Le premier objectif, c’est la lutte contre les exclusions et la volonté de placer l’insertion professionnelle au cœur de ce combat.

Crée en 2011 par décision du conseil d’administration de la Croix-Rouge française, l’association Croix-Rouge Insertion permet chaque année à des centaines de personnes en difficulté de retrouver le chemin de l’emploi. Entretien avec Pierre Benard, son président.

Quels sont les objectifs poursuivis par Croix-Rouge Insertion ?

Pierre Benard : Le premier objectif, c’est la lutte contre les exclusions et la volonté de placer l’insertion professionnelle au cœur de ce combat. Notre mission, c’est de permettre à des personnes en difficulté (bénéficiaires du RSA, chômeurs de longue durée, etc.) de retrouver le chemin de l’emploi. Cela inclut pour elles d’acquérir de nouvelles compétences, de reprendre confiance, de renouer avec l’esprit d’équipe… A nous de les accompagner et de les encadrer au mieux. En 2017, nous avons embauché 660 personnes en CDD - CDI* dans nos 12 établissements ; 50% d’entre elles ont décroché ensuite un CDI, un CDD d’au moins 6 mois ou une formation.

Quelles sont les différentes activités de vos 12 établissements et comment fonctionnent-ils ?

P.B. : Nos activités portent aussi bien sur le maraîchage bio, l’entretien d’espaces naturels et d’espaces verts, la logistique, la recyclerie, la transition énergétique… La plupart sont des chantiers d’insertion mais nous créons de plus en plus d’entreprises d’insertion dont le statut impose que 70% du chiffre d’affaires soit issu des activités économiques de la structure (c’est 30% pour les chantiers). Cela va dans le sens de notre modèle économique : notre association, qui est une filiale à 100% de la Croix-Rouge française, doit s’autofinancer, ce qui est le cas aujourd’hui. A noter qu’au départ, les établissements n’étaient pas connus au sein du réseau de le Croix-Rouge française, aujourd’hui nous sommes dans une phase de rapprochement avec les autres entités de la Croix-Rouge. C’est le cas par exemple d’Appro 77, implanté à Melun, un établissement spécialisé dans l’économie circulaire qui a été mis en place en étroite collaboration avec la délégation départementale de Seine et Marne.

Quels sont vos axes de développement ?

P.B. : En 2018, nous avons plusieurs projets de création d’établissement dont certains sont proches d’aboutir. C’est le cas à Dieppe par exemple et c’est une demande de l’unité locale qui a besoin de développer son activité de recyclerie. D’une façon générale, nous sommes très regardant par rapport à la stabilité financière de l’association d’où la volonté de lancer davantage d’entreprises d’insertion pour nous permettre d’innover. Aussi, nous abordons une réflexion avec d’autres acteurs de la CRf sur les actions à mener pour des jeunes issus de la protection de l’enfance afin de contribuer à leur insertion dans la vie professionnelle. Nous allons lancer l’expérimentation d’un  tiers-lieu en Occitanie mêlant recyclerie, jardins partagés, accueil… Nous voulons également accroître les partenariats avec des entreprises privées – nous sommes par exemple en discussion avec Circolab qui réunit les grands acteurs du bâtiment pour récupérer les matériaux des chantiers afin de les réemployer recyclés – mais aussi développer de plus étroites collaborations avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire dont bien évidemment le réseau Croix-Rouge lui-même.

*CDD d’insertion dont la durée est comprise entre 4 et 24 mois maximum pour 20 heures de travail hebdomadaire.

Signature: Propos recueillis par Anne Dhoquois