Alors que des inondations dévastatrices frappent la Thaïlande depuis près de trois mois à la suite de pluies diluviennes, la Croix-Rouge thaïlandaise est mobilisée auprès des populations sinistrées.

Entre distribution de vivres et produits de première nécessité, gestion nationale des dons de sang et soutien médical, la Société nationale thaïlandaise tente de couvrir la plus grande partie des besoins de millions de victimes.

Vendredi 4 novembre, QG de la Croix-Rouge thaïlandaise, au cœur de Bangkok

Une ruche bourdonnante. C’est le sentiment qui saisit le visiteur du siège de la Croix-Rouge thaïlandaise, ce jour là. Ce dernier s’étend sur plusieurs hectares et compte quatorze bâtiments, dont le centre national du sang ou la célèbre « ferme aux serpents » - ouverte aux touristes - et son institut de recherches sur le venin.Plus de 8 000 personnes s’affairent au milieu des palettes de denrées alimentaires, des packs d’eau et des piles de cartons. Une chaîne humaine, constituée en grande partie d’étudiants, remplit et charge des sacs dans des camions aux couleurs de l’association. Plus loin, des réservoirs de 1.600 litres, des barques en PVC et des moteurs neufs sont empilés en attendant d’être chargés à leur tour, à quelques mètres d’une cantine en plein air où des volontaires préparent des rations chaudes.

S.E M. Sawanit Kongsiri, assistant-Secrétaire Général de la Société nationale thaïlandaise, explique : « nous avons déployé des cliniques et cantines mobiles dans de nombreuses provinces, là où les besoins sont les plus pressants. Plus de vingt équipes médicales travaillent en rotation, en complément du travail gouvernemental. De plus, nous sommes très attentifs à la qualité des rations distribuées, qui prennent en compte les AJR*1. (…) Par ailleurs, 500 kits de survie sont distribués chaque jour. Ceux-ci contiennent des lampes-torches, des allumettes, des médicaments de base, des aliments déshydratés, des kits d’hygiène, etc.Nous avons également une capacité de production d’eau potable de 80.000 litres par jour, grâce à sept machines réparties dans les provinces où l’eau courante a été contaminée. Enfin, nous avons établi douze centres de distribution de sang, pour autant de provinces. 12.500 unités sont distribuées chaque jour (une personne = une unité, ndlr), mais nous manquons de stocks ». Pour résumer, la mission de la Croix-Rouge thaïlandaise est répartie en cinq domaines d’intervention : travaux d’assistance, distribution de nourriture, assistance médicale, distribution et fourniture d’eau potable et collecte de sang.

Dimanche 6 novembre 2011, distribution dans le quartier de Bang Bua Thong

Tous les jours à 9 heures 30, quatre camions chargés de vivres et de sets de première nécessité attendent le signal du départ depuis le site de la Croix-Rouge thaïlandaise. Ce jour-là, ils vont desservir le quartier de Bang Bua Thong, près de l’aéroport de Don Muang. Au fur et à mesure de la lente progression du camion, le paysage change : autoroutes coupées, voitures accidentées et de l’eau à perte de vue. Dans les quartiers périphériques, la Cité des Anges a revêtu des aspects de ville-fantôme.Dans cette partie de la capitale où l’armée a été déployée, les bus sont bondés. Ils restent le seul moyen de se déplacer, exception faite des quelques propriétaires d’embarcations aussi diverses que des canots gonflables, des pirogues ou des blocs de PVC. Les rares autostoppeurs que l’équipe de la Croix-Rouge récupèrera patientaient depuis plusieurs heures pour la plupart.

Une heure et demie plus tard, le camion et ses vivres atteignent leur destination finale : un immeuble d’habitation au fond d’une soi*4 étroite et noyé sous 80 centimètres d’eau. Là, une cinquantaine de riverains attendent l’arrivée des bénévoles pour décharger les sacs de riz de 50 kilos et les 550 sets préparés plus tôt au QG de la Croix-Rouge. Une petite heure seulement suffira, pendant laquelle tout le monde donnera du sien.Wilasinee, présidente de la communauté d’habitants du quartier - qui regroupe plus de 1.000 personnes - et volontaire à la Croix-Rouge thaïlandaise détaille : « J’ai appelé la Croix-Rouge pour solliciter de l’aide pour les habitants. Au total, il y a sept communautés dans ce quartier mais c’est la première distribution que nous recevons. Les besoins les plus urgents sont bien sûr l’eau et la nourriture, car nous ne pouvons plus nous fournir nulle part, explique-t-elle. L’approvisionnement est coupé et tous les magasins aux alentours sont fermés. Nous avons également besoin d’embarcations à moteur pour nous déplacer et redistribuer les vivres à tout le monde. »Au retour de l’expédition, la dizaine de volontaires garde le silence à l’arrière du camion. Tous ont alors conscience de l’immensité de la tâche qui reste à accomplir, alors que le niveau de l’eau continue de monter...

*Apports Journaliers Recommandés.*Rues ou ruelles adjacentes aux axes principaux.

Koceila BOUHANIK