La Croix-Rouge française décrypte pour vous les quatre premières saisons de l’animé à succès « L’Attaque des Titans » de Hajime Isayama. Nous vous invitons à découvrir les situations vécues par trois protagonistes que nous avons choisies, pour vous permettre de découvrir le droit international humanitaire (DIH).

Le DIH est un ensemble de règles qui, pour des raisons humanitaires, cherchent à limiter les effets des conflits armés. Il protège les personnes qui ne participent pas ou plus aux combats et restreint les moyens et méthodes de guerre. Le DIH est également appelé « droit de la guerre » ou « droit des conflits armés ».

Vous connaissez certainement des fans des Titans ? C’est l’occasion d’entamer une discussion avec eux, pour aborder le droit applicable en temps de guerre et identifier ensemble les violations graves du droit international humanitaire !

Attention, l’Attaque des Titans, c’est à partir de 16 ans et déconseillé aux moins de 15 ans.

Guide d'utilisation

L’objectif pédagogique principal est d’aider les jeunes à partir de 16 ans, à intégrer les principes d’humanité dans leur vie de tous les jours, afin de renforcer :

  • La conscience qu’il est nécessaire de respecter la vie et la dignité humaine, en particulier dans un contexte de violence et de conflit armé ;

  • La compréhension du domaine humanitaire et des divers aspects du DIH, ainsi que de la complexité de l’application de ce droit ;

  • Un intérêt pour les événements de l’actualité, et la capacité d’examiner les situations de conflit, dans leur propre pays ou à l’étranger, selon une perspective humanitaire ;

  • L’engagement au service de la communauté ou dans d’autres activités en faveur des membres les plus vulnérables de la société.

Vous pouvez reprendre cette analyse pour organiser une sensibilisation au DIH dans le cadre d’un cours ou comme activité périscolaire. Le sujet est en effet actuel et digne d’intérêt, quelle que soit l’expérience des conflits armés ou d’autres situations de violence et ce pour plusieurs raisons :

  • De nombreuses régions du monde sont aujourd’hui le théâtre de conflits armés ou d’autres situations de violence, et un nombre toujours plus élevé de jeunes en subissent les effets.

  • Beaucoup de sociétés semblent être de plus en plus sujettes à des formes diverses de violence.

  • Les jeunes, plus que jamais, sont exposés aux images de guerre véhiculées par les médias ainsi qu’à des types de divertissements qui minimisent les effets de la violence.

  • Les États parties aux Conventions de Genève ont pour obligation, en temps de paix comme en temps de guerre, de faire connaître le DIH le plus largement possible.

Faire mieux comprendre les problématiques humanitaires qui se posent en temps de guerre est une composante indispensable des efforts visant à prévenir et limiter, dans l’avenir, les violations du DIH et des droits les plus fondamentaux de la personne.

À partir des affiches que vous pouvez télécharger, vous pouvez poser les questions et proposer de débattre sur les réponses. À travers les réponses, vous pouvez souligner les règles applicables en temps de guerre. L’analyse ci-dessous des personnages, va vous permettre d’animer les débats.

Reiner Braun

Après une misérable enfance passée enfermée au sein du camp de Revelio réservé aux peuples d’Ymir, Reiner Braun candidate pour devenir l'un des Guerriers de l'Empire Mahr, afin d’acquérir la citoyenneté Mahr d’honneur.

Il hérite à l'âge de 10 ans du pouvoir du Titan Cuirassé (japonais : 鎧の巨人, Hepburn : Yoroi no Kyojin). En 845, il infiltre l'Île de Paradis aux côtés de Bertolt Hoover et Annie Leonhart dans le cadre d'une opération de grande envergure visant à débusquer et s'approprier le Titan Originel. Afin d’exécuter sa mission, il enfonça la porte du Mur Maria qui permit aux autres Titans d'envahir la ville tuant et privant des centaines de personnes de leur lieu de vie.

Pendant le chaos, il se fait passer pour un réfugié et infiltre l’île du Paradis. Il s’engagea dans la 104ème Brigade d'entraînement, puis rejoignit le Bataillon d'exploration dans lequel il incarne un soldat courageux et digne de confiance. Ainsi, Reiner Braun est un espion Mahr qui a pour mission de débusquer le Titan originel sur l’île du Paradis, et pour cela il infiltre l’armée adverse pour avoir un maximum de renseignement.

À votre avis, quel est le statut de Reiner au regard du droit international humanitaire ?

Reiner Braun est un espion ! Vous pouvez retrouver la définition de l’espion dans le Code Lieber de 1863, dans la Déclaration de Bruxelles de 1874 et dans le Règlement de La Haye de 1907 !

On peut définir l’espionnage comme le fait de recueillir ou de chercher à recueillir des informations dans un territoire aux mains d’une partie adverse, en agissant clandestinement ou sous de faux prétextes. La définition inclut les combattants vêtus d’habits civils ou portant l’uniforme de l’adversaire, mais exclut les combattants qui recueillent des informations en portant leur propre uniforme ! Cette définition est codifiée dans le Protocole additionnel I de 1977. Elle figure dans un nombre considérable de manuels militaires !

Sur ce point, il n’y a pas de doute, Reiner Braun a développé une toute autre identité. Il a été capable de cacher sa véritable identité pendant quatre ans ! Et cela même, après avoir subi un entraînement intensif durant trois années au camp de jeunes recrues, au cours duquel il finit par être promu soldat et termina second de sa promotion. Il incarnait auprès des autres la figure du soldat parfait inspirant le respect grâce à ses excellentes compétences et son sens du devoir.

Est-ce que Reiner peut recueillir ainsi des informations ? Est-ce licite au regard du droit international humanitaire ?

La réponse est oui ! L’emploi des moyens nécessaires pour se procurer des renseignements sur l’ennemi et sur le terrain est considéré comme licite. Ces renseignements peuvent bien souvent être obtenus par un agent secret…

L’espionnage n’est pas incompatible avec les lois de la guerre ! Ni les Conventions de Genève ni le Règlement de La Haye ne limitent les moyens qui permettent d’obtenir l’information nécessaire. L’article 24 du Règlement de La Haye déclare que « l’emploi des moyens nécessaires pour se procurer des renseignements sur l’ennemi et sur le terrain sont considérés comme licites ».

Cependant, si Reiner se fait démasquer et capturer, alors qu’il se livre à des activités d’espionnage, il n’aura pas le droit au statut de prisonnier de guerre. Attention, il ne peut pas être condamné ou jugé sans procès préalable !

Reiner est extrêmement habile, mais il va finir par se faire démasquer, après quatre ans d’infiltration en ayant côtoyé quotidiennement ses ennemis. C’est au moment où il est acculé, qu’il révèle à Eren sa véritable identité ainsi que celle de Bertholt, notamment à cause de son trouble de la personnalité. Cette révélation va avoir pour conséquence sa fuite vers l’Empire Mahr…

Reiner respecte-t-il le droit international humanitaire ?

En enfonçant la porte du mur Maria, afin de récolter des informations dans le cadre de sa mission d’espionnage, Reiner commet un acte contraire au droit international humanitaire. On peut même le qualifier « d’acte terroriste ». Il sema la terreur, tua plus d’une centaine de personnes et condamna une autre centaine à l'exil !

Le DIH ne contient pas de définition du terrorisme, mais il interdit la plupart des actes commis durant un conflit armé qui seraient communément considérés comme des actes « terroristes ». Conformément à l'un des principes fondamentaux du DIH, les parties à un conflit armé doivent en tout temps opérer une distinction entre les civils et les combattants, ainsi qu'entre les biens de caractère civil et les objectifs militaires. Reiner a délibérément bafoué le principe de « distinction » qui est la pierre angulaire du DIH. De nombreuses règles de DIH spécifiquement destinées à protéger les civils – comme l'interdiction des attaques délibérées ou directes contre les civils et les biens de caractère civil, l'interdiction des attaques sans discrimination ou l'interdiction d'employer des « boucliers humains » – découlent de ce principe. Le DIH interdit aussi la prise d'otages.

Reiner commet plusieurs violations graves du DIH, faisant de lui un criminel de guerre, qui aurait fait l’objet de poursuites internationales.

Que pensez-vous des troubles de la personnalité de Reiner ?

Plusieurs scènes de l’animé illustrent les TSPT ! C’est-à-dire le stress post traumatique et les troubles de la personnalité auxquels est confronté Reiner.

Après s’être engagé à seulement 10 ans dans les forces armées Mahr, Reiner n’a vécu que pour sa mission. Dans ce cadre, il a vu ses amis mourir au combat et a également commis des actes inhumains. Cette détresse psychologique est éminemment le signe de la présence d’une névrose de guerre sévère aussi appelée la « maladie du soldat ». Elle est généralement accompagnée d’un fort sentiment de culpabilité, de l’anxiété, des dépressions qui peuvent aller jusqu’au suicide.

L’une des scènes les plus marquantes dépeint l’origine du trouble de la personnalité et la perte de mémoire de Reiner (épisode 15 de la saison 3 à 1min52 - 6min14). On y voit Reiner sacrifié Marco, après qu’il ait découvert sa véritable identité, en le laissant se faire manger par un Titan. Cette scène monstrueuse déclencha chez Reiner un traumatisme tel, qu’il en oublia qu’il est le seul responsable de sa mort !

Son trouble de la personnalité est également montré dans les épisodes 6 (11min06-12min59) et 9 de la saison 2 (10min46 - 13min54). Dans l’épisode 6, Reiner va d'ailleurs révéler sa véritable identité à Eren ne maîtrisant plus sa pensée…

Souvenez-vous, dans l’épisode 9, on distingue clairement les pertes de mémoires et le trouble de la personnalité de Reiner. Il va d’abord se présenter en tant que soldat Eldien à Eren, puis va mentionner leur mission réalisée avec le bataillon d’exploration. Pourtant, dans les scènes antérieures Reiner a kidnappé Eren ! Bertolt finit par reprendre Reiner afin qu’il se souvienne de leur mission :

Bertolt : “Reiner tu n’es pas un soldat, souviens-toi. Nous sommes des guerriers, toi et moi.” 

Reiner se remémore les flashbacks où Marco se fait dévorer par sa faute.

Reiner : “Oui, c’est vrai, j’oubliais...” 

Enfin, ses TSPT s’accompagnent d’une grande culpabilité : celle d’être revenu seul à Mahr en laissant derrière lui ses compagnons mourir. De cette névrose découle une dépression sévère et une tentative de suicide (épisode 3 saison 4 - 18min57 - 19min50).

Les guerres ne meurtrissent pas seulement le corps des soldats, elles laissent également des séquelles moins visibles. Au front, ces hommes et femmes côtoient la violence et la mort au quotidien. Ils endurent des choses innommables, c’est pourquoi des milliers d’entre eux développent des troubles psychiatriques et des blessures psychiques. Les Troubles du Stress Post-Traumatique (TSPT) ont longtemps été dissimulés par les autorités et reniés par la sphère publique, car les soldats étaient dépeints comme des êtres solides, virils et courageux.

Il a fallu la révélation du post-Vietnam syndrome chez les GI’s ayant participé à la guerre du Vietnam dans la période 1964-1973, pour que, dans les années 1980, la névrose traumatique soit redécouverte sous le nom de « post traumatic stress disorder », dans la nouvelle nosographie psychiatrique américaine [American Psychiatric Association, 1980]. En France, ce n’est qu’en 1992 que le terme « blessé psychique » est apparu. 

Eren Jäger

Eren Jäger est le protagoniste principal du manga. Il possède les pouvoirs des Titans Assaillant et Originel par hérédité paternel. Il a vécu dans le District de Shiganshina avec ses parents et Mikasa Ackerman jusqu'à la chute du Mur Maria, causé par Reiner Braun et Bertolt Hoover. Au cours de l'incident, Eren assiste, impuissant, à la mort de sa mère par la main d'un Titan.

Cet événement suscite chez Eren une haine intense et un désir de vengeance envers les Titans, ce dernier voulant les éradiquer jusqu'au dernier. En 847, Eren s'enrôle dans la 104ème Brigade d'entraînement, dans laquelle se trouve Reiner. Puis, il rejoint le Bataillon d’exploration après la Bataille de Trost. Après avoir découvert la vérité sur le Monde Extérieur et les Titans, Eren promet alors de libérer les habitants des trois Murs de leur véritable ennemi !

Que pensez-vous du comportement d’Eren ? A-t-il réellement le droit d’avoir recours aux représailles ?

Souvenez-vous, après avoir infiltré la ville de Revelio pendant un an, Eren révèle sa véritable identité en se transformant en titan, lors de la déclaration de guerre du continent. Il déclencha une bataille opposant une nouvelle fois les forces de Mahr à celle de Paradis. Après ces représailles, il s’enfuit grâce à ses alliés sur leur territoire.

Dans les cas où elles ne sont pas interdites par le droit international, les représailles sont soumises à des conditions très strictes. On entend par représailles un acte qui, dans d’autres circonstances, serait illégal, mais qui, dans des cas exceptionnels, est considéré légitime en droit international. C’est le cas, lorsque les représailles sont accomplies pour faire respecter le droit en réaction à des actes illicites de l’adversaire.

Retenons que la tendance, en droit international humanitaire, est à l’exclusion totale des représailles ! Ainsi, les représailles contre des personnes protégées par les Conventions de Genève sont interdites ! Les représailles contre des biens protégés par les Conventions de Genève et par la Convention de La Haye pour la protection des biens culturels sont interdites ! Et enfin, les États ne peuvent pas encourager les parties à un conflit armé à commettre des violations du droit international humanitaire. Ils doivent dans la mesure du possible exercer leur influence pour faire cesser les violations du droit international humanitaire !

La réticence des États de recourir aux représailles peut s’expliquer par le fait qu’elles sont inefficaces en tant que moyen de faire respecter le droit, en particulier parce qu’elles risquent de conduire à une escalade de violations. Eren par ses représailles illustrent bien cette escalade de la violence. Bien souvent, les représailles ont tendance à être employées comme prétexte pour recourir à des méthodes illégales de combat, et font courir le risque de l’escalade, par la succession des représailles et contre-représailles ».

Quel est l’âge d’Eren ? Pensez-vous qu’il est responsable de ses actes ?

La vie d’Eren dans l’animé se déroule sur la période de 10 à 19 ans, ce qui n’est pas sans conséquence au regard du DIH. Un dialogue illustre parfaitement la situation complexe d’Eren à l’épisode 5 de la saison 4 (18min37 - 21min50), lorsque Reiner l’interpelle sur ses actes et sa soif de vengeance :

Reiner : « Je me souviens que tu as dit que tu ferais tout pour nous infliger la mort la plus atroce possible. C’est pour ça que tu es là ?

Eren : « Ah bon ? J’ai dit ça, moi ? (Étonnement de Reiner). Tu peux oublier. Il fut un temps, il n’y avait que des ennemis au-delà de la mer, pour moi. Mais j’ai traversé les flots, vécu sous le même toit que ces ennemis et partagé leur table. On est pareils, toi et moi, Reiner. Vous avez votre lot d’ordures, bien sûr, mais aussi des gens bien. Au-delà de la mer, ou dans les murs, c’est la même chose. Mais on vous a appris que les habitants des murs étaient des démons. On vous l’a enfoncé dans le crâne depuis votre plus tendre enfance. Qu’est-ce que tu aurais pu faire contre ça, à ton âge ? J’imagine ce que ça a dû être pour toi, Reiner...C’est horriblement dur, pas vrai?

La méthode visant à recruter et enrôler des enfants dans l’Attaque des Titans est l’une des caractéristiques de l’animé. Eren est engagé dans le bataillon d’Exploration à l’âge de 15 ans. Or, il est important et nécessaire de rappeler que les enfants ne doivent pas être recrutés dans des forces armées ni dans des groupes armés !

Les Protocoles additionnels I et II de 1977, interdisent de recruter des enfants. Cette interdiction figure aussi dans la Convention relative aux droits de l’enfant, dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant ainsi que dans la Convention sur les pires formes de travail des enfants. Selon le Statut de la Cour Pénale Internationale, « le fait de procéder à la conscription ou à l’enrôlement d’enfants » dans des forces ou des groupes armés constitue un crime de guerre dans les conflits armés. Plusieurs manuels militaires interdisent de recruter des enfants. Le recrutement d’enfants est aussi interdit par la législation nationale de nombreux États !

Retenons que les enfants ne doivent pas être recrutés dans des forces armées ni dans des groupes armés ! Les enfants touchés par les conflits armés ont droit à un respect et à une protection particulière !

Les cas allégués de pratiques de recrutement d’enfants ont la plupart du temps été condamnés par les États et les organisations internationales, par exemple au Burundi, au Libéria, au Myanmar, en Ouganda et en République démocratique du Congo.

Bien qu’à ce jour, la pratique ne soit pas uniforme en ce qui concerne l’âge minimal de recrutement, il y a consensus sur le fait que cet âge ne doit pas être inférieur à 15 ans. En outre, le Protocole additionnel I comme la Convention relative aux droits de l’enfant exigent que lorsque sont incorporées des personnes de plus de 15 ans mais de moins de 18 ans, la priorité soit donnée aux plus âgées !

En acceptant la Convention relative aux droits de l’enfant, la Colombie, l’Espagne, les Pays-Bas et l’Uruguay ont indiqué qu’ils désapprouvaient la limite d’âge de 15 ans définie par la Convention pour l’enrôlement dans les forces armées, et qu’ils préféraient fixer cette limite à 18 ans. Lors de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en 1999, l’Afrique du Sud, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Guinée, l’Islande, le Mexique, le Mozambique, la Norvège, la Suède, la Suisse, la Thaïlande et l’Uruguay se sont exprimés pour une interdiction à partir de 18 ans. Lors de cette même conférence, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a déclaré qu’il poursuivrait ses efforts, pour promouvoir le principe de non-recrutement des enfants de moins de 18 ans.

En vertu du Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, les États doivent veiller à ce que les personnes âgées de moins de 18 ans ne fassent pas l’objet d’un enrôlement obligatoire dans leurs forces armées, tandis que les groupes armés qui sont distincts des forces armées d’un État ne doivent en aucune circonstance enrôler des personnes de moins de 18 ans.

La situation d’Eren est complexe au regard du droit et en ce qui concerne sa responsabilité pénale. Si Eren doit se retrouver un jour devant la Cour Pénale Internationale, la Cour ne serait pas compétente à l’égard d’une personne qui était âgée de moins de 18 ans au moment de la commission prétendue d’un crime. L’article 26 du Statut de la Cour Pénale Internationale, laisse aux juridictions nationales la tâche de juger les mineurs. Devant les juridictions nationales, les enfants-soldats présumés responsables de crimes de droit international seront jugés comme d’autres enfants en conflit avec la loi.

En règle générale, le droit international n’estime pas que la procédure judiciaire soit la meilleure solution pour le traitement des enfants suspectés, accusés ou convaincus d’infraction à la loi pénale. Des procédures extrajudiciaires, telles que des programmes communautaires, notamment de surveillance et d’orientation temporaires, peuvent mieux répondre à l’impératif de l’intérêt supérieur de l’enfant, même dans le cas des délits les plus graves.

Pouvez-vous identifier les violations du droit international humanitaire commises par Eren ?

Il y a quatre ans, l’offensive Mahr a tué des centaines de civils, privant les habitants d’une partie de leurs ressources naturelles et lieux de vie. Les actes de représailles d’Eren ont conduit à la destruction de la flotte, base navale de l’État-Major Mahr. Cependant, lors de cette attaque Eren n’a pas appliqué le principe de distinction et a massacré des civils. Il aurait dû faire la distinction entre civils et combattants. Les attaques ne peuvent être dirigées que contre des combattants.

Les attaques ne doivent pas être dirigées contre des civils ! Il ne respecte pas le principe de proportionnalité dans l’attaque. En effet, il est interdit de lancer des attaques dont on peut attendre qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil, ou une combinaison de ces pertes et dommages, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.

Reprenons le dialogue entre Jean et Fock (deux soldats du bataillon d'exploration) dans l’épisode 6 saison 4 : 15min32 - 16min07

Jean : « Vous comptez raser le camp ou quoi ? Limitez autant que possible les pertes civiles ! Compris, Frock ?

Je ne vois que des ennemis et leurs abris, moi ! T’as oublié combien des nôtres sont morts des mains de ces enflures ? Morts dévorées vifs ! Ils vont nous le payer ! (Frock)

Encore cette rengaine ? (Jean)

Regarde. Eren nous montre qu’il faut nous battre ! Pas question d’attendre la mort enfermés dans les murs. On a besoin de ce démon ! (Frock) » 

Épisode 6 saison 4 - 16min08- 16min25

Mikasa : « Eren...Est-ce que tu as conscience de ce que tu as fait ? Tu as décimé d'innombrables innocents et civils. Tu as massacré des enfants. » 

Armin Arlelt

Armin Arlelt est un soldat d'élite Eldien du Bataillon d'exploration. Bien qu'il semble être parmi les plus faibles physiquement de la 104ème Brigade d'entraînement, son intelligence et son génie stratégique font de lui un atout inestimable. Armin a toujours fait preuve d’une grande humanité et sensibilité qui l’ont souvent torturé dans ses choix. Paradoxalement, il hérite du Titan le plus destructeur aussi connu sous le nom de Titan Colossal. 

Armin avec son titan colossal respecte-t-il le droit international humanitaire ?

Lorsqu’Armin se transforme en titan colossal, il déclenche une énorme explosion d'énergie anéantissant par le feu, tout autour de lui. Dès lors, Armin peut tuer des centaines de civiles, s’il n’est pas en mesure de mettre en application le principe de distinction avant d’attaquer. Ce principe de distinction est au cœur des dispositions relatives à la conduite des hostilités. En effet, toute opération militaire conduite sans discrimination est interdite, et les parties au conflit doivent en tout temps faire une distinction entre les objectifs militaires légitimes, d'une part, et la population civile et les biens de caractère civil, d'autre part.

En DIH, les parties doivent tout mettre en œuvre pour maintenir la plus grande distance possible entre les cibles militaires et les centres de population civile. S'il est admis que lors d'opérations contre des objectifs militaires, des pertes civiles sont parfois inévitables, les parties au conflit doivent impérativement prendre toutes les mesures possibles pour réduire au minimum les pertes en vies humaines dans la population civile, les blessures aux personnes civiles et les dommages aux biens de caractère civil. Si l'on peut craindre qu'une attaque cause des dommages civils excessifs par rapport à l'avantage militaire concret et direct attendu, celle-ci doit être annulée ou interrompue, en vertu du principe de proportionnalité. Le fait de prendre délibérément des civils pour cible constitue un crime de guerre !

Or, ce scénario s’est déroulé au moment de l'attaque du Bataillon d'exploration sur la ville de Revelio. En se transformant en titan colossal pour détruire la flotte maritime Mahr, Armin déclencha une énorme explosion d'énergie détruisant les cuirassés venant en renfort et provoqua des vents violents qui atteignirent le cœur de la ville.

Les civils et l’environnement alentour furent complètement anéantis. Ainsi, cette attaque est interdite par le DIH, puisqu’elle :

  • Ne respecte pas le principe de distinction entre civils et combattants et entre les biens civils et militaires;

  • Terrorise la population civile et détruit certains de ses moyens de survie;

  • Cause des dommages durables à l'environnement naturel.

Pensez-vous que Armin devrait s’abstenir de participer au combat, au regard des règles applicables par le DIH?

Le DIH n’interdit pas spécifiquement l’utilisation des Titans dans les conflits ! Néanmoins, ses principes généraux imposent des restrictions quant à l’emploi et à la manière dont les moyens et méthodes de guerre sont utilisés dans le conflit armé. C’est le Protocole additionnel I de 1977 qui régit ses règles et principes : 

  • Interdiction des attaques dirigées contre les civils ou les biens de caractère civil ; 

  • Interdiction des attaques sans discrimination ; 

  • Principe de la proportionnalité dans l’attaque ; 

  • Règle relative à la protection de l’environnement naturel ;

  • Obligation de prendre toutes les précautions « pratiquement possibles » dans l’attaque.

Les dispositions juridiques relatives au choix des armes constituent une part importante du droit régissant la conduite des hostilités. Au titre du DIH, ce choix n'est en effet pas illimité ! Plusieurs traités internationaux proscrivent l'emploi de certains types d'armes, notamment les armes chimiques et biologiques, les armes à laser aveuglantes et les mines antipersonnel. Plus récemment, la Convention sur les armes à sous-munitions, adoptée en 2008, est venue compléter cette série de traités. Et puis surtout, les effets du titan colossal, peuvent nous rappeler l’impact de l’usage de l’arme nucléaire.

Rappelez-vous, dans l’épisode 7 saison 4 partie 1 –(10min50) : La transformation d’Armin en titan colossal déclenchant une explosion avec un souffle puissant détruisant la flotte maritime et une partie de la ville côtière de Mahr. On assiste au désastre causé par la transformation d’Armin en titan et sa désolation quand il prend conscience des massacres qu’il vient de commettre auprès des civils et notamment des enfants. “Voilà donc quel était ta perspective Bertolt”, cette réplique illustre le désarroi d’Armin face à la situation. Armin est abattu face à un tel massacre et ne ressent aucune haine envers le peuple Mahr, juste de la tristesse. Il se demande quand la guerre et ses massacres prendront fin ?

Certains extraits de l’animé font référence aux souffrances abominables du gaz toxique sur les soldats de la Première Guerre mondiale. Ces armes ont tellement effrayé le monde que les armes chimiques ont été interdites sept ans seulement après la fin de la Grande Guerre. Mais lors du conflit mondial qui a suivi, c'est une arme plus aveugle et plus inhumaine encore qui a été déployée. Les explosions nucléaires ont décimé deux villes japonaises ; tout avait été « comme balayé par une force surnaturelle », écrira le Dr. Marcel Junod, après s'être rendu à Hiroshima pour le Comité international de la Croix-Rouge.

Le médecin n'a pas tardé à conclure que, comme les gaz toxiques après la Première Guerre mondiale, les armes nucléaires devaient être purement et simplement interdites. « Seule une politique unifiée du monde peut le sauver de la destruction », écrira-t-il. On estimait en 1950 que ces deux bombes avaient fait 340 000 morts. Il a fallu attendre le 22 janvier 2021, le jour où le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires  (TIAN) entre en vigueur.

Pensez-vous que Armin, devrait refuser les ordres au regard de l’impact de son titan colossal ?

Eh bien oui et c’est même une obligation ! Armin a le devoir de désobéir à un ordre qui est manifestement illégal ! Malgré son immense désarroi, il a commis un acte contraire au DIH, car il n’est pas en capacité de mener des attaques dans le respect des règles relatives à la conduite des hostilités. Il devrait ne pas participer au combat, car sa puissance n’est pas proportionnée à l’objectif visé et ne peut être réellement contrôlée !

Cette règle découle du devoir de respecter le droit international humanitaire, et elle constitue aussi un corollaire de la règle selon laquelle le fait d’obéir à un ordre d’un supérieur hiérarchique ne saurait excuser un crime de guerre lorsque le subordonné aurait dû savoir que l’acte ordonné était illégal. Armin a tout à fait conscience de l’impact de son titan colossal sur les civils…

Cette pratique, associée au fait que Armin agit en qualité de subordonné qui commet un crime de guerre en exécutant un ordre manifestement illégal, il ne pourra invoquer cet ordre pour sa défense et demeure coupable de ce crime ! Il y avait un devoir de désobéir à un tel ordre !