Le 30 octobre 1910, Henry Dunant mourrait à Heiden (Suisse). Aujourd’hui, cette date anniversaire du centenaire de sa mort est l’occasion de rendre hommage à l’homme qui a reçu le premier Prix Nobel de la Paix.

On sait le rôle de pionnier qu’Henry Dunant a joué dans la création du mouvement de la Croix-Rouge et dans l’acceptation par les Etats des principes qui sont à la base du Droit international humanitaire. On connaît moins la part personnelle et décisive qu’il a prise dans la constitution de la Croix-Rouge Française, dont il est le véritable fondateur. Dans les deux années qui suivent la première convention de Genève « pour l’amélioration du sort des militaires blessés », les premières sociétés nationales voient le jour dans les Etats allemands, la Suède, en Norvège, en Suisse… Convaincu du rôle de premier plan que la France, grâce à son influence et son prestige, peut jouer dans le succès de l’entreprise, Henry Dunant multiplie les démarches auprès de Napoléon III et de son entourage, pour susciter la création d’une Société Nationale en France. En décembre 1863, il reçoit une réponse très encourageante de l’Empereur. Dès lors, il lance une convocation à tous ceux qui lui ont offert une oreille attentive dans le but de constituer une Commission provisoire de la Société nationale de secours aux blessés militaires Cette réunion préparatoire a lieu le 25 mai 1864, dans le salon du conseil d’administration de la Compagnie des Chemins de fer Paris-Orléans. Une trentaine de personnalités sont au rendez vous : militaires, industriels, politiques, aristocrates se mêlent sans distinction. On compte déjà parmi eux quatre des onze futurs présidents : le duc de Fezensac, le comte de Goyon, le comte de Flavigny et le marquis de Vogüe. Le maréchal Randon, ministre de la guerre, est présent selon le vœu de Dunant et sur instruction impériale. Il accepte de mauvaise grâce la présidence d’honneur, lui qui voyait dans l’ouvrage de Dunant un « écrit contre la France ». Mais pour Dunant, la société en formation doit avoir des représentants prestigieux et de toutes les opinions, pour une portée plus grande : l’œuvre doit être « internationale, interconfessionnelle, et sans couleur de parti politique ».

Henry Dunant vers la fin de sa vie

Dans son discours d’ouverture, il propose à son auditoire ce qui deviendra la ligne de conduite de la Société française de Secours aux Blessés Militaires : la préparation en temps de paix des secours qui serviront en cas de conflit, l’encouragement à l’invention et au perfectionnement des matériels, les transports et structures de soin pour les blessés, la propagation au plus grand nombre des idées de l’œuvre par des publications. Le comité provisoire français va appliquer à la lettre ces prescriptions. Une assemblée générale a lieu le 11 mars 1865, entérinant la constitution d’un comité central français et ouvrant la voie à la création de comités locaux. Les statuts définitifs seront approuvés lors de sa reconnaissance comme établissement d’utilité publique par le décret impérial du 26 juin 1866. Grâce à une détermination exceptionnelle, Henry Dunant a réussi. Une grande épopée commence dans son sillage. La SSBM comblera ses attentes en assumant largement la tâche pour laquelle elle a été créée, gagnant définitivement ses lettres de noblesse et une reconnaissance officielle.

Histoire : de Solferino à la Croix-Rouge française

1859 : bataille de Solferino 1862 : parution des Souvenirs de Solferino 1863 : création du Comité des Cinq à Genève, futur CICR 1864 : création de la Société de Secours aux Blessés Militaires (25 mai) 1864 : 1ère Convention de Genève 1866 : assemblée générale de constitution 1866 : reconnaissance d’utilité publique 1879 - 1ère scission : création de l’Association des Dames Françaises 1881 - 2ème scission : création de l’Union des Femmes de France 1907 : création du Comité Central de la Croix Rouge française, organe inter-sociétaire 1940 : fusion des 3 sociétés sous la dénomination Croix Rouge Française

Virginie Alauzet