Reprise du programme Croix-Rouge Française en Irak
Le 14 avril dernier, face à la montée de l'insécurité, la Croix-Rouge Française se trouvait contrainte de fermer provisoirement son antenne à Amman (Jordanie), à partir de laquelle elle intervenait en Irak. Après une période d'évaluation de la situation, qui s'est révélée concluante, elle a décidé de réactiver le programme à partir du 4 mai.
Le programme eau et assainissement lancé par la Croix-Rouge Française en mai 2003 touche les populations urbaines et rurales dans un rayon d'environ 100 km autour de Bagdad. Yacine Gaba, délégué pour l'Irak depuis novembre 2003, pilote le programme depuis Amman, où l'antenne a été délocalisée pour plus de sécurité. " Je suis en contact permanent, par téléphone et e-mail, avec l'équipe irakienne basée sur le terrain à Bagdad. Nous avons quatre ingénieurs, du personnel d'accompagnement et trois techniciens présents ponctuellement. Des points réguliers sont organisés à la fois en Irak et au bureau régional d'Amman ", explique Yacine. Une phase de trois mois a d'abord été nécessaire pour préparer le volet technique de l'opération : visites, évaluation, élaboration d'un cahier des charges, négociations pour obtenir les autorisations officielles de la direction générale de l'eau. Les travaux de réhabilitation ont commencé.
Quelle était la situation avant l'intervention de la Croix-Rouge ?
"Les conflits qu'a subis le pays, les mouvements de population, la période d'embargo, l'appauvrissement qui en résulte, tout cela explique la déliquescence des systèmes de traitement d'eau. Les campagnes sont les plus touchées : non raccordées aux grosses stations de Bagdad, elles disposent de petites unités de traitement, non entretenues, notamment par manque d'approvisionnement en produits chimiques. Quand malgré tout, les pompes à eau fonctionnent encore, le système de traitement ne marche plus. La plupart du temps, les Irakiens sont réduits à acheter une pompe et puiser directement l'eau dans la rivière. Or, comme il n'y a pas de tout à l'égout en Irak, les eaux usées sont rejetées dans la rivière, ce qui explique son taux extrême de pollution. Vous comprendrez donc l'urgence de la situation et la nécessité d'agir ", raconte Yacine Gaba. Mais il y a trois semaines, le pays a connu une recrudescence des attaques contre les étrangers. Selon Yacine, l'arrêt momentané du programme était donc préférable : "Sur le terrain, l'insécurité, auparavant localisée, a commencé à s'élargir à la zone de Bagdad. En tant qu'humanitaires, nous devenions des cibles privilégiées. Nous avions des problèmes pour nous déplacer. Il valait mieux prendre du recul face à l'évolution de la situation et évaluer les risques avant de reprendre le projet. Toutes les ONG ont d'ailleurs suspendu momentanément leurs actions en Irak ", rappelle Yacine. Aujourd'hui, face à une situation urgente et prioritaire, l'équipe de la Croix-Rouge Française est prête à reprendre son activité, pour rétablir la distribution d'eau potable dans le pays et aider la population irakienne au quotidien. Tant que les conditions de sécurité le permettent.
M. Gustin