Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le secourisme se cantonne à l'enseignement des premiers soins et des gestes d'hygiène, à destination des scouts, des gendarmes, et des membres d'associations diverses sur tout le territoire...

En 1929, face à l'augmentation du nombre d'automobiles et d'accidents sur les routes, l'Union Nationale des Associations de Tourisme demande à la Croix-Rouge de former ses membres (restaurateurs, aubergistes, pompistes …) aux premiers soins. Les infirmières des comités locaux sont chargées de l'enseignement et du contrôle du matériel des postes de secours installés le long des routes. Cette convention sera reconduite en 1949, date à laquelle la Croix-Rouge crée aussi ses propres équipes de secourisme routier.

La seconde guerre mondiale révèle à la Croix-Rouge la nécessité de créer en son sein de véritables équipes, formées par elle. Ainsi, en 1941, un groupe de médecins Croix-Rouge lance une formation au secourisme en prévision des risques inhérents à la guerre fortement inspirée des cours d'hygiènes jusqu'alors donnés aux scouts, et dispensée dans des lycées parisiens pour attirer de jeunes recrues. C'est en 1942 que sont donc constituées les premières Equipes d'Urgence avec les secouristes ainsi formés, et à raison : en mars les équipiers interviennent pour la première fois lors du bombardement de Boulogne. Dés lors, ils entrent dans le réseau de la Défense passive pour la protection des populations civiles. Leur mission : participer aux évacuations, dégager les blessés, donner les premiers soins, participer à la reconnaissance des corps. Au moment de la Libération, 60000 secouristes diplômés assurent un service permanent. Durant la guerre, 280 équipiers perdront la vie en cours de mission, 15 seront fusillés.

Ce n'est qu'en 1949 que le Ministère de la Santé Publique définit la notion de « secours d'urgence ». Au sein de l'association, les acteurs sont regroupés au sein des Equipes Croix-Rouge de Secourisme. Elle est désormais officiellement habilitée à intervenir auprès des pouvoirs publics en cas de calamité. Le cadre d'action des équipes est défini : les 20 000 secouristes interviennent aussi bien en cas d'accident que dans l'aide aux personnes isolées ou démunies.

Dés lors, forte de son expérience et de ses innovations, la Croix-Rouge va inspirer l'Etat. Elle sera de toutes les réflexions concernant l'organisation de la protection et la sécurité des populations civiles, à commencer par le plan ORSEC en 1952. Aujourd'hui encore, la règlementation du secourisme à la Croix-Rouge inspire les autorités, qui s'appuient qui s'appuient sur l'expérience de l'association pour mettre en place en 2006 le RNDPS (Référentiel National relatif aux Dispositifs Prévisionnels de Secours). Elle est enfin membre de l'Observatoire National du Secourisme créé en octobre 1997.

En matière de formation, lorsque le gouvernement crée en 1952 le Brevet de Brancardier-secouriste, il prend pour exemple le certificat qui sanctionne la formation du secouriste Croix-Rouge depuis 1941. Il procèdera de la même façon en 1964 pour le Brevet d'Etat de Moniteur de Secourisme. Pour entrainer et maintenir une bonne pratique chez ses équipiers, ses exercices et manœuvres avec le réseau de protection civile (pompiers, gendarmes…) sont organisés plusieurs fois par an dans chaque département. Cet esprit d'équipe et surtout de solidarité sont pour l'association un véritable atout : en 1972, la Croix-Rouge remet son 1 000 000ème brevet de secourisme.Par ailleurs, la formation du grand public aux gestes de premiers secours est dés l'origine une grande préoccupation. La formation au secourisme est bien sûr accessible à tous, mais pour réellement attirer et sensibiliser un très large public, la Croix-Rouge crée en 1966 le principe des « gestes qui sauvent », enseignement court encore prodigué aujourd'hui. Elle développe aussi dés les années 1950 de grandes démonstrations publiques. Depuis 2000, sur l'initiative de la Croix-Rouge française, une Journée Mondiale des Premiers Secours est organisée chaque année par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge pour sensibiliser le public à l'importance des premiers secours.Enfin, l'association s'attache à proposer des formations au secourisme en milieu professionnel, à commencer par les usines en 1958. Elle trouvera même un écho favorable à son initiative de formation en milieu carcéral pour la première fois à Melun en 1964.

Les années 1990 se posent comme la décennie du changement en matière d'approche de la formation. On dissocie mieux désormais les formations à destination du grand public de celles destinées aux secouristes actifs, tous passaient jusqu'alors le BNS.Au grand public est toujours proposée, ou une la formation aux Gestes d'urgences devenue Initiation aux Premiers Secours, la formation de base au secourisme, sanctionnée par le B N PS (Brevet national de Premiers Secours), qui deviendra en 1991 AFPS (Attestation de Formation aux Premiers Secours) et enfin PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) en 2007.

Pour être un équipier complet, le secouriste actif, en plus de sa formation de base au secourisme (BNS puis AFPS), se spécialisait en réanimation et en secourisme routier.. Réadaptées, elles sont devenues en 1991 AFCPSAM (Attestation de formation complémentaire aux premiers secours avec matériel), CFAPSE (Certificat de formation aux premiers secours en équipe) et AFUDSA (Attestation de formation à l'utilisation du DSA), puis en 2007 formations de Premier Secours en Equipe (PSE 1 et 2). La formation de Chef d'intervention (spécificité de la Croix-Rouge française), a été mise en place au plan national au sein de notre association en 1989, elle est obligatoire pour toutes les personnes qui dirigent au plan opérationnel une équipe secouriste. .

Enfin, la Croix-Rouge française, initiatrice du développement du secourisme au sein du Mouvement dés les années 1950, a la responsabilité depuis 2002 du CEREPS (Centre Européen de Référence pour l'Education aux Premiers Secours) créé par la FICR en 1996.

En 90 ans, les formations au secourisme se sont systématiquement adaptées aux besoins des populations, en terme technique et pédagogique, selon l'évolution aussi des progrès médicaux et de la modernisation des matériels. Aujourd'hui, la formation du secouriste est à la Croix-Rouge celle d'un véritable professionnel de l'urgence, apte à faire face à toute situation requérant son intervention, dans un cadre règlementaire de fait toujours plus complexe et en constante évolution.

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