La Croix-Rouge française, présente en Colombie depuis 1985, mène depuis juillet 2005 un programme visant à améliorer l’assistance médicale et psychosociale des populations vulnérables dans des régions qui connaissent une situation économique et sociale extrêmement difficile liée aux combats entre groupes armés. L’insécurité permanente a fini par faire fuir les équipes médicales. Mais grâce à la présence de la Croix-Rouge, les centres de santé reprennent vie.

Les infrastructures sanitaires, qui bénéficient pourtant d’une protection spéciale en droit international humanitaire, sont parfois prises à partie. Dans des villages tels qu’Aguachica ou Brisas de Caranal, le personnel de santé avait déserté, au cours de ces dernières années, craignant à juste titre pour sa sécurité. « Avant, le centre de santé le plus proche était à une heure de chemin, le transport pour y aller coûtait 14 000 pesos par personne et il fallait une journée entière pour recevoir des soins tant les files étaient longues », explique Irma, mère de huit enfants. Grâce au financement du bureau d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), la Croix-Rouge française, en partenariat avec la Croix-Rouge colombienne, a pu lancer son programme de santé publique. Les deux sociétés nationales de la Croix-Rouge ont engagé des spécialistes (médecins généralistes, dentistes, travailleurs sociaux…) pendant la durée du projet. Dans un premier temps, des unités mobiles de santé (UMS) ont été mises en place et ont permis à l’équipe d’évaluation franco-colombienne de collecter des informations sur les conditions de vie de la population et, en particulier, sur les principales pathologies rencontrées dans cette zone rurale. Puis, vers la fin du projet, la gestion des soins a été confiée au personnel de santé local revenu travailler dans les centres de santé.

Effacer les traces des conflits

 Le projet de la Croix-Rouge vise autant à rétablir la santé physique que la santé morale des populations. Les volontaires ont été confrontés à différents traumatismes dus au conflit armé: destruction des relations sociales, violences familiales (violences conjugales, mauvais traitements sur enfants, abus sexuels), deuil, perte du sentiment d’appartenance, stress permanent, etc. Le soutien psychosocial, qui fait partie intégrale du programme, a été axé sur l’enfance en particulier et a permis progressivement de rompre avec des comportements agressifs. « Témoins de raids menés dans la région, de meurtres ou d’affrontements, explique Vanessa Velazquez, psychologue à la Croix-Rouge, les enfants avaient perdu le sentiment d’appartenance à un foyer, ne faisaient plus de projets, désabusés, n’allaient plus à l’école ». Cette anxiété se retrouvait dans leurs jeux, par exemple, qui simulaient systématiquement des combats. Comme l’explique Maritza, l’une des mères qui occupe un rôle central dans la communauté d’Aguachica : «Au-delà de son projet de santé, la Croix-Rouge nous a aidés à reprendre espoir en l’avenir. Aujourd’hui, mon fils ne parle plus de s’engager dans un groupe armé. Il voudrait travailler pour la Croix-Rouge! » Dans l’espoir de pérenniser ses actions dans la région, la Croix-Rouge française développe en parallèle des programmes de sensibilisation à l’hygiène et à la santé (sida, sexualité et développement des consultations gynécologiques, maladies infectieuses, etc.). Des secteurs dans lesquels les communautés avaient jusqu’alors très peu de connaissances. Le dernier projet en date, démarré en juillet 2008, inclut notamment des activités visant à renouer avec la médecine traditionnelle locale, oubliée ou abandonnée.

Diana Cuervo Reyes, chargée de communication de la Croix-Rouge colombienne (traduction française par Gavin White)