Interview René Lelong, directeur du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Valenciennes

René Lelong travaille au Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Valenciennes depuis 1999 et en est le directeur depuis 2003. Dispositif d’hébergement à destination d’un public en situation de précarité, le CHRS se doit d’être une étape vers un logement « pérenne ». Interview.

Pouvez-vous présenter le CHRS de Valenciennes en quelques mots ?

Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Valenc0iennes, dont une partie a été intégralement réhabilitée en 2013, compte aujourd’hui 72 places. Logements « regroupés » ou « diffus », unités « abstinence » ou « famille », il est organisé pour répondre aux plus près des besoins du territoire. Ainsi, nous recevons des femmes, des hommes et des familles. Fonctionnant en lien direct avec le 115, il accueille les résidents pour des durées allant de trois mois à deux ans (maximum), dans un cadre où tout est fait pour favoriser l’autonomie.

Quelles sont les principales missions de l’équipe du CHRS ?

En lien direct avec notre priorité – « le logement d’abord » -, nos missions sont les suivantes : remise à jour des données administratives (carte d’identité, sécurité sociale, couverture maladie universelle…) ; réalisation d’un bilan de santé et accès aux soins ; initiation des démarches de formation et de recherche d’emploi ; et, enfin, accompagnement pour « l’après », quand le parcours vers le logement est bien entamé. Des entretiens individuels sont donc régulièrement au programme, et il y a parfois d’autres sujets à aborder, comme des problématiques bancaires par exemple. Quand cela va bien sur plusieurs fronts, on peut reloger (vers le logement social) rapidement.

Dans ce contexte, quel est le rôle du directeur d’établissement ?

Le directeur est en quelque sorte le grand manager, celui qui doit coordonner les services et animer l’équipe, composée d’une vingtaine de personnes. Vie de l’établissement, bien-être des hébergés et des salariés, projet, budget, liens avec les partenaires (115, hôpital de Saint Amand, services pénitentiaires, etc.), obligations légales… J’ai la responsabilité du bon fonctionnement du CHRS, à l’intérieur et en adéquation avec notre environnement. De plus en plus, nous essayons d’ouvrir les portes de l’établissement au voisinage : cela peut aider à casser la mauvaise image du « marginal »…

Quel est le public accueilli au CHRS de Valenciennes ?

Nous recevons relativement peu d’étrangers – l’Etat ayant mis en place des dispositifs spécifiques (CADA, etc.) – mais avons comme philosophie d’accueillir sans condition. Personnes en rupture sociale, en rupture d’hébergement, sans-domicile fixe, sortants de prison… Personnes venant de vivre un conflit familial, une séparation, une perte d’emploi, une dépendance… Le cycle « perte d’emploi – alcool – rupture – vie dans la voiture » est malheureusement très fréquent. Ces dernières années, grâce à la réhabilitation, nous pouvons accueillir de nouveaux publics : des jeunes et des femmes notamment. D’ailleurs, la mixité (entre 30 et 40% des résidents sont des femmes) apporte un bon équilibre au sein de l’établissement : nous pouvons proposer des activités communes, ils cuisinent ensemble, font davantage attention à eux…

Avez-vous des exemples d’activités proposées ?

En lien direct avec la santé et le bien-être, des activités yoga sont accessibles à tous : en effet, on connait les vertus de cette pratique en cas de stress ou de grosse déprime ! Nous proposons également des ateliers « cuisine », avec une animatrice bénévole et une diététicienne : les participants peuvent découvrir des recettes simples, équilibrées et bon-marché, qu’ils referont ensuite dans leur espace cuisine. Enfin, les résidents ont l’occasion de participer à des actions de solidarité ponctuelle avec les bénévoles de la délégation locale de Valenciennes.

Propos recueillis par Anne-Lucie Acar

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