Qu’est-ce que la protection de l’enfance ? Quels sont les accompagnements existants, les maillons manquants ? Comment fluidifier davantage les parcours ? La stratégie nationale de la Croix-Rouge française prend en compte toutes ces problématiques.

Le gouvernement propose ainsi comme axe prioritaire la prévention des violences faites aux enfants en renforçant notamment l’accompagnement des parents dès le quatrième mois de grossesse. Elle vise également à encourager les citoyens à signaler les cas de violence et mieux former les professionnels du secteur. Qu’est-ce que la protection de l’enfance ? Quels sont les accompagnements existants, les maillons manquants ? Comment fluidifier davantage les parcours ? La stratégie nationale de la Croix-Rouge française prend en compte toutes ces problématiques.

Les objectifs présentés par le nouveau secrétaire d’Etat (et non un haut-commissaire comme annoncé initialement), Adrien Taquet, sont une réponse aux recommandations du Défenseur des droits, Jacques Toubon, et de son adjointe, Défenseure des enfants, Geneviève Avenard, qui plaident pour « faire de la prévention une priorité concrète » du gouvernement. “Cela nécessite de faire travailler ensemble tous les acteurs”, préconise la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. Cette dernière a cité en exemple le Pôle enfance parentalité (PEPA) de la Croix-Rouge française d’Argenteuil (Val d’Oise), lors de sa visite du site le 29 octobre dernier. Le PEPA, ouvert en 2014, rassemble cinq établissements : une maison d’enfants à caractère social (Mecs) Bayard-Joly, un centre maternel, un relais parental, une crèche et un lieu d’accueil et d’orientation (LAO) destiné aux enfants étrangers isolés (MNA). « Ce type de lieu est d’une très grande bientraitance car sa démarche est globale », a affirmé la ministre.

Qu’est-ce que la protection de l’enfance ?

La protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des droits et besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation. Elle comprend des actions de prévention en faveur de l'enfant et de ses parents, l'organisation du repérage et du traitement des situations de danger ou de risque de danger pour l'enfant, ainsi que les décisions administratives et judiciaires prises pour sa protection.

En France, c’est le département qui est le chef de file de la politique de protection de l’enfance et le financeur des établissements dédiés. Maisons d’enfants ou pouponnières à caractère social, centres maternels, centres parentaux, services de placement familial, villages d’enfants, services de prévention spécialisée, actions en milieu ouvert ou accueils dédiés aux mineurs isolés étrangers… il existe une multitude de dispositifs et d’acteurs impliqués, mais cette diversité induit aussi une grande complexité des parcours. Les passerelles sont quasiment inexistantes d’un dispositif à l’autre, les sorties souvent brutales et sans accompagnement anticipé et adapté, les dispositifs de prévention, de suivi et d’évaluation trop rares.

La protection de l’enfance à la Croix-Rouge française

La Croix-Rouge française gère une trentaine d’établissements et services de protection de l’enfance : 6 maisons d’accueil à caractère social, 5 services de placement familial, 5 centres maternels et centres parentaux, 5 relais parentaux (sur 10 en France), 6 structures spécialisées pour les mineurs non accompagnés, 2 services d’accueil de jour, 1 service mobile d’accompagnement à la parentalité et 1 service ressources.

Ce domaine d’activité représente environ 850 salariés professionnels, rattachés pour la plupart au corps des travailleurs sociaux (éducateurs spécialisés, psychologues, assistants familiaux, etc.). Grâce à cette palette de dispositifs et d’expertises, ainsi qu’aux projets menés conjointement avec les autres métiers - handicap, lutte contre les exclusions, sanitaire… - la Croix-Rouge française bénéficie d’une vision transversale des problématiques liées à l’enfance. « La personne accompagnée est perçue de façon globale, alors que l’on raisonne encore trop souvent en silo », explique Camille Lorette, cheffe de projets Protection de l’enfance à la Croix-Rouge française.

La stratégie nationale Enfants et Familles de la Croix-Rouge française repose sur sept repères prenant en compte les besoins fondamentaux de tous les enfants dans tous les domaines : santé, éducation, sécurité, développement affectif, intellectuel, physique, social... L’un des axes structurants de l’organisation, inscrit dans son plan d’actions 2017-2020, est le développement des dispositifs de prévention des risques de danger pour l’enfant. De fait, si dans certains cas le placement de l’enfant demeure indispensable pour le protéger, il importe de travailler en parallèle selon une logique préventive permanente. Il s’agit dès lors de se doter de pratiques et dispositifs appropriés aux situations qui ne nécessitent pas de retirer l’enfant de son milieu familial.

« Être parent, c’est difficile, explique Camille Lorette. Chacun d’entre nous, quel que soit son milieu social ou sa situation familiale, peut à un moment donné se sentir submergé. Malheureusement, l’épuisement, l’incompréhension face à des pleurs ou des cris… peuvent conduire à mettre en danger son enfant. Le risque est d’autant plus fort lorsque l’on cumule les difficultés : isolement social et familial, précarités, problèmes de santé, conflits familiaux … Je pense notamment aux familles monoparentales qui doivent endosser toutes les responsabilités. Face à ces situations, il est nécessaire de penser des solutions d’aide, d’accompagnement et de répit. »

Agir en prévention plutôt qu’en curatif, donc, quand il est trop tard. Telle est la vocation des relais parentaux. Ces dispositifs de prévention précoce offrent aux parents une solution temporaire qui les libère et leur permet de résoudre leurs difficultés ou de se consacrer à des démarches administratives ou professionnelles. Ce lieu d’accueil leur permet aussi, tout simplement, de souffler un peu et de retrouver ensuite leur(s) enfant(s) dans de meilleures dispositions.

Autre dispositif de la Croix-Rouge française axé sur la prévention des maltraitances, négligences ou toute forme de violences préjudiciables au développement de l’enfant, les centres maternels et centres parentaux. Ces dispositifs, proposés sur décision administrative ou imposés par une mesure judiciaire, sont fondés sur l’alliance entre parent(s) et professionnels autour des besoins de l’enfant, dès la naissance, pour leur apprendre à construire une relation équilibrée au quotidien, en mobilisant et valorisant les compétences des parents.

Géraldine Drot