La relation qui s’installe entre les soignants et les personnes âgées à leur domicile dépasse celle du patient au professionnel. Cette proximité et cette intimité sont aussi garantes de soins réussis. Illustration avec Laurence Roux, infirmière référente du SSIAD de Veneux-les-Sablons.

"Vous prendrez bien un petit bonbon". En souriant, Laurence Roux, infirmière référente du SSIAD de Veneux-les-Sablons, se penche et ouvre, selon un rituel bien établi, la porte du placard de la cuisine de Charlotte, 85 ans. "Demain c’est Patricia qui viendra, ce n’est pas moi… ", dit-elle à sa patiente, qui semble apprécier pareillement la nouvelle infirmière. " Elles sont toutes gentilles de toutes façons… ", dit la vieille dame en parlant de l’équipe du SSIAD. " A lundi prochain ! ", échangent-elles.

" Ce que j’apprécie chez les personnes âgées, c’est qu’elles vous rendent au double ce que vous leur donnez. C’est cette relation unique qu’on ne développe qu’en intervenant à domicile qui me plaît. On pourrait rester des heures à les écouter raconter leur vie… ", confie Laurence. Mais le temps presse, d’autres patients attendent et les soins priment.

Chez Charlotte, il s’agissait de vérifier que celle-ci prend bien ses médicaments pour soulager son arthrose. Chez Suzanne, 98 ans Laurence refait les pansements de « la doyenne des patients du SSIAD », des plaies qu’elle a contracté pendant un récent séjour à l’hôpital. L’hôpital, une expérience visiblement traumatisante pour la vieille dame. En témoigne son inquiétude : " Vous êtes sure que ça ne va pas saigner… J’ai peur de retourner à l’hôpital… ". Laurence Roux lui assure qu’elle restera chez elle.

Des soins et du lien social

" Nos patients font régulièrement des séjours en hôpital, selon leurs pathologies, et c’est vrai qu’elles perdent en autonomie là-bas. C’est tout un travail de les réadapter à leur vie à domicile après ", constate la professionnelle.

L’infirmière vérifie que sa patiente prend bien ses médicaments et discute avec l’épouse de son petit-fils, venue lui rendre visite. Une demi heure après son arrivée, l’infirmière reprend la voiture pour se rendre chez un autre patient. " Suzanne est très bien entourée par sa famille, ses voisins, elle a aussi une aide-ménagère, ce qui est loin d’être le cas de toutes les personnes dont on s’occupe ", constate Laurence.

Trois jours par semaine, Laurence Roux consacre ainsi une grande partie de son temps à la visite de ses patients, outre ses responsabilités d’encadrante et de coordinatrice de l’équipe du SSIAD de Veneux. D’une visite à l’autre, l’accueil est toujours le même, l’infirmière est attendue comme le messie et toutes les personnes essaient de la garder le plus longtemps possible. " Outre les soins que nous leur apportons, les personnes âgées recherchent notre compagnie, quelqu’un à qui parler… Elles sont seules. Certaines sont mieux entourées que d’autres… Comme tout le monde, elles ont besoin de lien social", analyse la professionnelle. Et celle-ci de conclure : " Le fait de pouvoir les maintenir à domicile le plus longtemps possible contribue largement à leur bien être et à l’efficacité des soins. C’est un gage de longévité, en quelque sorte… "

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