La santé mentale a longtemps été taboue : le sujet était bien peu médiatisé, et l’on se confiait peu sur la question. Mais les temps changent : sur les réseaux sociaux, les jeunes générations en parlent plus ouvertement. La fiction fait elle aussi la part belle aux questions de santé mentale : de HP à En thérapie, en passant par Mental, les séries françaises se penchent sur le sujet. Cependant, la forte augmentation des troubles psychiques pendant la pandémie a mis le système de soins sous forte tension.

Entre mars 2020 et mars 2021, le nombre de cas de dépression en France a plus que doublé, au point d’évoquer une « vague psychologique », miroir des vagues épidémiques. Face à cette hausse des troubles, comment peut-on améliorer concrètement la prise en charge en santé mentale ?

La santé mentale, qu’est-ce que c’est ?

L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté ». Dans son parcours de vie, tout le monde peut développer des troubles psychiques, comme l’anxiété, la dépression ou les troubles bipolaires, qui l’empêchent de bien fonctionner au quotidien. Selon leur prise en charge, ils peuvent être plus ou moins sévères, et leur durée peut également varier.

Les troubles psychiques sont...

... fréquents

1 personne sur 5 est touchée chaque année par un trouble psychique, ce qui représente 13 millions de Français. Bien qu’ils soient très fréquents, les troubles psychiques sont trop souvent stigmatisés, ce qui empêche certaines personnes de se soigner.

... compliqués à diagnostiquer

Il s’écoule en moyenne entre 8 et 10 ans entre les premiers symptômes et le dépistage des troubles. Pourquoi ? Les troubles évoluent et se manifestent parfois très différemment d’une personne à l’autre.

... pris en charge de façon inégale

Selon l’endroit où elles habitent, les personnes n’ont pas accès de la même façon aux soins. En effet, certains départements concentrent un grand nombre de structures, alors que d’autres en ont beaucoup moins. En Lozère, on compte ainsi 14 structures pour 100000 habitants, mais dans le Territoire de Belfort, pour 100000 habitants, il n’y en a qu’une ! D’autre part, les délais de prise en charge sont souvent très longs.

Comment améliorer leur prise en charge ?

Les maladies mentales sont des maladies comme les autres ; pourtant, c’est encore loin d’être une évidence !

C’est à cette problématique que répond l’approche intégrée, qui est une nouvelle manière de prendre en charge les troubles psychiques. Cette méthode propose de s’appuyer sur les médecins généralistes pour soigner les troubles fréquents. En France, les médecins généralistes sont souvent les premiers interlocuteurs sur ces sujets, et leur rôle est donc crucial. Plusieurs pays l’ont déjà compris : la Nouvelle-Zélande a renforcé la formation des médecins généralistes sur ces enjeux, et les Pays-Bas ont créé le métier de « professionnel de santé mentale en médecine générale ». L’enjeu est de faire le lien entre les soins de santé mentale et d’autres acteurs de la vie quotidienne, comme les entreprises, les

associations, le milieu scolaire et universitaire, les établissements hospitaliers et les centres de santé. Le partage d’informations entre les différents acteurs améliore le parcours de soins et favorise le rétablissement, car les troubles mentaux ont souvent des répercussions sur la vie de tous les jours. C’est également une manière de lutter contre la stigmatisation des troubles.

Enfin, cette approche valorise la sensibilisation d’un public élargi aux souffrances psychiques et aux façons d’y répondre. Il existe par exemple une formation, nommée « PSSM » (premiers secours en santé mentale), qui permettrait de diffuser ces savoirs au plus grand nombre.

Et demain ?

L’essor de la médecine prédictive et les innovations liées à l’intelligence artificielle vont-ils transformer la prise en charge en santé mentale ? Les réseaux sociaux ont déjà pris des mesures innovantes : sur Snapchat, le mot « anxiété » dirige vers « Chill Pill », une série de courtes vidéos produites par l’application Stop, Breathe & Think pour « réduire l’anxiété ». Prévenir les troubles psychiques avant même qu’ils apparaissent, ce ne sera peut-être bientôt plus de la science-fiction !

Extrait de notre magazine “Inventer demain”

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