Jusqu’au 30 septembre 2012, pendant le Festival Visa pour l’Image de Perpignan, le photographe Claude Cruells a exposé Passage Robert Doisneau une série de 20 portraits intitulée « Le sourire de l’espoir… … Quotidien des mères séropositives de Centrafrique». Cet hommage aux personnes vivant avec le VIH-Sida, prises en charge dans le cadre de projets menés par la Croix-Rouge française, a été réalisé lors d’un reportage en République Centrafricaine, en juin dernier.

A l’entrée du passage, le regard est immédiatement attiré par des sourires de femmes : impossible d’imaginer que le sujet du reportage soit aussi grave que celui des personnes atteintes du VIH-Sida. Comme le souligne Jean-Christophe Combe, directeur de cabinet du Président de la Croix-Rouge française, Jean-François Mattei, « nous sommes très attachés à ce genre d’événement qui met en lumière l’action de la Croix-Rouge française d’une manière différente, avec une approche par l’espoir plutôt que par le misérabilisme. »

La prise en charge des personnes séropositives à travers les Centres de Traitement Ambulatoire (CTA) et la lutte contre le sida sont des problématiques auxquelles la Croix-Rouge française tente de faire face depuis de nombreuses années (cf. encadré ci-dessous). Présente en République centrafricaine depuis 2004, la Croix-Rouge française développe en partenariat constant avec la Croix-Rouge centrafricaine des programmes d’accès à l’eau potable et d’amélioration de la formation paramédicale. Elle agit également dans la lutte contre le VIH-sida en offrant une prise en charge globale à près de 6 000 personnes chaque année.

Photographe humaniste

« Ce qui m’intéresse le plus dans la photo, ce sont les gens, leur vies, avec leurs peurs et leurs joies ; entrer dans leur quotidien, leur environnement, raconter des histoires, et surtout, montrer l’espoir », explique Claude Cruells aux visiteurs. De fait, chaque photo exposée est une histoire en soi: le portrait d’une jeune lycéenne qui organise des rendez-vous « galants » à la sortie de l’école, dans un pays au taux de pauvreté parmi les pires au monde, et où la prostitution clandestine fait rage ; un gamin, orphelin du sida, qui erre dans les rues défoncées d’un bidonville de Bangui, le PK5, en quête d’un peu de nourriture… Le sida reste tabou en République Centrafricaine et beaucoup de femmes refusent de se faire soigner. Venues se faire dépister au CTA, elles ne reviennent jamais chercher leurs résultats, ou bien, si elles sont déclarées séropositives, ne viennent pas s’inscrire et ainsi bénéficier du traitement approprié, par peur d’être abandonnées par leur famille ou leur mari. On les appelle les « perdus de vue ». « J’ai côtoyé de près des personnes démunies, pour qui le CTA et le suivi médical sont le seul espoir d'une vie "comme tout le monde". Mais la maladie est considérée avec une sorte de fatalisme avec lequel on joue, comme à la roulette russe... », raconte le photographe. Autre portrait, autre histoire : une femme séropositive et un bébé sous antirétroviraux (ARV), grâce au procédé de l’allaitement protégé. « Ces traitements sont très efficaces dans la lutte contre la transmission du virus de la mère à l’enfant, mais malheureusement, ils sont encore, plus souvent que les autres, sujets à la rupture (__de stock ?)__».

En République Centrafricaine, la prévention existe : dans les écoles où Claude Cruells s’est rendu, il a été heureusement surpris par le bon niveau des élèves concernant le mode de transmission du sida. Mais si ces jeunes sont sensibilisés, comment savoir s’ils se protégeront ou se soigneront le moment venu ?

Madame Turell, présidente de la délégation départementale de la Croix-Rouge française dans les Pyrénées-Orientales, est très fière de l’organisation de l’exposition dans sa ville. « Chaque année, pendant le festival Visa pour l’Image, les locaux de la délégation de Perpignan du Palais des Corts sont mis à disposition afin d’accueillir des expositions ». Cette année, c’est le photographe Mani, Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge, qui expose son travail sur le conflit en Syrie. Les visiteurs déambulent devant les photos, lisant avec attention les légendes explicatives, et restent parfois de longues minutes devant telle ou telle image. Poignante et criante de vérité.

Constance Decorde