Porter secours se limite-t-il seulement au corps et au geste technique ? Les premiers secours psychologiques (dits PSP) sont d’une importance capitale, parfois même vitale, pour limiter les traumatismes psychiques en situation d’urgence. Être formé à ces premiers secours, c’est devenir le gardien de la santé mentale de son prochain. Alors, comment aider une personne en cas de fracture… émotionnelle ? Réponses avec Justine, formatrice flambant neuve en PSP.

Pour sauver une vie ou aider une personne blessée, vous connaissez très certainement la fameuse PLS (position latérale de sécurité), vous avez sans doute déjà entendu parler du massage cardiaque, ou de l’utilité d’un garrot. Mais savez-vous seulement comment vous comporter face à une personne en détresse, dont le traumatisme n’est pas forcément physique, mais bien psychologique ?

Longtemps, la santé mentale est restée dans l’angle mort du secours à la personne, associant l’urgence au danger physique, à l’accident corporel, mais rarement au malaise de l’âme. Il existe cependant “des stratégies abordables, efficaces et réalisables pour promouvoir, protéger et rétablir la santé mentale”, rappelle l’OMS, dans l’un de ses récents rapports sur la question.

Nous sommes, à la Croix-Rouge, convaincus de l’accessibilité et de l’importance de ces premiers secours psychologiques. Notre formation aux PSP apparaît d’ailleurs comme véritablement complémentaire à celle des gestes qui sauvent. Car l’écoute et la parole sauvent aussi. Rassurer l’autre, ne pas le juger, l’orienter, se taire parfois et se protéger soi-même sont tant d’attitudes que compte bien vous apprendre notre nouvelle formation sur le sujet. Justine, formatrice, nous en dit plus sur la nécessité d’être sensibilisé à la prise en charge des personnes en état de choc. Interview.

A quoi servent les premiers secours psychologiques, exactement ?

La formation PSP est une continuité de ce qu’on peut avoir dans les initiations et formations des parcours d’intégration que suivent normalement tous les bénévoles. Cela reprend en effet les bases de ces formations, mais en allant plus loin, notamment dans l’écoute.

Pour les bénévoles, ce sont des clés supplémentaires pour être “dans l’aide”, pour être au contact des personnes accompagnées par notre association. On va apprendre ce que c’est que l’écoute active, quels en sont les fondements et comment on peut accompagner une personne sur le plan psychologique après une situation d’urgence.

Dans quelles circonstances ces premiers secours psychologiques sont-ils utiles ?

Ils possèdent une pertinence toute particulière dans le cadre de catastrophes, dans toutes les missions d'urgence, par exemple au sein des centres d’hébergement d’urgence. Mais en réalité, cela peut être profitable à de nombreuses autres actions ou situations, ne serait-ce que dans une maraude, où on peut être amené à rencontrer une personne qui a besoin de premiers secours psychologiques.

La formation permet, dans un instant T, de pouvoir identifier les signes inquiétants chez une personne. C’est-à-dire d’être capable de déceler si cette dernière est en train de traverser un événement potentiellement traumatisant.

Ces personnes identifiées comme étant en détresse sont-elles suivies par la suite ?

Il y a un “avant” avec la formation, un “pendant” avec l’écoute active en mission et un “après” avec tout ce qui va être orientation de la personne. Cette orientation peut être interne à la Croix-Rouge ou bien avec des dispositifs externes. La fin des PSP ne doit pas être brutale, et doit permettre à la personne de savoir où aller, autant physiquement que psychologiquement.

Cette alliance entre le soin physique et le soin psychologique semble essentielle, mais la formation, elle n’est pas obligatoire pour nos bénévoles…

Oui, c’est en plus même si en réalité l’ensemble des bénévoles font déjà du soutien psychologique au quotidien. Le but là, c’est d’en faire une formation automatique, mais pas obligatoire, pour avoir de nombreux bénévoles sensibilisés sur ce sujet. Cependant, il y a des personnes qui ne se sentent pas forcément prêtes à avoir ce rôle, le but est de pouvoir déléguer à une personne qui a eu cette formation, en maraude ou sur une catastrophe naturelle, par exemple. Cela est véritablement utile, parce que quand on devient bénévole, on a souvent l’envie d’apprendre à être dans une posture d’aide, d’écoute, de soutien. Les PSP permettent de savoir comment aider les autres, mais aussi de savoir comment se protéger soi-même de l’autre, de ce qu’il nous confie. On apprend à se connaître et à connaître nos limites, aussi.