Depuis le 24 décembre, les alertes de Météo France se succèdent sans discontinuer sur tous les départements de la Bretagne. L’ensemble des délégations de la région Ouest de la Croix-Rouge française sont en veille et prêtes à intervenir, notamment en ce vendredi 14 février. Une journée à fort risque pour la Bretagne qui, après les tempêtes Petra, Ruth ou encore Qumaira, s’apprête à voir la tempête Ulla toucher ses côtes et l’intérieur de ses terres...

Comme à chaque alerte météo depuis maintenant près de deux mois, toutes les délégations Croix-Rouge de la région se tiennent prêtes à intervenir. Elles l’étaient d’autant plus en ce vendredi 14 février, car une alerte aux vents violents avait été lancée, avec des rafales à plus de 140 km/h attendues dans la soirée. Saint-Valentin ou pas, les bénévoles étaient encore une fois au rendez-vous.  Une cellule de pré-alerte a été mise en veille à Rennes, à la délégation départementale d’Ille-et-Vilaine. Celle-ci devait répondre d’une part à la menace liée aux vents violents, mais aussi à la vigilance orange maintenue quand aux risques de crues et d’inondations, conséquences des récentes tempêtes qui ont touché la Bretagne.  

Intervention en gare de Rennes 

Depuis le lancement de l’alerte aux vents violents en début de matinée, le directeur départemental de l‘urgence et du secourisme (DDUS), Elouan Rolland, a passé en revue ses troupes grâce à Viappel, un système d’envoi de SMS qui permet de prévenir et de mobiliser les secouristes en situation de crise. Ce système a ainsi permis de connaître dès le matin les effectifs disponibles pour intervenir durant le gros de la tempête prévu dans la soirée par Météo France.  Trois autres membres de l’encadrement secondent le DDUS ce jour-là, car cette tempête est présentée comme  « la plus forte de l’hiver »…

20h24 : Le téléphone d’astreinte sonne. La préfecture, et plus précisément le directeur du SIRACED-PC (service interministériel régional des affaires civiles et économiques de défense et de protection civiles), prévient que la SNCF connaît des difficultés. Ce service de la préfecture, qui coordonne les différents acteurs de la sécurité civile, demande à la Croix-Rouge de prêter main forte à la compagnie ferroviaire en gare de Rennes.

20h26 : Le directeur d’astreinte de la SNCF sollicite l’intervention de la Croix-Rouge française en gare de Rennes, car une coupure d’électricité entre Brest et Rennes empêchent la circulation des trains. 

20H32 : L’alerte est lancée par SMS à tous les secouristes disponibles. Ils sont appelés à rejoindre le plus vite possible la délégation départementale pour intervenir en gare. 

21h10 : La SNCF rappelle pour informer la Croix-Rouge française de l’ampleur de la situation : « entre 1 500 et 2 000 personnes sont attendues en gare de Rennes et vont sans doute y passer la nuit ». 

21h45 : Départ d’un ELEC - élément léger d’évaluation et de commandement - pour la gare. Rémi Montaudoin, l’adjoint du DDUS, est en charge de l’évaluation de la situation. Il devance les équipes pour estimer les besoins réels avec un représentant sur place de la SNCF et prévenir de l’arrivée des secouristes. SNCF Assistance informe qu’elle a besoin de bras car deux trains vont être installés sur les voies 5 et 6 de la gare, afin que les voyageurs bloqués puissent y passer la nuit jusqu’à la reprise du trafic. Il faut donc préparer les « trains-dortoir », c’est-à-dire disposer les couvertures, les kits de nuit et les plateaux repas fournis par SNCF Assistance dans les voitures, avant l’installation des naufragés du rail. 

22h10 : Une quinzaine de secouristes arrivent sur les lieux avec un Centre d’Accueil des Impliqués (CAI). En coordination avec des bénévoles d’une autre association, l’aménagement de la trentaine de voitures « dortoir » va prendre près d’une heure.  Avant l’arrivée des naufragés, un point d’alerte et de premiers secours est mis en place. Un binôme de secouristes, équipé d’un sac de premiers secours, se positionne sur les quais 5 et 6 pour intervenir en cas de besoin.  

23h : Les voyageurs prennent place dans les trains aménagés. En famille, seuls ou en groupe,  les passagers sont certes fatigués et déçus de commencer leurs vacances scolaires ainsi, mais ils prennent la situation avec calme et résignation. Finalement, 800 personnes passeront la nuit en gare de Rennes. 

Ce sont au total 2 000 voyageurs qui ont été bloqués cette nuit-là dans les gares de Bretagne car la tempête Ulla a effectivement engendré de fortes rafales de vent faisant plier des arbres sur les rails. Le trafic a repris le lendemain matin. La Croix-Rouge française aura mobilisé une vingtaine de bénévoles sur cette opération.

Nathalie Auphant