La direction régionale Ouest et la délégation locale de Rennes ont demandé aux étudiants d’une école d’arts appliqués de plancher sur l’optimisation de la vestiboutique de la ville, afin de la rendre plus attrayante. Une expérimentation dont pourraient bénéficier, à terme, l’ensemble des vestiboutiques de la Croix-Rouge sur le territoire.

«Rendre plus attractives les vestiboutiques n’est pas une lubie. C’est un impératif pour mieux défendre la mixité sociale», estime Hervé Lecomte, référent des actions sociales à la délégation locale de Rennes : «Plus une vestiboutique est attrayante, plus les publics qui la fréquentent sont divers et cela évite tout caractère discriminant et stigmatisant». Ainsi, les activités d’accueil et d’écoute, au travers de l’activité textile, permettront de contacter un plus grand nombre de personnes. C’est aussi le moyen de générer davantage de revenus et permettre aux délégations locales de financer leurs actions sociales. Un enjeu d’autant plus important que «les subventions accordées par les collectivités risquent de fondre, sous l’effet conjugué de la crise et de l’état préoccupant des finances publiques», selon Erwan Deveze, responsable du développement et de la qualité à la Direction régionale Ouest.

Designers en herbe

Pour « relooker » la vestiboutique de Rennes, la direction régionale Ouest et la délégation locale de Rennes ont noué un partenariat avec l’école d’arts appliqués, MJM Graphic Design. «S’adresser à une agence n’était à ce stade ni envisageable financièrement, ni souhaitable, précise Erwan Deveze. L’une des dimensions de ce projet était de solliciter un regard neuf, extérieur sur notre activité et s’adresser à des étudiants nous a ainsi semblé tout à fait opportun, notamment à l’heure où la Croix-Rouge peine tant à recruter de nouveaux bénévoles. La Croix-Rouge a plus que jamais aujourd’hui besoin du regard d’autrui pour son développement futur».Au premier semestre 2010, 180 étudiants - infographistes, décorateurs, photographes ou architectes d’intérieur - ont donné libre cours à leur imagination pendant cinq semaines. Pas question de prendre la mission à la légère. Le projet faisait partie de leur évaluation pédagogique avec, à la clé, le passage en année supérieure ou l’obtention du diplôme.

«La qualité des travaux nous a sidérés», s’enthousiasment Hervé Lecomte et Erwan Deveze, qui ont participé aux jurys d’examen. Devanture relookée, logos innovants, affiches publicitaires, flancs de bus accrocheurs, tables d’exposition constituées de palettes, portants à base de tréteaux, etc. Une multitude de propositions colorées a été faite pour améliorer la visibilité et l’attractivité de la vestiboutique de Rennes, non seulement pour les visiteurs mais aussi pour les bénévoles qui, selon Hervé Lecomte, «auront plus de plaisir et de motivation à jouer l’équipe dans une boutique pimpante !»

Consultation nationale

Parmi tous les projets, deux – en infographie, dans un premier temps – vont maintenant être sélectionnés et leurs auteurs appelés à les peaufiner. Ils seront mis en concurrence avec des agences professionnelles de design. «La prochaine étape est d’élargir ce travail d’optimisation aux autres vestiboutiques intéressées. Une réflexion est engagée en ce sens avec le Siège et nous sommes heureux que Rennes ait ici pu jouer le rôle de précurseur», précise Erwan Deveze.Rennes a ainsi vocation à devenir un site pilote sur ce projet. Les autres vestiboutiques (55 dans la région Ouest et 250 en France) pourront alors s’engager sur le même chemin. Rien ne sera imposé : «il s’agit construire collectivement le projet pour être plus efficaces et surtout, in fine, plus utiles socialement», souligne-t-il. Au vu de la qualité des travaux, le responsable du développement pronostique que les responsables et bénévoles des vestiboutiques ne devraient pas être difficiles à convaincre.

Eric Dutheil