De l’écriture à l’art plastique en passant par la langue française ou les mathématiques, tout est pensé pour préparer ces jeunes à leur vie future.

Lieu d’Accueil et d’Orientation (LAO) de Taverny

Le LAO 95, géré par la Croix-Rouge française, est un service d’urgence pour les mineurs isolés étrangers. L’équipe de cet établissement met tout en œuvre pour accueillir et proposer un accompagnement individualisé aux jeunes résidents.

Ils sont originaires du Pakistan, de Guinée Conakry, de Côté d’Ivoire… Toutes et tous viennent de vivre un périple éprouvant, dangereux et chaotique alors que ce ne sont encore que des enfants ou des adolescents.

Une fois arrivés en France, ils sont pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) puis ils passent par le Dispositif des Mineurs Isolés Etrangers (DEMIE), qui évalue la vulnérabilité, l’isolement et la minorité de ces jeunes. Ils sont ensuite orientés vers les dispositifs adaptés.

Parmi ceux-ci, le Lieu d’Accueil et d’Orientation (LAO) 95, un établissement unique, piloté par une équipe pluridisciplinaire, qui accueille une quarantaine de jeunes et leur offre un accompagnement global - médical, éducatif et psychologique - et individualisé.

Situé en haut d’une colline à Taverny, dans le Val d’Oise, l’établissement offre un cadre apaisant à ces jeunes. Leur redonner confiance en eux, les rassurer, les apaiser est la première étape indispensable. « Troubles du sommeil, anxiété ou angoisse sont quasi-systématiques quand ils arrivent, raconte Laëtitia Marquié, psychologue. Leur parcours est jonché de souffrances, voire de maltraitances. Et être contraint de quitter ses proches quand on a 12, 13 ou 14 ans est une épreuve terrible ! »

Le temps est compté

« Nous commençons par une évaluation globale afin d’identifier le chemin à prendre en terme d’apprentissage et d’orientation, explique Laëtitia Faure, responsable éducative et pédagogique. Bien souvent, ces jeunes n’ont jamais été à l’école ou ont très peu appris. Il est donc nécessaire de reprendre les bases pour leur permettre de s’intégrer dans la société. »

Autant dire que les journées sont denses et rythmées : ateliers scolaires et pédagogiques, entretiens individuels et réguliers avec les moniteurs éducateurs, activités extérieures, démarches pour favoriser l’intégration en milieu scolaire… De l’écriture à l’art plastique en passant par la langue française ou les mathématiques, tout est pensé pour les préparer à leur vie future.

« Dans toutes nos activités, nous privilégions une approche interculturelle car il s’agit de faire cohabiter deux cultures. La personne ne doit pas oublier d’où elle vient – au contraire ! –, mais acquérir les outils qui lui permettront de se sentir bien dans le présent mais surtout dans l’avenir », précise Gérald Garreyn, directeur adjoint de l’établissement.

Car le temps de passage au LAO est limité : dès 18 ans, les jeunes devront être autonomes et en capacité de trouver un métier, un logement. Aussi, chaque jour qui passe compte.

Le projet de son choix

Grâce à un travail énorme sur leur projet professionnel, les résultats sont le plus souvent au rendez-vous : « Les jeunes ont un courage extraordinaire et, une fois sortis du ‘purement scolaire’, ils sont extrêmement motivés, explique Ghani Chaaraoui, moniteur-éducateur.

Les filières de l’apprentissage sont très plébiscitées : bâtiment, boulangerie, esthétique… Nous avons différents partenariats avec des entreprises et les jeunes y sont très appréciés. » Durant leur périple, ils ont souvent travaillé pour survivre et pour financer la suite du ‘voyage’.

Mais une fois arrivés ici, l’enjeu n’est plus le même : « ils ont désormais l’opportunité de construire un vrai projet professionnel », souligne Ghani, admiratif. En effet, entre leur arrivée et leur sortie, que de chemin parcouru !

Texte : Anne-Lucie Acar

Photos : Leif Carlsson