.

Eric Dutheil