Le 20 juin, c'était la journée mondiale des réfugiés : reportage dans le Calaisis avec une équipe de la Croix-Rouge française.

Dispositif RLF

Depuis le mois de février, l’équipe du dispositif itinérant de rétablissements des liens familiaux (RLF) de la Croix-Rouge française va à la rencontre des migrants que l’exil a menés dans les campements de fortune de la côte d’Opale. 

C’est un petit bout de nulle part, coincé dans les terres rurales du Calaisis, auquel on accède par un chemin terreux. Depuis la route, une mince rangée d’arbres en fleurs peine à cacher le bleu électrique des bâches en plastique qui hérissent, quelques mètres plus loin, des abris de fortune. Près de 250 personnes, originaires d’Ethiopie, d’Erythrée et du Darfour (Soudan), pays ravagés par la guerre, survivent dans ce repli du village de Norrent-Fontes, situé à 70 kilomètres au sud de Calais.

Non loin se trouve une aire de repos de l’A26 où, la nuit, les réfugiés tentent de monter à bord des camions dans l’espoir de rejoindre l’Angleterre. 

Depuis le 23 février dernier, l’équipe itinérante de rétablissement des liens familiaux (RLF) de la Croix-Rouge française, basée à l’unité locale de Saint-Omer, va chaque semaine à la rencontre des réfugiés des camps de la région : Calais, Grande-Synthe, Norrent-Fontes, Angres, Steenvoorde et Tatinghem.

« L’objectif est de leur permettre de pouvoir rétablir un lien avec leur famille, grâce à différents moyens mis à leur disposition, explique Léa, la coordinatrice du dispositif RLF, soit le téléphone, soit en écrivant un “message Croix-Rouge” qui sera remis en mains propres par un membre de la Croix-Rouge du pays de destination. » Ils peuvent également, s’ils ont perdu la trace d’un proche durant leur parcours migratoire, utiliser le site internet “Trace the face” de la Croix-Rouge pour faire une demande de recherche.  

Au fil des maraudes, la confiance s’est nouée entre les réfugiés et les trois officiers de recherche RLF, Léa, Chloé et Antonin. En deux mois, ils ont reçu, sur les six camps, une quarantaine de demandes de recherche, transmis six ‘’messages Croix-Rouge’’ et permis à 235 personnes d’appeler un proche. L’activité s’accroit, grâce au bouche à oreilles notamment, et le besoin de renforts en bénévoles se fait sentir. 

Le dispositif est financé intégralement par la Fondation d’Entreprise Michelin, notamment le camion grâce auquel l’équipe effectue sa tournée. Aujourd’hui, l'équipe file sur Calais où vivraient quelque 5 000 migrants. Les poches pleines de dépliants traduits en neuf langues, Léa fait le tour des tentes et des containers pour présenter l’activité RLF. Des hommes du Darfour la reconnaissent et lui offrent le thé. Alertés de sa présence, d’autres hommes accourent, désireux eux aussi de pouvoir passer un coup de fil au pays. 

Elma Haro 

Crédits photos : Pascal Bachelet