Dans les premières semaines qui ont suivi le séisme, 2 dispensaires ont été déployés à Port-au-Prince (communes de Pétion- Ville et Delmas 19). Deux équipes médicales haïtiennes (médecins, infirmières, personnes ayant des qualifications médicales ou de premiers secours), supervisées par un médecin délégué Croix-Rouge française.

Ils ont prodigué des soins de santé primaire aux victimes : d’abord des blessures lourdes, puis des pathologies plus ordinaires liées à la promiscuité dans les camps et aux conditions sanitaires (diarrhées, maladies de peau, infections respiratoires, etc.). Entre 100 et 200 patients sont venus consulter chaque jour, soit un total de 20 000 consultations effectuées. En complément, 2 à 3 cliniques mobiles, gérées par des équipes de réponses aux urgences (ERU) de la Croix-Rouge française et coordonnées par la Fédération internationale, se sont rendues pendant quatre mois sur une vingtaine de sites, dans et autour de Port-au-Prince, pour apporter des soins primaires à l’ensemble de la population. Ces mêmes équipes ERU ont joué un rôle de premier plan dans la campagne de vaccination nationale lancée par le ministère de la Santé haïtien. 152 000 personnes ont été vaccinées contre la rougeole et la rubéole, la diphtérie et le tétanos. Adossées au dispensaire de Pétion-Ville, des activités quotidiennes de soutien psychosocial, destinées aux enfants en priorité, ont été menées par des volontaires de la Croix-Rouge haïtienne, formés au préalable par la Croix-Rouge française. En moyenne, 500 enfants ont pu bénéficier chaque jour de ce programme innovant, dont le but était de les aider à retrouver des repères, à évacuer leurs traumatismes, à se reconstruire. L’activité de soutien psychologique reste une nécessité absolue et va continuer notamment dans les 8 dispensaires que nous soutenons à Port-au-Prince et à Petit-Goâve. Elle est désormais étendue aux adultes, via des groupes de parole. Suivant les recommandations du ministère de la Santé, nous allons renforcer les capacités de 8 centres de santé à Port-au-Prince, 3 à Petit-Goâve, ainsi qu’un poste de secours de la Croix-Rouge haïtienne. Nous allons réhabiliter ces structures et les appuyer à tous les niveaux : ressources matérielles, équipements, formations des personnels, gestion, etc. Ce projet, sur 24 mois, a pour but de les rendre à nouveau autonomes et opérationnelles. La Croix-Rouge française s’est par ailleurs engagée à réhabiliter une partie de l’hôpital Ofatma de Port-au- Prince pour y ouvrir une unité de physiothérapie destinée notamment à la rééducation des personnes amputées. Ce projet découle d’une mission d’évaluation effectuée par le centre Croix-Rouge française de rééducation et de réadaptation des Massues de Lyon. Lors de sa visite en Haïti, début juillet (Voir le diaporama dans la colonne de droite), le président de l'association Jean-François Mattei, a signé la convention validant ce projet.

LES ENFANTS PLEURENT MOINS QUE LES ADULTES

Témoignage de LINDA, psychologue haïtienne, équipe de soutien psychologique de la Croix-Rouge française et haïtienne Deux fois par semaine, Linda rejoint l’équipe de soutien psychosocial installée sur la Place Saint-Pierre et les 400 enfants accueillis chaque jour. Elle supervise et conseille les volontaires, veille surtout sur les enfants qui, durant quelques heures, profitent d’un espace sécurisé et peuvent s’exprimer à travers des activités ludiques : dessin, sport, jeux… « Les enfants dessinent des maisons qui s’effondrent, des femmes qui pleurent. Ces dessins montrent à quel point ils sont touchés. Mais les enfants pleurent moins que les adultes », explique Linda. « Certains enfants oublieront, d’autres n’oublieront jamais… ».

Propos recueillis par Laetitia Martin, déléguée info Croix-Rouge française en Haïti (4 février 2010)

À lire dans le même dossier