Alors que les forces opérant sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU ont lancé il y a quelques jours l’offensive sur la Libye, plus de 300 000 personnes ont déjà fui les violences, selon le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR).

Peu d’informations précises filtrent. Mais si des centaines de milliers de libyens ont quitté le pays, le HCR s'attend à ce que 1.500 à 2.500 personnes continuent d'en faire autant chaque jour, a indiqué vendredi dernier, Melissa Fleming, porte-parole de l’organisation onusienne.

Dans la zone de Ras Jedir, principal poste frontalier tuniso-libyen, 18.000 personnes – travailleurs immigrés en Libye pour la plupart – sont toujours bloquées dans le camp de transit de Choucha, situé à 7 kilomètres à l’intérieur de la Tunisie, en attendant leur rapatriement. De nombreuses organisations internationales y couvrent actuellement l’essentiel des besoins les plus immédiats et mènent une action conjointe pour finaliser le retour de tous les réfugiés. Sur place, les conditions restent malgré tout difficiles, en raison de températures nocturnes très basses et d’abris peu adaptés.

Dans les jours qui arrivent, les acteurs humanitaires se préparent à tous les cas de figure. « La situation est vraiment étrange », explique Fakhreddine Sraoulia du CroissantRouge tunisien. « Nous devons être prêts au pire scénario, comme l’arrivée de plusieurs milliers de personnes ou un retour aux scènes de chaos que nous avons vues à la frontière, il y a quelques semaines. Mais d’un autre côté, ce n’est peut être pas ce qui va se passer », conclue-t-il.

De fait, pour parer à l’éventualité d’une forte augmentation du nombre d’arrivants, les organisations humanitaires font des réserves de nourriture, de fournitures médicales et d’articles non-alimentaires, dans et aux abords du camp.

Un autre camp, d’une capacité de 2.000 places, a par ailleurs été installé à deux kilomètres de Choucha et commence à se remplir.

Tout récemment, le Croissant-Rouge tunisien, en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et des organisations non-gouvernementales locales, a mené deux distributions d'aide alimentaire de grande ampleur dans le camp de Choucha. A noter que le PAM fournit également des stocks alimentaires au Croissant-Rouge tunisien afin de nourrir quelque 37.000 personnes supplémentaires qui ont traversé la frontière au cours des derniers jours.

Chaos ou accalmie ?

Depuis le début de la crise en Libye et jusqu'au 19 mars dernier, la plupart des quelque 150.000 personnes qui ont fui la Libye par la Tunisie ont transité par le camp de Choucha, alors que 106.537 personnes ont été rapatriées jusqu'à présent, selon des sources officielles tunisiennes. Pour William Lacy Swing, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il s’agit d’ailleurs de « l’une des plus importantes évacuations humanitaires de l’histoire ».

Mais avec la récente intensification des combats, le HCR craint que les personnes qui souhaitent quitter les zones de combat ne puissent pas le faire, soit parce qu'elles n'en n'ont pas les moyens, soit parce qu'elles en sont empêchées.

« En général, on assiste à des mouvements de population avec un nombre important de blessés, de femmes et d'enfants, mais jusqu'à présent, notre personnel aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie a vu très peu de civils », a constaté Melissa Fleming.

La récente avancée des forces du colonel Kadhafi dans l'est du pays, a poussé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à quitter Benghazi le 16 mars, tandis que l'OIM avait déjà suspendu ses opérations dans la ville quelques jours plus tôt.

Koceila Bouhanik