La délégation de Barentin et son chantier d’insertion, situés près de Rouen, a procédé à la collecte de fournitures scolaires auprès des magasins Cultura, comme chaque année depuis cinq ans. Les bénévoles de la Croix-Rouge française locale ont redistribué les dons aux bénéficiaires, en donnant la priorité aux collégiens, dont les besoins sont plus importants et représentent un coût important pour les familles en difficulté. Au cours de cette opération, 205 kg de crayons, gommes, stylos, feuilles et surtout cahiers ont été collectés. Le surplus de fournitures est utilisé pour conduire d'autres activités durant l'année, comme les cours d'apprentissage du français.

Mariata est la première à s'installer dans la salle du centre des associations prêtée par la mairie à la Croix-Rouge française. Chaque année, ses enfants reçoivent des fournitures scolaires dans le cadre du partenariat avec la Fondation Cultura. Cette fidèle « élève » s'empresse de saisir le cahier que lui tend Céline, à l'origine du projet. La coordinatrice de l'atelier pioche dans une grande boîte et distribue stylos et cahiers. En quelques minutes, une douzaine de femmes se mettent autour de la table. C'est le jour des inscriptions pour suivre « l'Atelier d'expression et de vie quotidienne ». Le cours attire majoritairement des femmes. Beaucoup ont des enfants qui bénéficient de la collecte Cultura. L'inscription est déjà l'occasion d'un premier cours.

Car pour remplir la fiche, il faut écrire et déchiffrer les informations demandées. Mariata a toujours le même problème, elle « écrit ses lettres à l'envers », explique Céline qui l'aide en guidant sa main. La coordinatrice est habituée au rituel : « à chaque rentrée c'est la même chose, il faut revoir ce qu'on a étudié au cours de l’année précédente pour dérouiller la pratique. Au bout de quelques jours, c'est reparti ».

Un « cadre » pour sortir de l'isolement

Céline, Sylvie et Magali, toutes trois bénévoles, passent derrière chaque personne pour l’aider. Pour certaines, l'exercice est simple et effectué rapidement. C'est le cas de Nora, qui vient s'inscrire pour la première fois : « j'ai assisté à un cours l'année dernière, ça m'a beaucoup plu alors cette année je saute le pas ». Arrivée du Maroc il y a un an pour rejoindre son mari, elle cherche un emploi et un lieu « où exercer son français et se faire des amies ». Le plus difficile pour elle, c'est d' « être seule toute la journée ». A côté d'elle, Fatma connaît tout le monde. C'est la première à avoir suivi l'atelier il y a dix ans. Ses enfants sont inscrits à un cours d'aide aux devoirs organisés par la Croix-Rouge française. Très motivée, elle instaure naturellement une « dynamique de groupe ». Car plus qu'apprendre à lire et à écrire, cet atelier « est un moyen d'aborder le quotidien des bénéficiaires et de les aider à s'épanouir en étant autonomes », constate la coordinatrice du projet.

Une démarche d'accompagnement durable

Les fournitures sont essentielles pour cet atelier. L'année dernière avec les cahiers issus de l’opération de la Banque scolaire, Céline a fabriqué des répertoires. Chaque nouveau mot appris figure ainsi dans le précieux registre et sera complété cette année. Quant aux cahiers de brouillons, « ils servent aux bénéficiaires pour inscrire tous leurs rendez-vous », explique Céline. Cette année, les stylos, gommes et crayons de couleurs collectés sont distribués aux participantes pour leurs enfants. Le partenariat avec Cultura s'inscrit ainsi dans une démarche d'accompagnement dans la durée. Le but de la collecte ne s’arrête donc pas à un coup de pouce pour la rentrée scolaire mais se poursuit dans un dispositif plus large d'accès à la culture et à l'éducation de l'ensemble des bénéficiaires de la délégation. Et les cibles sont nombreuses. En plus de l’atelier d’apprentissage de la langue, la Croix-Rouge française propose des cours d'aide aux devoirs, des ateliers de loisirs créatifs, de peinture ou d'art plastique, mais aussi des cours pour les enfants hospitalisés ou en situation de handicap.

Béatrice Fainzang