Il y a quelques mois, Lazare Zoungrana, Directeur national de la Croix-Rouge Burkinabè (CRBF) et Anne-Sophie Dupeyras, Représentante Pays de la Croix-Rouge française (CRF), se sont rencontrés. A travers eux, se sont deux Sociétés nationales sœurs qui se retrouvent autour d’un projet commun au bénéfice des populations vulnérables.

Comment la Croix-Rouge burkinabè et la Croix-Rouge française ont-elles été amenées à travailler ensemble ?

Lazare Zoungrana : Nos Sociétés nationales sont historiquement liées. Il ne faut pas oublier que jusqu’en 1961, la Croix-Rouge de Haute-Volta était une branche de la Croix-Rouge française ! Nous étions nombreux à nous poser des questions autour de notre collaboration, d’autant que si l’on regarde la géographie de l’Afrique de l’Ouest et la présence de délégations de la CRF [ , on remarque que le Burkina Faso est au centre d’un immense point d’interrogation cartographique. Nous nous sommes donc rendus à Paris. La mise en route de ce partenariat a été simple, il fallait simplement franchir le pas !

Anne-Sophie Dupeyras : La CRBF et la CRF réfléchissaient aux mêmes problématiques ainsi qu’aux possibilités de collaborations nouvelles. La crise alimentaire de 2012 ainsi que l’arrivée des réfugiés maliens dans le nord du pays ont considérablement influé sur cette décision commune, ne serait-ce qu’à travers l’énorme charge d’activités qui a subitement incombé à la CRBF et ses différentes branches à travers le pays. Ce partenariat est l’opportunité de soutenir une Société Nationale sœur dans le renforcement de ses capacités dans le court et le long terme.

Sous quels angles s’est orientée cette nouvelle collaboration?

L.Z : La CRF et la CRBF sont rapidement tombées d’accord sur un point : le fait que ce partenariat s’inscrive sur du long terme et soit durable. Pour se faire, nous avons invité la CRF à venir effectuer des évaluations au Burkina. Très rapidement, nous avons identifié deux axes de collaboration : le premier étant la réponse à l’urgence, car le Burkina doit malheureusement faire face à des situations complexes comme la crise alimentaire et l’afflux de réfugiés maliens au cours de ces derniers mois. Le second axe est plus orienté sur des problématiques de développement et d’assistance aux populations vulnérables, notamment les femmes.

A-S.D : Ces dernières années, la CRBF a développé de nombreux programmes liés à la protection de l’enfance mais également d’assistance lors de catastrophes naturelles. A travers ces projets, la CRBF a rapidement mis en exergue l’importance du soutien psychosocial des populations, dans les situations d’urgence mais aussi au quotidien. Au fil des évaluations menées conjointement sur le terrain, d’autres types de besoins sont apparus. Certains structurels, comme la crise alimentaire et le besoin de diversification des revenus des populations, d’autres, plus conjoncturels, comme l’accès à la santé des réfugiés.

Quelle est selon-vous la plus-value de ce partenariat ?

A-S.D : Je pense que ce sont les deux entités qui composent ce partenariat qui en font sa plus-value. D’un coté, une Société Nationale opératrice (la CRBF) qui construit sa propre stratégie de développement et qui souhaite se renforcer et s’autonomiser dans l’appui aux populations. Mais qui du fait des sollicitations multiples, a du mal à travailler sur tous les fronts. D’un autre coté, une Société Nationale partenaire (la CRF), prête à s’engager et à mettre à disposition ses compétences techniques. La CRBF souhaite aujourd’hui maintenir sa capacité d’action dans l’assistance aux populations en difficultés tout en augmentant ses ressources propres et son autonomie financière. C’est ce dynamisme et ce pragmatisme qui représente une véritable plus-value et que nous souhaitons soutenir.

En quoi ce partenariat se différencie-t-il des autres ?

L.Z : Nous avons choisi une première approche à travers le développement de projets psychosociaux. C’est une approche innovante, qui n’est pas encore suffisamment prise en compte par les acteurs humanitaires. Nos deux Croix-Rouge sont donc en train de travailler au développement de ce type de projets  et nous espérons qu’avec le soutien de la CRF, nous serons bientôt capables de développer notre propre expertise sur cette thématique essentielle.

A-S.D : A mon sens, ce partenariat se démarque par sa réciprocité. Il ne s’agit pas là d’un acteur qui apporte à un autre, mais bel et bien deux Sociétés Nationales qui ont développé une expérience théorique et pratique dans des contextes différents. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de mise en commun de ces expériences. A nous de les faire fructifier et de construire plus avant dans tous nos domaines d’activités communs !

[ En Afrique de l’Ouest et outre le Burkina Faso, la Croix-Rouge française met en œuvre des projets  en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger, au Sénégal et en Mauritanie.