Vendredi 16 novembre, le président de la Croix-Rouge française s'est rendu en Avignon pour une journée consacrée aux actions prison-justice menées dans le Vaucluse par la délégation territoriale et le centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Deux temps forts ont marqué ce déplacement : une visite au centre pénitentiaire d'Avignon – Le Pontet et une table-ronde rassemblant différents acteurs de cette mission. Ce programme a permis de faire le lien entre les questionnements du terrain et les projets de demain.

« Suivre la formation Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1) est un acte responsable et citoyen incontestable. Mais cela revêt un caractère emblématique bien supérieur lorsque cette démarche est effectuée dans l'enceinte d'un centre pénitentiaire, comme c'est le cas aujourd'hui. » Le Professeur Jean-Jacques Eledjam, président de la Croix-Rouge française, tient à féliciter les cinq jeunes hommes présents dans le gymnase du centre de détention d'Avignon - Le Pontet. La première étape de cette journée consacrée aux actions prison - justice se déroule en présence d'élus de la Croix-Rouge française, de professionnels de l'administration pénitentiaire, du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et, bien entendu, de personnes détenues formées par les bénévoles de l'association. Ces dernières se sont vues remettre leur diplôme PSC1 des mains du président de l'unité locale du Pays d'Avignon, Christian Beaussart.

A l'intérieur du centre pénitentiaire

Avant la table ronde et les partages d'expériences prévus cet après-midi à la délégation territoriale, l'objectif est de réunir les différents acteurs d'une collaboration relativement récente, impulsée dans le cadre du programme des codétenus de soutien (CDS). Depuis le mois de mai 2018, la Croix-Rouge française intervient ainsi au centre pénitentiaire d'Avignon - Le Pontet : dans un premier temps pour former les personnes détenues volontaires au PSC1 et à l'écoute puis, dans un second temps, pour accompagner les personnes codétenues de soutien (CDS). Magalie Brutinel, directrice adjointe de l'établissement pénitentiaire et Anne Gourrier, chef du département des politiques de prévention de la récidive au sein de la direction interrégionale des services pénitentiaires PACA- Corse, a tenu à saluer le partenariat mis en place avec la Croix-Rouge française, dont elle a souligné les bienfaits auprès des CDS que les bénévoles rencontrent tous les quinze jours.

Le président national a rencontré des personnes détenues formées au PSC1 par les bénévoles de la Croix-Rouge française

Après la remise des diplômes par Christian Beaussart, président de l'unité locale du Pays d'Avignon, et avant la visite des quartiers sociaux et scolaires, un temps d'échanges autour d'un café a permis aux protagonistes de partager leurs impressions, non sans une certaine émotion. « Quand on est en prison, on est inutile, témoigne Hicham. Mais, depuis la formation au PSC 1, je me dis que je pourrais au moins aider à sauver une vie, si nécessaire. » Sentiment d'utilité, envie de s'impliquer ou de dépasser le quotidien en se souciant de la collectivité : les motivations des personnes détenues sont palpables. Et la pertinence de la présence de la Croix-Rouge française en ces lieux tout autant.

Remise des diplômes PSC1 à 5 personnes détenues

Une table-ronde sur les actions

Deuxième temps fort de cette journée thématique : la table-ronde organisée à la délégation territoriale de Vaucluse. En réunissant des acteurs différents - salariés d'établissement, bénévoles et partenaires (SPIP notamment) - cette rencontre avait pour objectif de faire le point sur les actions menées par la Croix-Rouge française auprès des personnes placées sous main de justice (personnes incarcérées ou faisant l'objet d'une peine alternative à l'incarcération ou de mesures d'aménagement de peine). Dans son introduction, Christian Doubrère, administrateur national, rappelle que la thématique prison-justice relève de la stratégie globale de l'association : il convient donc de la mettre en œuvre sur les territoires et de soutenir les bénévoles qui s'impliquent dans ce domaine. « Il s'agit, en effet, d'une mission historique de la Croix-Rouge », a rappelé le Professeur Jean-Jacques Eledjam.

Le président national échange avec le chef de détention du centre pénitentiaire d'Avignon

Dans une première partie, Delphine Corré, directrice du pôle exclusion du Vaucluse, est revenue notamment sur les actions menées par le centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Saint-François de la Croix-Rouge française qui dispose de places dédiées et mène un accompagnement global auprès des résidents sortants de prison, dans le cadre d'une collaboration efficace avec le SPIP. La seconde partie de la table-ronde était consacrée aux actions bénévoles et aux partenariats possibles, tant avec les établissements Croix-Rouge qu'avec l'externe. Quels sont les besoins des personnes en milieu ouvert - en particulier les personnes qui réalisent des travaux d'intérêt général (TIG) - et quelles actions peut-on développer aujourd'hui ? Qu'en est-il pour les personnes détenues ? Tout en répondant aux questions de la salle, les intervenants ont réalisé un tour d'horizon de l'existant et se sont projetés vers l'avenir. Des bénévoles référents prison-justice ont également profité de l'occasion pour témoigner et partager leur expérience : « La peine de prison est la sanction, nul besoin d'en rajouter par des traitements indignes », constatent-ils. Enfin, à l'heure du départ, le président national a tenu à saluer l'engagement et l'implication des bénévoles et salariés présents ce jour-là. « Même si certaines missions se font parfois dans l'ombre, elles se doivent d'être mises en lumière », a-t-il déclaré.

Par Anne-Lucie Acar

Photos Michel Djaoui