Tribune de Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française, publiée sur le site du quotidien Le Monde le 1er décembre 2023

Alors que des otages ont retrouvé la liberté, d’autres demeurent captifs ou introuvables. Pendant que des familles se réunissent, d'autres enterrent leurs morts. Le soulagement de ces derniers jours a été à la hauteur de notre désarroi depuis plus d’un mois. Ces avancées, alors que le cessez-le-feu a pris fin ce matin, ont peut-être ouvert une nouvelle page dans le conflit armé au Proche-Orient. A condition, avant toute chose, que les acteurs humanitaires puissent poursuivre leurs missions.

Depuis le 7 octobre, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge met tout en œuvre pour défendre l’humain. Notre Mouvement n’a pas d’armes, ni de soldats. Il ne fait aucune distinction entre les victimes. Il ne peut ni tordre le bras, ni imposer sa volonté. Son rôle n’est pas de négocier un cessez-le-feu ou la libération des otages.

Le mandat du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), gravé dans le marbre des conventions de Genève, est de fournir assistance aux victimes de conflits armés, d’accéder aux personnes détenues et de défendre le droit international humanitaire. Il exhorte donc sans relâche les acteurs à respecter leurs engagements en leur rappelant qu’il est obligatoire de protéger les civils et de libérer les otages.

Ces actions se déroulent souvent loin des projecteurs. En vertu de notre neutralité, nous nous abstenons de prendre publiquement parti. C’est ce qui nous permet d’obtenir la confiance des acteurs et d’accéder aux zones de conflits depuis 160 ans. Cette neutralité, dans un monde polarisé, est parfois difficile à comprendre. Mais ne nous trompons pas de cible. Elle constitue un mode d’action indispensable, parmi d’autres, pour alléger les souffrances en temps de guerre.

Aujourd’hui, ce sont ces emblèmes neutres qui permettent tant au Magen David Adom israelien qu’au Croissant-Rouge égyptien ou palestinien de panser les plaies et de sauver des vies. C’est ce mandat qui permet au Comité international de la Croix-Rouge d’accomplir ses diverses missions, dont le transfert des otages en lieu sûr.

Alors que les combats reprennent, les acquis de ces derniers jours doivent maintenant permettre de rendre visite aux otages encore détenus, de veiller sur leur état de santé et de rassurer leurs proches. Ils doivent permettre de poursuivre l’acheminement d’une aide indispensable aux populations de Gaza, et à terme d’instaurer une trêve durable.

Par dessus tout, ils doivent ouvrir la voie de l'humanité, touchée au plus profond d’elle-même depuis le 7 octobre.

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